« Le mur interdit le passage ; la frontière le régule. Dire d’une frontière qu’elle est une passoire, c’est lui rendre son dû : elle est là pour filtrer. »
Régis Debray
Éloge des frontières, éditions Gallimard, 2010
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« Le mur interdit le passage ; la frontière le régule. Dire d’une frontière qu’elle est une passoire, c’est lui rendre son dû : elle est là pour filtrer. »
Régis Debray
Éloge des frontières, éditions Gallimard, 2010
« Sans la conscience d’une limite, sans le tracé d’une frontière, toute entité individuelle ou collective se défait pour devenir informe. »
Alain de Benoist
L’exil intérieur. Carnets intimes, Krisis / éditions La Nouvelle Librairie, 2022
« L’expression de la frontière est une question travaillée par nombre de peintres européens depuis le XVe siècle. Pourquoi ? Tout simplement parce que la représentation de l’espace, et de l’expérience de l’espace, conditionne dans nos cultures toutes les figures dynamiques du soi et du non-soi, du l’identité et de l’altérité. Il n’y a pas d’identité sans altérité, et cette dualité est la condition même d’une représentation. Une frontière, en son essence, n’est pas la marque d’une exclusion mais celle d’une relation, d’un lien entre un ici et un ailleurs. »
Jean-François Gautier
Les frontières : un besoin vital face à la métaphysique de l’illimité, 6e colloque annuel de l’Institut Iliade, 6 avril 2019
« L’émergence d’une culture est toujours intimement liée à un territoire, ce qui implique la notion de frontière, de limite : toute culture est le produit de l’histoire d’un peuple donné, c’est-à-dire d’un groupe humain particulier sur un espace géographique délimitée. Frontières et limites ne doivent pas être perçues comme des carcans qui nous enferment, mais comme les conditions d’existence des cultures humaines dans leur diversité. »
Henri Levavasseur
« Nature, culture, génétique : une anthropologie réaliste pour une écologie à l’endroit », Livr’arbitres, hors-série « La nature comme socle – Actes du 7e colloque annuel de l’Institut Iliade – Pour une écologie à l’endroit », automne 2020
« Science des systèmes vivants complexes, l’écologie est une science du réel et un savoir des séparations. Donc des limites. Donc des frontières. »
Hervé Juvin
« Pour une écologie enracinée, localisme et mise en valeur des terroirs », Livr’arbitres, hors-série « La nature comme socle – Actes du 7e colloque annuel de l’Institut Iliade – Pour une écologie à l’endroit », automne 2020
« L’écologie est une invitation à la cohérence. Il est invraisemblable que certains écologistes défendent la PMA généralisée tout en s’opposant fermement aux OGM. Ou proclament le droit à la préservation des peuples autochtones d’Amazonie tout en prônant l’ouverture totale des frontières pour les peuples occidentaux. Le no-borderisme, tout comme la surenchère sociétale, sont incompatibles avec une écologie authentique. »
Eugénie Bastié
« Pour un souverainisme vert », Front Populaire n°1, été 2020
« On vous adjure, et tout à l’heure encore le pape d’une chrétienté malade, d’ouvrir largement vos portes. Moi, je vous dis, je vous supplie, fermez-les, fermez-les vite, s’il en est encore temps ! »
Jean Raspail
Le Camp des saints, éditions Robert Laffont, 1973
« Je suis un partisan des frontières, à condition de pouvoir les franchir sans tracasseries inutiles. Mais j’aimerais qu’on fasse passer chaque voyageur devant un détecteur qui refoulerait impitoyablement les imbéciles et les vulgaires, le petit nombre étant seul admis à jouir des différences et s’en abreuver. J’appelle de tous mes vœux la multiplication à l’infini des frontières, à l’abri desquelles les si précieuses différences pourraient cesser de disparaître et même, se cultiveraient jalousement jusqu’à une nouvelle floraison. »
Jean Raspail
La hache des steppes, éditions Robert Laffont, 1974
« On les appelait voyageurs, ou engagés du grand portage. Par les fleuves, les lacs, les rivières qui formaient une trame naturelle dans l’immensité nord-américaine, au XVIIe et XVIIIe siècles, convoyant à bord de leurs canots des explorateurs et des missionnaires, des marchands ou des officiers du roi, des soldats en tricorne gris des compagnies franches de la Marine, des pelleteries, des armes, des outils, renouvelant jour après jour, les mains crochées sur l’aviron, des exploits exténuants, ils donnèrent à la France un empire qui aurait pu la contenir sept fois. À chacun de leurs voyages, ils en repoussaient encore les frontières, vers le nord-ouest, vers l’ouest, vers le sud. »
Jean Raspail
En canot sur les chemins d’eau du roi. Une aventure en Amérique, éditions Albin Michel, 2005
« Je fis un geste de la main, en adieu. La femme qui me regardait baissa aussitôt la tête. Me vint alors la conviction que dix mille années nous séparaient, à laquelle s’en ajouta une autre : cette conviction était partagée. Ces malheureux aussi le savaient, écrasés par cet éloignement sidéral. La distance entre la barque et le navire augmentait rapidement, jusqu’à ce qu’elle ne fût à nouveau qu’un point semblable à celui que nous avions vu s’avancer à peine dix minutes auparavant, et qui disparut bientôt. Sur l’autre rive d’un fossé de cent siècles, les Alakalufs nomades s’enfuyaient encore plus loin dans le passé. »
Jean Raspail
Adiós, Tierra del Fuego, éditions Albin Michel, 2001
« Votre royaume est double Monseigneur. Il y a le royaume visible, un peuple et un territoire. Vous n’en êtes plus le roi, vous n’en êtes pas le roi, vous n’en serez sans doute plus jamais le roi. Et il y a le royaume invisible, celui qui n’a ni terres ni frontières, ce qui est un élan de l’âme. Celui-là est le fondement de l’autre et c’est pour le moment le seul qui vous reste. Ne le risquez pas dans la cohue et la confusion. Emportez-le avec vous en exil. »
Jean Raspail
Le Roi au-delà de la mer, éditions Albin Michel, 2000
« Un nouveau dogme s’institue : tout doit fluctuer, se mêler sans répit, sans entraves, donc sans frontières. Dieu est mouvement. Circuler est bon. Demeurer est mal. Plus rien ne doit se prétendre de quelque part puisque tout peut être de partout. Qui s’opposera intellectuellement à la religion du flux est un chien. »
Sylvain Tesson
Que ferons-nous de cette épreuve ?, entretien au Figaro, par Vincent Tremolet de Villers, 20 mars 2020