« L’objectif d’une religion et, par suite, d’une morale, n’est pas de rendre les hommes bons, mais vertueux. »
Valerio Benedetti
Nicolas Machiavel. Le patriote aux vertus romaines, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Longue Mémoire, 2024
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« L’objectif d’une religion et, par suite, d’une morale, n’est pas de rendre les hommes bons, mais vertueux. »
Valerio Benedetti
Nicolas Machiavel. Le patriote aux vertus romaines, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Longue Mémoire, 2024
« L’art chrétien, dès le premier jour de son existence, portait en lui-même un germe vivace et indestructible de paganisme. Ce germe ne s’est épanoui dans toute sa richesse qu’au souffle de Raphaël ; néanmoins l’éclosion en avait été préparée par un travail tantôt lent et souterrain, tantôt prompt et manifeste, mais pendant douze siècles jamais interrompu. L’auteur des Trois Grâces, de Galatée et de Psyché n’avait donc, pour réintégrer la beauté physique dans sa dignité, ni à briser la tradition chrétienne, ni à ramener l’homme en arrière jusqu’au culte exclusif de la nudité. Sa tâche, clairement indiquée, était d’opérer le rapprochement définitif de deux forces esthétiques admirablement fécondes, qui, depuis notre ère, s’appelaient, se cherchaient et ne demandaient qu’à se confondre. »
Charles Lévêque
L’Œuvre païenne de Raphaël, in Revue des Deux Mondes, tome 76, 1868
« La renaissance n’a été ni la condamnation pure et simple du moyen âge, ni un complet retour à l’antiquité. On doit y voir une alliance féconde d’où est sorti le monde moderne. »
Charles Lévêque
L’Œuvre païenne de Raphaël, in Revue des Deux Mondes, tome 76, 1868
« Aux plus mauvais jours, au milieu du fracas des villes qui tombent et des temples qui s’écroulent, la voix lointaine des muses grecques est encore entendue. Ainsi, au sortir des catacombes, le culte nouveau, loin de supprimer les fêtes antiques, les tourne à son usage. Par exemple, on avait retardé la fête de la Visitation afin que les paysans d’Enna, en Sicile, pussent apporter à l’autel du Christ les épis mûrs dont ils avaient couronné jusque-là les statues de Cérès. Grâce à une transition habilement ménagée, les ambarvales s’étaient changées en cette pompe rustique nommée la procession des rogations. Les murs des vieilles basiliques conquises et consacrées par la foi chrétienne se couvraient de mosaïques où brille çà et là un rayon d’élégance et de noblesse. Parfois sévère jusqu’à la dureté envers les représentations qui trahissaient la plus légère palpitation de la chair, l’église avait des retours de justice et des heures de protection pour les restes d’un passé qu’elle n’était pas tenue de défendre. »
Charles Lévêque
L’Œuvre païenne de Raphaël, in Revue des Deux Mondes, tome 76, 1868
« Notre temps présente tous les caractères du Bas empire expirant : en première ligne, dislocation de la famille et dénatalité ; dégradation foudroyante des mœurs ; infiltrations barbares. Et, parallèlement, nébuleuse de « noyaux de santé » (Gustave Thibon), pierre d’attente du monde qui naît, timides indices d’un « retour au réel », ébauche de ce Nouveau Moyen Âge prophétisé il y a plus de soixante ans par Nicolas Berdiaeff. »
Raymond Delatouche
Le paysan révolté : entretiens avec Raymond Delatouche, éditions Mame, coll. Trajectoires, 1993
« Le chemin que nous avons parcouru depuis la Renaissance a enrichi notre expérience, mais nous avons perdu le Tout, le Plus-Haut qui fixait autrefois une limite à nos passions et à notre irresponsabilité. »
Alexandre Soljenitsyne
Le déclin du courage, discours à l’université de Harvard du 8 juin 1978, trad. Geneviève et José Johannet, éditions Les Belles Lettres, 2019
« En effet, l’Europe qui s’étalait sous les yeux de Leontiev contrastait avec celle de sa bien-aimée Renaissance. “Ne serait-il pas atroce et vexant de penser que Moïse n’a gravi le Sinaï, que les Hellènes n’ont édifié leurs gracieuses Acropoles, que les Romains n’ont fait les guerres puniques, que le génial, le superbe Alexandre, coiffé d’un casque emplumé, n’a franchi le Granique et combattu à Arbèles, que les apôtres n’ont prêché, les martyrs souffert, les poètes chanté, les peintres peint, les chevaliers brillé dans les tournois, qu’à cette fin unique qu’un bourgeois français, allemand ou russe, affublé de ses habits ridicules et hideux, jouisse d’un confort “individuel” et “collectif” sur les ruines de toute grandeur passée ?… Quelle honte pour le genre humain si ce vil idéal de l’utilité commune, de la mesquinerie du travail et de l’ignominie du trantran devait triompher pour toujours !” »
