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Thème

Citations sur l'histoire

On a fait un grand pas en avant lorsqu’on a fini par inculquer…

« On a fait un grand pas en avant lorsqu’on a fini par incul­quer aux grandes masses (aux esprits plats qui ont la diges­tion rapide) ce sen­ti­ment qu’il est défen­du de tou­cher à tout, qu’il y a des évè­ne­ments sacrés où elles n’ont accès qu’en ôtant leurs sou­liers et aux­quels il ne leur est pas per­mis de tou­cher avec des mains impures, — c’est peut-être le point le plus éle­vé d’humanité qu’ils peuvent atteindre. Au contraire, rien n’est aus­si répu­gnant, chez les êtres soi-disant culti­vés, chez les sec­ta­teurs des idées modernes”, que leur manque de pudeur, leur inso­lence fami­lière de l’œil et de la main qui les porte à tou­cher à tout, à goû­ter de tout et à tâter de tout ; et il se peut qu’aujourd’hui, dans le peuple, sur­tout chez les pay­sans, il y ait plus de noblesse rela­tive du goût, plus de sen­ti­ment de res­pect, que dans ce demi-monde des esprits qui lisent les jour­naux, chez les gens culti­vés. »

Frie­drich Nietzsche
Par-delà le bien et le mal – Pré­lude d’une phi­lo­so­phie de l’a­ve­nir (Jen­seits von Gut und Böse – Vor­spiel einer Phi­lo­so­phie der Zukunft), 1886, trad. Patrick Wot­ling, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2000

Quand des hommes combattent sur un plan supérieur…

« Quand des hommes com­battent sur un plan supé­rieur, spi­ri­tuel, ils intègrent la mort dans leur stra­té­gie. Ils acquièrent quelque chose d’invulnérable ; la pen­sée que l’adversaire veut leur des­truc­tion phy­sique n’est, par consé­quent, plus effrayante pour eux. […] Il y a des moments dans l’histoire où des hommes sai­sissent la mort comme un bâton de com­man­de­ment. Dans le pro­cès des Tem­pliers, par exemple, où le Grand Maître de l’Ordre montre sou­dai­ne­ment le vrai rap­port entre lui et les juges — ain­si un navire laisse tom­ber son camou­flage et s’offre, avec ses pavillons et ses canons, au regard stu­pé­fait. Le soir même, il fut brû­lé vif, mais on pos­ta des gardes, dès cette nuit, à l’endroit du bûcher pour empê­cher le peuple d’y venir cher­cher des reliques. La pous­sière elle-même fait peur aux tyrans ; elle aus­si doit disparaître. »

Ernst Jün­ger
Pre­mier jour­nal pari­sien (in Strah­lun­gen), 1949, édi­tions Le Livre de poche, 1998

Il est aisé de discerner les continuités qui donnent au monde européen son identité…

« Il est aisé de dis­cer­ner les conti­nui­tés qui, dans la longue durée, donnent au monde euro­péen son iden­ti­té, de l’Antiquité anté­rieure au chris­tia­nisme puis à la moder­ni­té qui s’en est pro­gres­si­ve­ment éloi­gnée. L’héritage du chris­tia­nisme demeure, dans tous les cas, essen­tiel dans la construc­tion de notre civi­li­sa­tion, quels que soient les dénis de réa­li­té aux­quels nous avons été confron­tés quand les ins­pi­ra­teurs de la cala­mi­teuse Europe de Bruxelles ont refu­sé haut et fort de recon­naître les racines chré­tiennes pour­tant indis­cu­tables de notre civi­li­sa­tion. Le chris­tia­nisme est deve­nu, à par­tir de la fin de l’Antiquité, et pour les quinze siècles qui ont sui­vi, la reli­gion de l’Europe et a lar­ge­ment déter­mi­né les dif­fé­rents aspects sociaux, poli­tiques cultu­rels de sa civilisation. »

