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Le livre
La hache des steppes

La hache des steppes

Auteur : Jean Ras­pail
Édi­teur : édi­tions Robert Laf­font (1974), édi­tions Via Roma­na (2016)

Pré­sen­ta­tion de l’é­di­teur : « Dans le tré­sor emblé­ma­tique de Jean Ras­pail figure une hache de pierre noire qui venait du fond des temps, du fond des steppes.
Gage de vie, gage de mort, la pos­ses­sion de la hache noire conduit jus­qu’à nous, par miracle, des peuples per­dus et des mino­ri­tés oubliées, res­ca­pés de temps révo­lus. Par­fois, il ne s’a­git plus que de leur sou­ve­nir, recueilli comme un der­nier souffle, lien impal­pable entre morts et vivants. Aïnos blancs du Japon, Ghi­liaks de Sakha­line, Catho­liques des cata­combes du Kyu Shiu, Urus demi-dieux des Andes, Wisi­goths du Lan­gue­doc, Caraïbes, Taï­nos et Lucayens des Antilles, Gua­na­quis d’A­ma­zone, des­cen­dants de hus­sards de Napo­léon réfu­giés dans la grande forêt russe, Huns sur­vi­vants des Champs Cata­lau­niques… Peuples d’ombres que Jean Ras­pail évoque après vingt-cinq années pas­sées à suivre leurs pistes effacées.
À la fois grave et sti­mu­lant, La Hache des steppes réveille en nous des échos pro­fonds. Les hommes per­dus qu’il évoque, ce sont nos frères, c’est nous-mêmes – venus du fond des temps, du fond des steppes, ser­rant dans notre main la hache immortelle. »
Ce texte figure, au même empla­ce­ment, dans la pre­mière et unique édi­tion publiée chez Robert Laf­font en 1974 et deve­nue, par la suite, introu­vable. Il nous semble aujourd’hui que La Hache des steppes, paru un an à peine après Le Camp des saints (1973), en est, au final, le début et la conclu­sion, et l’auteur lui-même en convient. Tout l’univers de Jean Ras­pail y est concen­tré, ces mino­ri­tés qui dis­pa­raissent, ces pré­cieux modes de vie qui s’éteignent, avec, pour clore le cor­tège, notre vieille Europe à son tour menacée…

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Découvrez 4 citations extraites du livre

Voilà pourquoi je révère l'objet...

« Voi­là pour­quoi je révère l’ob­jet. S’il n’a­vait exis­té, je l’au­rais inven­té. À nou­veau je le sai­sis. Pour la mil­lième fois depuis que j’en ai reçu la garde, j’en prends connais­sance tac­ti­le­ment. Je me calme. Je reviens à l’es­sen­tiel. Rien ne vaut l’ar­ron­di par­fois de l’ob­jet et la paume de mes mains glis­sant sur la pierre noire, polie trois mille ans plus tôt par quel­qu’un qui, peut-être, me res­sem­blait. »

Jean Ras­pail
La hache des steppes, édi­tions Robert Laf­font, 1974

Toujours dans le lit du ruisseau...

« Tou­jours dans le lit du ruis­seau, avec de l’eau jus­qu’à mi-roue, je péné­trai sous la forêt qui mon­tait en pente douce vers le flan d’un petit morne. Une cen­taine de mètres plus loin, le ruis­seau pre­nait sa source et je dus aban­don­ner ma jeep et pour­suivre à pied, enjam­bant les troncs d’arbres pour­ris de cette jungle alpine. Je mar­chai envi­ron une demi-heure jus­qu’au som­met du petit morne et là, à tra­vers un rideau de ver­dure d’où tom­baient d’é­paisses gouttes de pluie, j’en­tre­vis à nou­veau, au loin, les sombres pentes du mas­sif de la Selle. Mal­gré mes efforts, il sem­blait ne pas s’être appro­ché d’un mètre et puis ses som­mets dis­pa­rurent au milieu de lourds nuages gor­gés d’eau. Je res­tai là quelques temps à rêver, les yeux fixés sur la muraille de pluie. C’est ain­si que les mythes demeurent, plus néces­saires à l’homme que le pain. »

Jean Ras­pail
La hache des steppes, édi­tions Robert Laf­font, 1974

Je suis un partisan des frontières...

« Je suis un par­ti­san des fron­tières, à condi­tion de pou­voir les fran­chir sans tra­cas­se­ries inutiles. Mais j’ai­me­rais qu’on fasse pas­ser chaque voya­geur devant un détec­teur qui refou­le­rait impi­toya­ble­ment les imbé­ciles et les vul­gaires, le petit nombre étant seul admis à jouir des dif­fé­rences et s’en abreu­ver. J’ap­pelle de tous mes vœux la mul­ti­pli­ca­tion à l’in­fi­ni des fron­tières, à l’a­bri des­quelles les si pré­cieuses dif­fé­rences pour­raient ces­ser de dis­pa­raître et même, se culti­ve­raient jalou­se­ment jus­qu’à une nou­velle floraison. »

Jean Ras­pail
La hache des steppes, édi­tions Robert Laf­font, 1974

Le petit homme contemporain sait comment il se nomme...

« Le petit homme contem­po­rain sait com­ment il se nomme et de qui il est direc­te­ment issu. Là se borne sa cer­ti­tude. Et encore… De la notion du temps, il ne reçoit qu’une per­cep­tion hori­zon­tale, quelque chose de déri­soi­re­ment limi­té. Dans l’éruption conti­nue à la sur­face de la terre, il se retrouve agglo­mé­ré à des mil­liards d’autres hommes… De la per­cep­tion ver­ti­cale, celle qui se hausse par l’échelle du pas­sé, et qui lui ren­drait sa noblesse, quelle que soit la modes­tie de son lignage, il n’a pas conscience. Sou­vent il la refuse. Débar­ras­sé de ce bagage, il s’imagine cou­rir plus vite ! Il galope en rond, le petit homme, comme une carne au bout d’une longe, avec son ano­ny­mat pour piquet. Il n’en sor­ti­ra jamais. Alors ? […]
Il ne sait rien. En quoi cela le concerne-t-il ? Il se tient seul, au centre de sa vie pas­sa­gère, entre son père et son fils, bornes extrêmes de son exis­tence […] Alors vous mesu­rez com­bien immense et proche est le désert… Je trouve cela inad­mis­sible, révol­tant, incroyable, navrant. Je demeure per­sua­dé que la chaîne res­ta long­temps solide et qu’elle com­men­ça à se perdre à l’aube du monde moderne, quand les hommes s’éloignèrent du vrai pour s’occuper de balivernes. »

Jean Ras­pail
La hache des steppes, édi­tions Robert Laf­font, 1974

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