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Citations sur la mer et l'océan
Un château fantastique, sur un récif noir et pointu, le Mont-Saint-Michel…
« Au milieu du golfe, d’un gris chatoyant ou d’un violet sombre selon la marée, se dresse comme un château fantastique, sur un récif noir et pointu, le Mont-Saint-Michel, que les gens du moyen âge appelaient la merveille de l’Occident. Vu à cette distance, voilé de brume et comme perdu dans la mer, il ressemble plutôt à un menhir colossal qu’à une construction humaine. L’estuaire du Couësnon, qui sépare la Bretagne de la Normandie, trace maintenant son lit sablonneux à gauche du Mont. Autrefois, il passait à droite. Aussi, Bretons et Normands se sont-ils disputé le rocher porteur du sanctuaire et séjour de l’archange protecteur de la France. »
Édouard Schuré
Le Mont-Saint-Michel et son histoire, in Paysages historiques de France, Revue des Deux Mondes, tome 100, 1890
Il est le maître de la mer…
« Aucun ennemi, aucune femme ne nous donne autant que lui la sensation du combat, ne nous force à tant de prévoyance, car il est le maître de la mer, celui qu’on peut éviter, utiliser ou fuir, mais qu’on ne dompte jamais. Et dans l’âme du marin règne, comme chez les croyants, l’idée d’un Dieu irascible et formidable, la crainte mystérieuse, religieuse, infinie du vent, et le respect de sa puissance. »
Guy de Maupassant
Sur l’eau, Paul Ollendorff éditeur, 1888
Quel personnage, le vent, pour les marins !
« Quel personnage, le vent, pour les marins ! On en parle comme d’un homme, d’un souverain tout-puissant, tantôt terrible, tantôt bienveillant. C’est de lui qu’on s’entretient le plus, le long des jours c’est à lui qu’on pense sans cesse, le long des jours et des nuits. Vous ne le connaissez point, gens de la terre ! »
Guy de Maupassant
Sur l’eau, Paul Ollendorff éditeur, 1888
La nature a multiplié ses inépuisables inventions…
« Les sculpteurs d’aujourd’hui feraient bien de redonner un peu de sang à leur inspiration anémique en côtoyant les Éoliennes. Où la nature a multiplié ses inépuisables inventions de monstres, de géants, d’araignées tapies, d’orgues cyclopéens aux tuyaux faussés, de sirènes tordues, de ruines croulantes, de masques dilatés, d’autels consumés, de flèches de granit, d’affreuses plaies suppurantes, de gnomes et d’ogres punis, de citadelles perfides et de cathédrales profanées. Et ainsi elle crée dans de très petits espaces des solitudes profondes, et dans tous les coins condense ce qui est sa suprême beauté, c’est-à-dire le mystère. »
Dino Buzzati
L’écueil, in Les nuits difficiles, nouvelles, 1971, trad. Michel Sager, éditions Robert Laffont, Coll. Pavillon, 1972
La maison commune des morts et des vivants…
« Partout on sent que la vieille église est la maison commune des morts et des vivants, qui joint le passé au présent et à l’avenir. Dans cette dure et triste Bretagne, obsédée par la mer, image de l’infini matériel, qui enfante et dévore, gouffre de vie et de néant, le moindre clocher qui se dresse derrière un coteau évoque un autre infini, celui de l’âme, où rien ne se perd, où tout se réalise et s’accomplit. »
Édouard Schuré
Les légendes de la Bretagne et le génie celtique, in Paysages historiques de France, Revue des Deux Mondes, tome 106, 1891
Dès que la situation est compliquée, les mots de la mer sont confisqués…
« Dès que la situation est compliquée, les mots de la mer sont confisqués par les politiques et autres baratineurs : “Il va falloir tenir le cap”, “Il faut faire le dos rond dans la tempête”, “prendre le large”,… »
Olivier de Kersauson
De l’urgent, du presque rien et du rien du tout, éditions Le Cherche Midi, 2019
Qui ne sait le charme des landes ?
« Qui ne sait le charme des landes ?… Il n’y a peut-être que les paysages maritimes, la mer et ses grèves, qui aient un caractère aussi expressif et qui vous émeuvent davantage. Elles sont comme les lambeaux, laissés sur le sol, d’une poésie primitive et sauvage que la main et la herse de l’homme ont déchirée. Haillons sacrés qui disparaîtront au premier jour sous le souffle de l’industrialisme moderne ; car notre époque, grossièrement matérialiste et utilitaire, a pour prétention de faire disparaître toute espèce de friche et de broussailles aussi bien du globe que de l’âme humaine. »
Jules Barbey d’Aurevilly
L’Ensorcelée, 1852, éditions Gallimard, coll. Folio classique, 1977
Les anciens Grecs ajoutèrent à la vénération du réel…
« Les anciens Grecs ajoutèrent à la vénération du réel la puissance de leur imaginaire. Sur la mer éclairée par les mythes et les méduses, il y eut un miracle, voilà trois millénaires. Des hommes prirent une décision : ne plus jamais assister à un spectacle naturel sans y associer la présence d’un dieu. »
Sylvain Tesson
La grande odyssée de Sylvain Tesson, dans le sillage d’Ulysse, Le Figaro, 10 avril 2020
Le voyageur glissant sur l’océan ou gravissant…
« Le voyageur glissant sur l’océan ou gravissant la montagne préfère consacrer son énergie vitale à s’émerveiller du spectacle du monde plutôt qu’à ratiociner sur son tas de misérables secrets intérieurs. Il privilégie l’exploration à l’introspection. Il goûte davantage de se tenir debout sur la route que couché sur le divan. »
Sylvain Tesson
Préface à Carnets d’aventures, La Guilde européenne du raid / Presses de la Renaissance, 2007
Ils avaient été des hommes qui connaissaient la peine…
« Mais en vérité, ils avaient été des hommes qui connaissaient la peine, les privations, la violence, la débauche — mais ne connaissaient point la peur et n’éprouvaient aucun élan de méchanceté en leur cœur. Des hommes difficiles à diriger, mais faciles à inspirer, des hommes sans voix — mais suffisamment virils pour mépriser dans leur cœur les voix sentimentales qui se lamentaient sur la dureté de leur destin. C’était un destin et c’était le leur ; cette capacité de le supporter leur semblait le privilège des élus ! Leur génération vivait muette et indispensable, sans connaître les douceurs de l’affection ou le refuge du foyer — et mourait libre de la sombre menace d’une tombe froide. Ils étaient les éternels enfants de la mer mystérieuse. Leurs successeurs sont les fils adultes d’une terre insatisfaite. Ils sont moins dépravés mais moins innocents ; moins irrévérencieux mais peut-être aussi moins croyants ; et s’ils ont appris à parler, ils ont aussi appris à gémir. »
Joseph Conrad
Le nègre du Narcisse, 1913, trad. Robert d’Humières, éditions Gallimard, coll. L’imaginaire, 2007
J’ai choisi l’océan comme terrain de confrontation…
« J’ai choisi l’océan comme terrain de confrontation, comme terrain de bataille, car l’océan, c’est la réalité dans ce qu’elle a de plus dur, de plus exigeant. Pour lutter contre son pouvoir terrifiant, les valeurs humaines telles que l’intelligence, l’expérience et une inflexible volonté de vaincre sont mes armes. »
Gérard d’Aboville
Cité dans Carnets d’aventures, présentés par Sylvain Tesson, La Guilde européenne du raid / Presses de la Renaissance, 2007
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