« Sur les rayons des bibliothèques, je vis un monde surgir de l’horizon. »
Jack London
Martin Eden, 1909, trad. Philippe Jaworski, éditions Gallimard, coll. Folio Classique, 2016
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« Sur les rayons des bibliothèques, je vis un monde surgir de l’horizon. »
Jack London
Martin Eden, 1909, trad. Philippe Jaworski, éditions Gallimard, coll. Folio Classique, 2016
« Les inquiets, les ardents, les hommes d’action, ceux-là s’éloignent quand les cheveux blancs arrivent, sans qu’ils soient encore chefs d’une armée de volontaires, capitaines de bandits aux Batignolles, faute de mieux ! Tristes d’avoir épuisé leur jeunesse dans une lutte sans témoins, contre des dangers sans grandeur, sous un ciel gris, ils s’en vont au pays du soleil et des aventures, dans les nouvelles Californies qu’on découvre, sur les côtes brûlées du Mexique, dans les pampas de la Plata, avec Santanna ou Geffrard, Raousset-Boulbon ou Walker, n’importe, pourvu qu’il y ait à jouer avec la mort ! – De rudes gas, ces coureurs de batailles ! Donnez-moi trois cents de ces hommes, quelque chose comme un drapeau, jetez-moi sur une terre où il faille faire honneur à la France, dans les rues de Venise, si vous voulez ! jetez-moi là sous la mitraille, en face des régiments, et vous verrez ce que j’en fais et des canons et des artilleurs, à la tête de mes réfractaires ! »
Jules Vallès
Les Réfractaires (1866), G. Charpentier éditeur, 1881
« Il existe de par les chemins une race de gens qui (…) ont juré d’être libres ; qui, au lieu d’accepter la place que leur offrait le monde, ont voulu s’en faire une tout seuls, à coups d’audace ou de talent ; qui, se croyant la taille à arriver d’un coup, par la seule force de leur désir, au souffle brûlant de leur ambition, n’ont pas daigné se mêler aux autres, prendre un numéro dans la vie ; qui n’ont pu, en tous cas, faire le sacrifice assez long, qui ont coupé à travers champs au lieu de rester sur la grand’route ; et s’en vont maintenant battant la campagne, le long des ruisseaux de Paris.
Je les appelle des réfractaires. »
Jules Vallès
Les Réfractaires (1866), G. Charpentier éditeur, 1881
« Il ne reconnaissait pas, cet homme des champs, de loi humaine qui pût lui prendre sa liberté, faire de lui un héros quand il voulait rester un paysan. Non pas qu’il frémît à l’idée du danger, au récit des batailles ; il avait peur de la caserne, non du combat : peur de la vie, non de la mort. Il préférait, à ce voyage glorieux à travers le monde, les promenades solitaires, la nuit, sous le feu des gendarmes, autour de la cabane où était mort son aïeul aux longs cheveux blancs. Au matin du jour où devaient partir les conscrits, quand le soleil n’était encore levé, il faisait son sac, le sac du rebelle ; il décrochait le vieux fusil pendu au-dessus de la cheminée, le père lui glissait des balles, la mère apportait un pain de six livres, tous trois s’embrassaient ; il allait voir encore une fois les bœufs dans l’étable, puis il partait et se perdait dans la campagne.
C’était un réfractaire. »
Jules Vallès
Les Réfractaires (1866), G. Charpentier éditeur, 1881
« On conçoit généralement les voyages comme un déplacement dans l’espace. C’est peu. Un voyage s’inscrit simultanément dans l’espace, le temps, et dans la hiérarchie sociale. »
Claude Lévi-Strauss
Tristes Tropiques, éditions Plon, coll. Terre Humaine, 1955, réédition, 1993, éditions Pocket, 2001
« “Un vrai joueur joue toujours au-dessus de ses moyens”, dit-on. Voilà le sel d’une vie : soyez quelque chose au-dessus de ce que vous êtes.
Et si l’éthique était une esthétique ? La morale, une allure ? »
Jean Cau
L’agonie de la vieille, éditions de La Table ronde, coll. La Table Ronde de combat, Les brûlots n°15, 1970
« Nous découvrons avec surprise qu’il est des conditions mystérieuses qui nous fertilisent. Liés aux autres par un but commun et qui se situe en dehors de nous, alors seulement nous respirons. Nous, les fils de l’âge du confort, nous ressentons un inexplicable bien-être à partager nos derniers vivres dans le désert. »
Antoine de Saint-Exupéry
in La Paix ou la Guerre ?, cité par Philippe de Laitre in Saint-Exupéry. Au-delà du Petit Prince, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Les idées à l’endroit, 2024
« Cette hâte de repartir, de chercher plus loin ce que je pressentais et que je ne comprenais pas, car j’étais ce sourcier dont le coudrier tremble et qu’il promène sur le monde jusqu’au trésor (…) Quelle est cette promesse obscure que l’on m’a faite et qu’un Dieu obscur ne tient pas ? »
Antoine de Saint-Exupéry
in Courrier sud, cité par Philippe de Laitre in Saint-Exupéry. Au-delà du Petit Prince, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Les idées à l’endroit, 2024
« Un vaisseau européen lancé à la conquête de Mars n’a pas besoin d’imiter une trirème grecque pour exprimer une identité qu’il porte déjà. Il est déjà en lui-même la continuation de millénaires d’exploration et d’aventures menées par le génie européen. »
Adriano Scianca
L’Europe, terre de nos enfants, Livr’Arbitres, Actes du XIe colloque annuel de l’Institut Iliade – 2024
« (…) Ils voyageaient à cheval, à la manière des ancêtres, qui laissaient aux femmes les molles délices de la voiture, et ne s’estimaient que sur ce trône vivant du dos d’un cheval où l’homme est vraiment lui-même, d’où il peut combattre et commander. »
Jules Barbey d’Aurevilly
Un prêtre marié, 1865, éditions Gallimard, coll. Le Livre de poche, 1964
« Je l’ai déjà dit et je serai bien forcé de le dire encore : préférer ce qui est noble à ce qui est ignoble et ce qui est beau à ce qui est hideux ; chercher à comprendre, tenter la conquête de n’importe quoi, en sautant par-dessus bornes et clôtures ; vouloir vivre enfin ; voilà ce qui tombe sous l’anathème. »
Léon Bloy
Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902
« Prendre le plus grand nombre de risques. Tout jouer sur une carte. Toujours préférer la générosité du danger à la pire forme d’avarice qui soit au monde : celle de la prudence. »
Jean-René Huguenin
Journal, 1964, éditions du Seuil, coll. Points, 1997