« L’ambitieux ne reste pas longtemps seul au milieu du monde. »
Pierre Drieu la Rochelle
L’homme à cheval, 1943, éditions Gallimard, coll. Folio, 1973
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« L’ambitieux ne reste pas longtemps seul au milieu du monde. »
Pierre Drieu la Rochelle
L’homme à cheval, 1943, éditions Gallimard, coll. Folio, 1973
« Les sculpteurs d’aujourd’hui feraient bien de redonner un peu de sang à leur inspiration anémique en côtoyant les Éoliennes. Où la nature a multiplié ses inépuisables inventions de monstres, de géants, d’araignées tapies, d’orgues cyclopéens aux tuyaux faussés, de sirènes tordues, de ruines croulantes, de masques dilatés, d’autels consumés, de flèches de granit, d’affreuses plaies suppurantes, de gnomes et d’ogres punis, de citadelles perfides et de cathédrales profanées. Et ainsi elle crée dans de très petits espaces des solitudes profondes, et dans tous les coins condense ce qui est sa suprême beauté, c’est-à-dire le mystère. »
Dino Buzzati
L’écueil, in Les nuits difficiles, nouvelles, 1971, trad. Michel Sager, éditions Robert Laffont, Coll. Pavillon, 1972
« L’homme n’est pas longtemps honnête quand il est seul, allez ! Vous verrez ! »
Louis-Ferdinand Céline
Voyage au bout de la nuit (1932), éditions Gallimard, coll. « Folio », 1972
« Plus ils se rapprochaient du faîte de la montagne sacrée et plus chaque arbrisseau, chaque arbre semblait posséder sa propre nature divine comme si, tout naturellement, il était lui-même devenu un dieu.
Lorsque, par exemple le vent attrapait les extrémités des grands chênes, dispersant leurs fleurs en nuée jaune pâle qui planait ensuite à travers la solitude forestière de la montagne, Honda sentait en lui que ce tableau éclatait d’esprit divin, comme une brusque décharge électrique. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
« L’autorité conduit souvent à l’isolement qui conduit les empereurs sur les rochers et les célibataires dans les cuisines. »
Michel Audiard
Dans Les Bons Vivants (film), 1965, in Audiard par Audiard, éditions René Château, 2005
« La victime offerte en sacrifice devait lancer de longs cris, lugubres et pathétiques, afin que ceux qui les entendaient vinssent à sentir l’inexprimable solitude de l’existence. Alors ma joie de vivre, jaillissant de quelque endroit secret au plus profond de moi, poussait finalement une clameur de joie triomphante, répondant cri pour cri à la victime. N’était-ce pas exactement semblable à la joie que l’homme d’autrefois trouvait dans la chasse ? »
Yukio Mishima
Confession d’un masque, 1949, trad. Renée Villoteau, éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1971, éditions Gallimard, coll. Folio, 1983
« À partir du moment où plus rien ne mérite le respect dans notre société, nous devons nous forger dans la solitude de nouvelles loyautés silencieuses. »
Nicolás Gómez Dávila
Le Réactionnaire authentique (El reaccionario auténtico), 1995, trad. Michel Bibard, Éditions du Rocher/Anatolia, 2005
« Qu’on m’entende bien : ils ne sont pas morts. Sans doute même bien plus nombreux qu’avant, transplantés dans une ville ou une autre, confondus, brassés, mêlés à la grande foule anonyme, ignorante du passé et de l’avenir, petits hommes semblables qui ont rejoint la ronde. Avec, peut-être, parmi eux, un prolétaire basané qui tripote, pensif, dans son bidonville, une hache de pierre polie, souvenir de son village, et qui sait encore qui il est : celui-là demeure un seigneur… »
Jean Raspail
Pêcheur de lunes. Qui se souvient des hommes…, éditions Robert Laffont, 1990
« Je fis un geste de la main, en adieu. La femme qui me regardait baissa aussitôt la tête. Me vint alors la conviction que dix mille années nous séparaient, à laquelle s’en ajouta une autre : cette conviction était partagée. Ces malheureux aussi le savaient, écrasés par cet éloignement sidéral. La distance entre la barque et le navire augmentait rapidement, jusqu’à ce qu’elle ne fût à nouveau qu’un point semblable à celui que nous avions vu s’avancer à peine dix minutes auparavant, et qui disparut bientôt. Sur l’autre rive d’un fossé de cent siècles, les Alakalufs nomades s’enfuyaient encore plus loin dans le passé. »
Jean Raspail
Adiós, Tierra del Fuego, éditions Albin Michel, 2001
« Ainsi la publicité vide de leur sens les mots les plus essentiels, et rend absurde le langage. Derrière elle, le marché trahit des réalités qu’il absorbe : rendre tout bien échangeable et liquide, c’est à la fin détruire ce qui ne saurait devenir l’objet d’un échange marchand. La mobilisation générale qui constitue la dynamique du marché, cette extension perpétuelle pour ne rien laisser en dehors de la marche de l’économie, c’est, au sens littéral du terme, une liquidation générale. Vendre de la “présence”, c’est seulement révéler et emmurer encore notre infinie solitude ; commercialiser l’humain, c’est de toute évidence contribuer à construire un monde inhumain. Si elle va au bout de ce renversement universel, la société la plus prospère peut aussi bien devenir celle la plus grande misère… Cette misère n’a rien d’une fatalité : elle est un choix, le produit d’une vision du monde. »
François-Xavier Bellamy
Demeure. Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel, Éditions Grasset, 2018
« Savoir vivre seul est une chose compliquée pour beaucoup. Le silence et la solitude effraient nombre de gens qui veulent vivre dans du bruit, du tintamarre, du mouvement, du bazar. »
Michel Onfray
Comment la philosophie peut nous aider à traverser cette épreuve, entretien au Figaro, par Alexandre Devecchio, 28 mars 2020