Phi­lippe Conrad
Dis­cer­ner les conti­nui­tés qui donnent au monde euro­péen son iden­ti­té, entre­tien au site Le Rouge & Le Noir, 20 avril 2015

Le mystère de l’Histoire est un mystère aristocratique…

« Le mys­tère de l’Histoire est un mys­tère aris­to­cra­tique. Il s’accomplit par la mino­ri­té. Celle-ci porte l’esprit de l’universel, lequel est un esprit aris­to­cra­tique. L’esprit de la majo­ri­té, celui de la démo­cra­tie est pro­vin­cial et par­ti­cu­la­riste. Dans l’Histoire, ce sont les mino­ri­tés et l’aristocratie qui dirigent. Se rebel­ler contre leur direc­tion, c’est por­ter atteinte aux mys­tères de l’Histoire. Vous ne réus­si­rez pas à détruire la dis­sem­blance onto­lo­gique des âmes, à effa­cer la dif­fé­rence entre les intel­li­gents et les sots, les doués et les inca­pables, les nobles et les vils, les beaux et les informes, ceux qui ont la grâce et ceux qui ne la portent pas. »

Nico­las Berdiaev
De l’inégalité, Édi­tions L’Âge d’homme, 2008

De grands efforts ont été faits pour briser le fil du temps…

« De grands efforts ont été faits pour bri­ser le fil du temps et sa cohé­rence, pour inter­dire aux Euro­péens de retrou­ver dans leurs ancêtres leur propre image, pour leur déro­ber leur pas­sé et faire en sorte qu’il leur devienne étran­ger. De tels efforts ont des pré­cé­dents. Du Haut Moyen Âge à la Renais­sance, de nom­breux siècles ont été sou­mis à une abla­tion de la mémoire et à une réécri­ture totale de l’histoire. En dépit des efforts déployés, cette entre­prise a fina­le­ment échoué. Celle, pure­ment néga­tive, conduite depuis la deuxième par­tie du XXe siècle, dure­ra beau­coup moins. Venant d’horizons inat­ten­dus, les résis­tances sont nom­breuses. Comme dans le conte de la Belle au bois dor­mant, la mémoire endor­mie se réveille­ra. Elle se réveille­ra sous l’ardeur de l’amour que nous lui porterons. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Quand nous opposons au monde moderne le monde antique…

« Quand nous oppo­sons au monde moderne le monde antique, ou tra­di­tion­nel, cette oppo­si­tion est en même temps idéale. Le carac­tère de tem­po­ra­li­té et d’« his­to­ri­ci­té » ne cor­res­pond en effet, essen­tiel­le­ment, qu’à un seul de ces deux termes, tan­dis que l’autre, celui qui se rap­porte à l’ensemble des civi­li­sa­tions de type tra­di­tion­nel, se carac­té­rise par la sen­sa­tion de ce qui est au-delà du temps, c’est-à-dire par un contact avec la réa­li­té méta­phy­sique qui confère à l’expérience du temps une forme très dif­fé­rente, « mytho­lo­gique », faite de rythme et d’espace, plus que de temps chro­no­lo­gique. À titre de rési­dus dégé­né­res­cents, des traces de cette forme qua­li­ta­ti­ve­ment diverse de l’expérience du temps sub­sistent encore chez cer­taines popu­la­tions dites « pri­mi­tives ». Avoir per­du ce contact, s’être dis­sous dans le mirage d’un pur et simple flux, d’une pure et simple « fuite en avant », d’une ten­dance qui repousse tou­jours plus loin son but, d’un pro­ces­sus qui ne peut et ne veut plus s’apaiser en aucune pos­ses­sion, et qui se consume en tout et pour tout, en termes d’« his­toire » et de « deve­nir » — c’est là une des carac­té­ris­tiques fon­da­men­tales du monde moderne, la limite qui sépare deux époques, et donc, non seule­ment, du point de vue his­to­rique, mais aus­si, et sur­tout, en un sens idéal, mor­pho­lo­gique et méta­phy­sique. »