Vladimir Volkoff
Le complexe de Procuste, éditions Julliard – L’Âge d’Homme, 1981
« Le monde, aujourd’hui, est à la veille sinon de sa propre perte, du moins d’un tournant de l’Histoire qui ne le cède en rien en importance au tournant du Moyen Âge sur la Renaissance : ce tournant exigera de nous une flamme spirituelle, une montée vers une nouvelle hauteur de vues, vers un nouveau mode de vie où ne sera plus livrée à la malédiction, comme au Moyen Âge, notre nature physique, mais où ne sera pas non plus foulée aux pieds, comme dans l’ère moderne, notre nature spirituelle. »
Alexandre Soljenitsyne
Le déclin du courage, discours à l’université de Harvard du 8 juin 1978, trad. Geneviève et José Johannet, éditions Les Belles Lettres, 2014
« Ici plus qu’ailleurs peut-être se pose la question des fausses différences et des fausses ressemblances. La Renaissance italienne, cette prodigieuse efflorescence de génies profondément différents les uns des autres, n’avait d’autre doctrine que l’imitation : de la nature, des Anciens, des maîtres, des rivaux. C’est en acceptant un modèle que ces artistes se diversifiaient. Au contraire, en rejetant l’idée de modèle, l’art moderne sombre souvent dans les sables mouvants des modes et des influences. Si j’imite volontairement, de toutes mes différences, j’obtiens une œuvre originale : si je me laisse porter par mes pulsions individuelles, je débouche le plus souvent dans un marécage d’individualités semblables où je m’enlise irrémissiblement. »
Vladimir Volkoff
Le complexe de Procuste, éditions Julliard – L’Âge d’Homme, 1981
« De grands efforts ont été faits pour briser le fil du temps et sa cohérence, pour interdire aux Européens de retrouver dans leurs ancêtres leur propre image, pour leur dérober leur passé et faire en sorte qu’il leur devienne étranger. De tels efforts ont des précédents. Du Haut Moyen Âge à la Renaissance, de nombreux siècles ont été soumis à une ablation de la mémoire et à une réécriture totale de l’histoire. En dépit des efforts déployés, cette entreprise a finalement échoué. Celle, purement négative, conduite depuis la deuxième partie du XXe siècle, durera beaucoup moins. Venant d’horizons inattendus, les résistances sont nombreuses. Comme dans le conte de la Belle au bois dormant, la mémoire endormie se réveillera. Elle se réveillera sous l’ardeur de l’amour que nous lui porterons. »
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, coll. Histoire, 2002
« […] Cette prestigieuse civilisation, la seule des grandes civilisations du monde antique qui ait survécu et dont l’apport, s’il était mieux connu, pourrait bouleverser profondément la pensée du monde moderne, et provoquer une nouvelle Renaissance. »
Alain Daniélou
Le Chemin du Labyrinthe, Éditions du Rocher, 1984
« Que l’européanité soit une réalité, cela se manifeste déjà au niveau primaire des sensations. Au contact de l’altérité se perçoit l’identité. Mais l’européanité est attestée aussi par l’histoire et le caractère transnational des grands faits de culture. Au-delà d’un art rupestre spécifique à toute l’Europe voici déjà 30 000 ans, au-delà des pierres levées et des grands poèmes fondateurs, ceux des Hellènes, des Germains ou des Celtes, il n’y a pas une seule grande création collective qui, ayant été vécue par l’un des peuples de l’ancien espace carolingien, n’a pas été vécue également par tous les autres. Tout grand mouvement né dans un pays d’Europe a trouvé aussitôt son équivalent chez les peuples frères et nulle part ailleurs. À cela on mesure une communauté de culture et de tradition que ne peuvent démentir les conflits interétatiques. Les poèmes épiques, la chevalerie, l’amour courtois, les libertés féodales, les croisades, l’émergence des villes, la révolution gothique, la Renaissance, la réforme et son contraire, l’expansion au-delà des mers, la naissance des États‑nations, le baroque profane et religieux, la polyphonie musicale, les Lumières, le romantisme, l’univers faustien de la technique ou l’éveil des nationalités… En dépit d’une histoire souvent différente, les Slaves de Russie et des Balkans participent aussi de cette européanité. Oui, tous ces grands faits de culture sont communs aux Européens et à eux seuls, jalonnant la trame d’une civilisation aujourd’hui détruite. »
Dominique Venner
Histoire et tradition des Européens, Éditions du Rocher, 2002