« L’homme de pouvoir est détruit par le pouvoir, l’homme d’argent par l’argent, l’homme servile par la servilité, l’homme de plaisir par le plaisir. Ainsi le Loup des steppes fut-il détruit par sa liberté. Il atteignit son objectif, s’affranchit progressivement de toute contrainte. Personne ne pouvait lui donner d’ordres ; il n’avait pas à se conformer à la volonté de quelqu’un ; il décidait de sa conduite de façon libre et indépendante, car tout homme fort parvient infailliblement au but qu’un véritable instinct lui ordonne de poursuivre. Cependant, lorsqu’il se fut installé dans cette nouvelle liberté, Harry s’aperçut tout à coup que celle-ci représentait une mort. Il était seul. »
Hermann Hesse
Le loup des steppes (Der Steppenwolf), 1927, éditions Calmann-Lévy, 1975, trad. Alexandra Cade, éditions Le Livre de poche, coll. Biblio, 2022