Julius Evo­la
Révolte contre le monde moderne (Rivol­ta contro il mon­do moder­no), 1934

Libéralisme, puis démocratie, puis socialisme, puis radicalisme…

« Libé­ra­lisme, puis démo­cra­tie, puis socia­lisme, puis radi­ca­lisme, enfin com­mu­nisme et bol­che­visme ne sont appa­rus dans l’histoire que comme des degrés d’un même mal, des stades dont cha­cun pré­pare le sui­vant dans l’ensemble d’un pro­ces­sus de chute. Et le com­men­ce­ment de ce pro­ces­sus fut le moment où l’homme occi­den­tal bri­sa les liens avec la tra­di­tion, mécon­nut tout sym­bole supé­rieur d’autorité et de sou­ve­rai­ne­té, reven­di­qua pour lui-même en tant qu’individu une liber­té vaine et illu­soire, devint atome au lieu de res­ter par­tie consciente dans l’unité orga­nique et hié­rar­chique d’un tout. Et l’atome, à la fin, devait trou­ver contre lui la masse des autres atomes, des autres indi­vi­dus, et devait être impli­qué dans l’émergence du règne de la quan­ti­té, du pur nombre, des masses maté­ria­listes et n’ayant d’autre Dieu que l’économie sou­ve­raine. Dans ce pro­ces­sus, on ne s’arrête pas à mi-chemin. »

Julius Evo­la
Orien­ta­tions (Orien­ta­men­ti), 1950, trad. Phi­lippe Baillet, édi­tions Par­dès, 2011

Je ne puis que répéter mon conseil…

« Je ne puis que répé­ter mon conseil de tenir un cahier de sou­ve­nirs, ne serait-ce qu’une suite de mots repères qui ser­vi­ront plus tard. Ain­si se conser­ve­ront des notes pré­cieuses dont nos petits-enfants tire­ront encore par­ti, car eux seuls pour­ront recon­naître dans les évé­ne­ments cette ligne de des­tin, insai­sis­sable pour nous et qui se mani­fes­te­ra dans l’ave­nir, à une époque où nos pas­sions d’au­jourd’­hui n’au­ront plus qu’une por­tée his­to­rique. Ain­si s’é­ta­bli­ra une série de petites mono­gra­phies sus­cep­tibles de main­te­nir dans les familles une tra­di­tion, c’est-à-dire la com­pré­hen­sion des des­ti­nées d’un pays. »

Ernst Jün­ger
Le Boque­teau 125 (Das Wäld­chen 125), 1925, trad. Julien Her­vier, Chris­tian Bour­gois édi­teur, 2000

L’essentiel d’un destin que résuma aux Thermopyles…

« L’essentiel d’un des­tin que résu­ma aux Ther­mo­pyles l’épitaphe de Simo­nide : obéir à une loi. Il est admis en Grèce que Lacé­dé­mone repré­sente par excel­lence cette chose toute grecque, igno­rée du reste du monde orien­tal et qui fonde non seule­ment la cité, mais la science et la phi­lo­so­phie : le règne de la loi, et, plus encore, l’héroï­sa­tion de la loi. La loi oppose un être abs­trait, ration­nel et fixe à la domi­na­tion per­son­nelle et arbi­traire d’un homme. C’est ce que dans Héro­dote Déma­rate apprend à Xerxès : « La loi est pour eux un maître abso­lu ; ils la redoutent beau­coup plus que tes sujets ne te craignent. Ils obéissent à ses ordres, et ses ordres, tou­jours les mêmes, leur défendent la fuite. » Cette figure vivante de la loi qu’on aper­çoit au pied du Tay­gète donne à Sparte, dans l’hellénisme reli­gieux et calme du temps des guerres médiques, une pres­tige, une auto­ri­té, un pri­mat ana­logues à ceux que reçoivent Delphes de la Pythie, et Olym­pie de l’Altis. Être sou­mis à la loi c’est durer par elle, selon elle, et Sparte c’est la chose qui dure.
Thu­cy­dide attri­bue le secret de sa puis­sance à ce fait que depuis quatre cent ans elle est régie par la même consti­tu­tion. Repré­sen­tants de la loi les Spar­tiates sont pour­tant les enne­mis de la tyran­nie, et c’est en inter­ve­nant dans les villes contre les tyrans qu’ils s’habituent à inter­ve­nir dans les affaires des cités. Seuls d’ailleurs par­mi les Grecs ils ont conser­vé l’ancienne royau­té homé­rique, en la divi­sant pour lui enle­ver sa force d’agression inté­rieure et de tyran­nie. Toutes les magis­tra­tures, héré­di­taires ou col­lec­tives res­tant col­lé­giales, l’un réside vrai­ment dans la loi, et dans la loi seule. »

