« Les sculpteurs d’aujourd’hui feraient bien de redonner un peu de sang à leur inspiration anémique en côtoyant les Éoliennes. Où la nature a multiplié ses inépuisables inventions de monstres, de géants, d’araignées tapies, d’orgues cyclopéens aux tuyaux faussés, de sirènes tordues, de ruines croulantes, de masques dilatés, d’autels consumés, de flèches de granit, d’affreuses plaies suppurantes, de gnomes et d’ogres punis, de citadelles perfides et de cathédrales profanées. Et ainsi elle crée dans de très petits espaces des solitudes profondes, et dans tous les coins condense ce qui est sa suprême beauté, c’est-à-dire le mystère. »
Dino Buzzati
L’écueil, in Les nuits difficiles, nouvelles, 1971, trad. Michel Sager, éditions Robert Laffont, Coll. Pavillon, 1972