Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne

Citatio, un portail ouvert sur notre civilisation

Nous menons un travail long et exigeant afin d'assurer la qualité des milliers de citations que nous vous proposons. Tout cela a un coût que vous pouvez nous aider à supporter en faisant un don.

Auteur

Arnold Gehlen

Arnold Gehlen, né en 1904 à Leipzig et mort le 1976 à Hambourg, est un philosophe et sociologue allemand. Avec son maître ouvrage L’Homme (1940), il s’est imposé comme une figure majeure de l’Anthropologie philosophique, aux côtés de Max Scheler et de Helmuth Plessner. Avec sa théorie des institutions, ainsi qu’avec ses nombreuses prises de position à propos de l’évolution de la société de l’Allemagne dans l’après-guerre, il s’est imposé comme l’un des opposants majeurs à l’École de Francfort au sein de la jeune République fédérale. Armin Mohler lui décerna le titre de « maître du conservatisme ».

Découvrez 9 citations d’Arnold Gehlen

D’un côté, dans les institutions, les finalités de la vie sont appréhendées…

« D’un côté, dans les ins­ti­tu­tions, les fina­li­tés de la vie sont appré­hen­dées et pour­sui­vies en com­mun, de l’autre, les humains s’orientent vers des sen­ti­ments et des actes pré­cis, har­mo­ni­sés entre eux, avec le béné­fice inap­pré­ciable d’une sta­bi­li­sa­tion éten­due à la vie inté­rieure, qui leur évite d’être contraints à tout bout de champ à des com­pli­ca­tions affec­tives ou de pénibles déci­sions de prin­cipe. Ce déles­tage a des réper­cus­sions pro­duc­tives, car la bien­fai­sante absence d’interrogations qui s’installe lorsque l’individu est por­té, inté­rieu­re­ment et exté­rieu­re­ment, par un écha­fau­dage de règles, libère des éner­gies qui s’orientent vers le haut. Elles se trouvent ain­si enca­drées, on leur donne libre cours dans le sens de l’état de choses exis­tant, où elles peuvent s’épanouir. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

La famille a produit une morale intime élevée…

« La famille a pro­duit une morale intime éle­vée, propre à toute ampli­fi­ca­tion, indis­pen­sable à la san­té psy­chique au long de l’existence entière ; mais tout ce qui touche à la gran­deur : l’État, la reli­gion, les arts, les sciences, s’est édi­fié en dehors de sa sphère, même l’économie n’a pris ses véri­tables dimen­sions qu’une fois déga­gée de ses liens. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

Les utopies éthico-politiques démontrent, par leur théâtre d’ombres…

« Les uto­pies éthi­co-poli­tiques démontrent, par leur théâtre d’ombres, ou par l’allure paro­dique de leurs concré­ti­sa­tions, que la réa­li­té est rebelle à l’éthique pure” – cela fait par­tie des véri­tés de base. Un tel sys­tème idéal doit se gar­der une porte secrète par où le réel puisse entrer et sor­tir, ou bien se conten­ter d’un pres­tige de façade, voile rhé­to­rique jeté sur des inté­rêts fort tan­gibles ; à moins que l’idéal ne ronge une réa­li­té sociale qui lui est fon­ciè­re­ment étrangère. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

Qui se risque à citer Goethe…

« Qui se risque à citer Goethe et son « Il est en l’homme un appé­tit de ser­vir » craint déjà de se rendre ridi­cule, alors qu’on vit dans un monde où la cri­tique égra­tigne par prin­cipe le devoir de loyau­té aux valeurs supra-sub­jec­tives. Quand on dit que le ser­vice des ins­ti­tu­tions est une « alié­na­tion », on est certes dans le vrai, mais cette alié­na­tion est la liber­té même, la dis­tance qu’on met entre soi et soi, et qui repousse ce qui s’est dépo­sé plus ou moins par hasard dans la tête et le cœur, lorsqu’on les livre assez long­temps aux mani­pu­la­teurs d’opi­nion. On peut s’estimer tenu de res­pec­ter les opi­nions des autres, mais en avoir soi-même est un vice, car c’est par elles que cer­tains milieux bien iden­ti­fiables légi­ti­ment le déli­te­ment des ins­ti­tu­tions, pour mieux conver­tir la socié­té en un amas de particularismes. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

Les institutions sont en droit de poser leurs exigences, car elles nous font tenir debout…

« On sait qu’en tout temps le ser­vice d’une com­mu­nau­té orga­ni­sée a pos­sé­dé l’incomparable valeur d’une réponse effec­tive au pro­blème du sens, au-delà même du devoir. Se lais­ser consu­mer par les ins­ti­tu­tions ouvre à cha­cun une voie vers la digni­té, et qui fait son devoir pos­sède un motif que nul autre ne sau­rait battre en brèche. Il n’y a pas de « toute morale est renon­ce­ment, et rien d’autre », comme le pen­sait Oswald Spen­gler […], mais les ins­ti­tu­tions sont en droit de poser leurs exi­gences, car elles nous font tenir debout ; lais­sés à leur natu­rel, les hommes ne savent que se rela­ti­vi­ser l’un l’autre à l’infini. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