Albert Thi­bau­det
La cam­pagne avec Thu­cy­dide, 1922

Ceux qui avaient interprété la démocratie individualiste issue des Lumières…

« Ceux qui avaient inter­pré­té la démo­cra­tie indi­vi­dua­liste issue des Lumières comme une déca­dence, semblent sou­vent jus­ti­fiés aujourd’­hui. Elle est bel et bien entrée elle-même en déca­dence par rap­port à ses propres valeurs et à ses ambi­tions. Son sys­tème de socia­bi­li­té qui n’a jamais bien fonc­tion­né en Europe est en plein déra­page, sur­tout en France, lieu de sa fon­da­tion. La répu­blique contrac­tuelle une et indi­vi­sible implose sous nos yeux. Dans sa luci­di­té, Ray­mond Aron, pour­tant libé­ral convain­cu, l’avait pres­sen­ti au terme de ses Mémoires (Jul­liard, 1983) : « Sans adop­ter l’interprétation spen­glé­rienne selon laquelle la civi­li­sa­tion urbaine, uti­li­taire, démo­cra­tique marque en tant que telle une phase de déca­dence des cultures, il est légi­time de se deman­der, […] si l’épanouissement des liber­tés, le plu­ra­lisme des convic­tions, l’hédonisme indi­vi­dua­liste ne mettent pas en péril la cohé­rence des socié­tés et leur capa­ci­té d’action. »
De cette noci­vi­té, la plus grande par­tie du monde euro­péen était convain­cue avant 1914. Mais ce qui don­nait de la force au rejet de l’idéologie des Lumières et de 1789, c’est que ce monde euro­péen des monar­chies et de l’ancien ordre féo­dal réno­vé était aus­si le plus effi­cace, le plus moderne et le plus com­pé­ti­tif sur le ter­rain éco­no­mique, social et cultu­rel. Ce fait oublié, il convient de le rap­pe­ler. D’a­bord parce que c’est une réa­li­té his­to­rique et à ce titre méri­tant d’être connue. Ensuite, parce que cette réa­li­té per­met de prendre du champ par rap­port à l’illusion d’optique que les vic­toires répé­tées des États-Unis ont impo­sé depuis la fin du XXe siècle. Illu­sion qui fait prendre le phé­no­mène par­ti­cu­lier et contin­gent de la socié­té amé­ri­caine pour une néces­si­té uni­ver­selle. Cette sédui­sante chi­mère s’est ins­tal­lée d’autant plus aisé­ment que dans nos socié­tés les esprits ont été for­més depuis long­temps par l’imprégnation incons­ciente de la vul­gate mar­xiste à une inter­pré­ta­tion déter­mi­niste et fina­liste de l’histoire où le suc­cès momen­ta­né vaut preuve. »

Domi­nique Venner
Le Siècle de 1914 : Uto­pies, guerres et révo­lu­tions en Europe au XXe siècle, édi­tions Pyg­ma­lion, coll. His­toire, 2006

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