Les institutions telles que mariage, famille, travail, droit…

« Les ins­ti­tu­tions telles que mariage, famille, tra­vail, droit, science etc., avec tous les dis­po­si­tif affé­rents, res­semblent au lan­gage dans la mesure où elles pro­duisent l’automatisme d’une entente mutuelle et préa­lable, qui rend pos­sible, dans le cadre de leurs limites et règles, tous les raf­fi­ne­ments, enri­chis­se­ments et appro­fon­dis­se­ments ima­gi­nables des thèmes qu’on peut y enfour­ner. […] Nulle part ailleurs il n’est de « nature » sous-jacente à la super­struc­ture ins­ti­tu­tion­nelle, et de « noblesse » encore moins : mais des contraintes, des agres­sions, du « vécu » et un lais­ser-aller de soi-même pro­pre­ment inex­cu­sable. L’humain ne sait pas ce qu’il est, d’où vient qu’il ne peut se réa­li­ser lui-même direc­te­ment, il doit entrer en média­tion avec lui-même par le biais des ins­ti­tu­tions. Oppo­si­tions et ten­sions n’ont nul besoin d’être conci­liées, mais d’être ins­ti­tu­tion­na­li­sées, pour mieux en débattre selon les règles, et contre le choc sur­puis­sant du car­na­val éga­li­taire qui se pré­tend sou­ve­rain, on ne trou­ve­ra pro­tec­tion qu’au sein des amé­na­ge­ments sus­cep­tibles d’être défendus. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

S’il subsiste une culture digne de ce nom…

« S’il sub­siste une culture digne de ce nom, c’est parce que des jeunes gens gran­dissent au sein d’institutions rai­son­nables, qu’un long pas­sé de suc­cès rend légi­times ; faute de quoi des legs irrem­pla­çables seront dila­pi­dés : la dis­ci­pline, la patience, l’évidence, et des inhi­bi­tions qu’on ne sau­rait jus­ti­fier logi­que­ment, mais que l’on peut sup­pri­mer, avant d’être for­cé de les réta­blir par la vio­lence. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

Le Léviathan prend de plus en plus les allures d’une vache à lait…

« Le Lévia­than prend de plus en plus les allures d’une vache à lait, ses fonc­tions d’auxiliaire de pro­duc­tion, légis­la­teur social et gui­chet de ver­se­ment prennent le pas sur les autres, on a ouvert si grand les portes à l’éthos huma­ni­ta­ro-eudé­mo­niste que celui du ser­vice et du devoir, apa­nage de l’institution, a com­plè­te­ment dis­pa­ru du lan­gage public et des codes des mass-médias, et n’y sus­cite plus guère que l’hilarité. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

Est diabolique celui qui instaure le règne du mensonge…

« Est dia­bo­lique celui qui ins­taure le règne du men­songe et contraint d’autres humains à y demeu­rer. Cela va plus loin que la flé­tris­sure d’une relé­ga­tion spi­ri­tuelle, on ins­taure là le règne du monde à l’envers, où l’Antéchrist porte le masque du Rédemp­teur, comme dans la fresque de Signo­rel­li sur les murs d’Orvieto. Le diable n’est pas celui qui tue, il est Dia­bo­los, le calom­nia­teur, il est le dieu pour qui le men­songe n’est pas pleu­tre­rie, comme il l’est chez l’homme, mais pou­voir sou­ve­rain. Il fait crou­ler le der­nier ori­fice lais­sé au déses­poir, la connais­sance, il ins­ti­tue l’empire de l’insane, car il faut être dément pour faire du men­songe sa demeure. »

Arnold Geh­len
Morale et hyper­mo­rale, trad. Fran­çois Pon­cet, Paris, Kri­sis, 2023

Auteurs

Auteurs récemment ajoutés

Livres

À l'affiche

Comprendre la stratégie hongroise
Dominique Venner. La flamme se maintient
Sur les chemins noirs
Bienvenue dans le meilleur des mondes. Quand la réalité dépasse la science-fiction
Frédéric Mistral. Patrie charnelle et Provence absolue
Les Indo-Européens
Le soleil et l'acier
L’exil intérieur. Carnets intimes
La société de propagande
Tolkien, l’Europe et la tradition. La civilisation à l’aune de l’imaginaire
Voyage au bout de la nuit
Game over. La révolution antipolitique
Pour un réveil européen. Nature - Excellence - Beauté
Ceux de 14
La hache des steppes
Le japon moderne et l'éthique samouraï
Walter, ce boche mon ami
Les grandes légendes de France
Courage ! manuel de guérilla culturelle
À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes
Les Déshérités ou l’urgence de transmettre
L’enracinement
Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l'impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche
Citadelle
Œuvres en prose complètes, tome III
L'Empire du politiquement correct
L’opprobre. Essai de démonologie
La grande séparation
Orthodoxie
Économie et société médiévale
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis
Précis de décomposition
L’homme surnuméraire
L'Argent
Les Horreurs de la démocratie
Petit traité sur l’immensité du monde
La Cause du peuple
Histoire et tradition des Européens
Mémoire vive. Entretiens avec François Bousquet
Le déclin du courage
Sire
La France contre les robots
Le regard des princes à minuit
L’œuvre de chair
Service inutile
Traité du rebelle ou le recours aux forêts
Les sentinelles du soir
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?