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Citations sur la montagne
Chaque chose remplit son seul usage…
« Tempérance : Pourquoi jouissons-nous des heures dans les refuges ? Parce que les refuges proposent une paix modeste où les objets pourvoient à l’homme leur fonction suffisante. Chaque chose remplit son seul usage. Le poêle chauffe, la table est large, la fenêtre ouverte sur la montagne. La soupe fume, les bûches craquent. L’innovation n’a pas sa place dans ce monde amical. La technique procure ce qu’il faut. La technologie procure ce dont on ignore avoir besoin. »
Sylvain Tesson
Blanc, éditions Gallimard, 2022
Les montagnes, chargées de neiges indestructibles…
« Les montagnes, chargées de neiges indestructibles, étaient des voies lactées toutes proches de mon âme ; et, au-delà du cliquetis et de la rumeur de la colonne, je percevais un silence plus pénétrant que celui de mes livres. O théologiens, vous ignorez que vous êtes aussi des poètes et que vous hantez les mêmes sommets éternels où par les belles nuits le haut vers lyrique vient accomplir vos balbutiements essentiels ! »
Pierre Drieu la Rochelle
L’homme à cheval, 1943, éditions Gallimard, coll. Folio, 1973
Ce sont les témoins muet des âges disparus…
« Parmi les rochers sans nombre qui couronnent les Vosges et parsèment leurs flancs, il y a, comme en Bretagne, des pierres qui parlent. Debout sur la crête nue des montagnes ou sur la pente abrupte au milieu de vastes sapinières, ces menhirs gigantesques dominent des océans de verdure. Ce sont les témoins muet des âges disparus. Quand, par les nuits sombres, on approche l’oreille des fissures du grès couvert de mousse, on croit entendre des rires clairs ou des soupirs mélodieux s’échapper des entrailles de la pierre. Est-ce le vent qui joue dans les volutes de ces vieilles rocailles ? Est-ce le frémissement musical des hautes branches d’un sapin séculaire ? Les filles du village vous diront que c’est la voix des fées qui révèlent le passé et prédisent l’avenir. »
Édouard Schuré
Les Légendes de l’Alsace – Promenades et Souvenirs, in Revue des Deux Mondes, tome 60, 1883
Toujours plus dur, toujours plus beau…
« Pour les alpinistes de très haut niveau, il s’agit de toujours aller là où les autres ne sont pas allés, ou de passer au même endroit, mais autrement ; toujours plus dur, toujours plus beau. »
Anne-Laure Blanc
Monts affreux, monts sublimes ? L’alpinisme, une école de vie, 6e colloque annuel de l’Institut Iliade, 19 septembre 2020
Celui qui gravit les plus hautes montagnes…
« Celui qui gravit les plus hautes montagnes, celui-là se rit de toutes les tragédies, qu’elles soient réelles ou non. »
Friedrich Nietzsche
Ainsi parlait Zarathoustra – Un livre pour tous et pour personne (Also sprach Zarathustra – Ein Buch für Alle und Keinen), 1883 – 1885, trad. Geneviève Bianquis, éditions Garnier-Flammarion, 2006
Plus ils se rapprochaient du faîte de la montagne sacrée…
« Plus ils se rapprochaient du faîte de la montagne sacrée et plus chaque arbrisseau, chaque arbre semblait posséder sa propre nature divine comme si, tout naturellement, il était lui-même devenu un dieu.
Lorsque, par exemple le vent attrapait les extrémités des grands chênes, dispersant leurs fleurs en nuée jaune pâle qui planait ensuite à travers la solitude forestière de la montagne, Honda sentait en lui que ce tableau éclatait d’esprit divin, comme une brusque décharge électrique. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
Les vallées des Alpes ont cela de remarquable…
« Les vallées des Alpes ont cela de remarquable, qu’elles sont en quelque sorte complètes. Chacune d’elles présente, souvent dans l’espace le plus borné, une espèce d’univers à part. Elles ont toutes leur aspect, leur forme, leur lumière, leurs bruits particuliers. On pourrait presque toujours résumer d’un mot l’effet général de leur physionomie. La vallée de Sallenches est un théâtre ; la vallée de Servoz est un tombeau ; la vallée de Chamonix est un temple. »
Victor Hugo
Fragment d’un Voyage aux Alpes, in Revue des Deux Mondes, tome 3, 1831
La littérature romanesque et sentimentale…
« Il faut reconnaître que la littérature romanesque et sentimentale, oscillant entre tragique et vaudeville, humour et sociologie, ainsi que la littérature idéologique, nationaliste, guerrière parfois, ont parfois obscurci les réalités de l’alpinisme, en en donnant une image biaisée. Non, l’Alpe n’est pas homicide. Non, on ne “déflore” pas un sommet “vierge”. Non, le rappel ne sert pas à monter mais à descendre. Non, grimper “à mains nues” ne veut pas dire “sans gants” mais “sans aide” – et n’est pas la traduction de by fair means. Oui, le Tartarin d’Alphonse Daudet posera toujours des questions absurdes à M. Dumollet, l’anti-héros de Samivel. »
Anne-Laure Blanc
Monts affreux, monts sublimes ? L’alpinisme, une école de vie, 6e colloque annuel de l’Institut Iliade, 19 septembre 2020
Les tableaux de la création que l’on découvre du sommet des montagnes…
« Les tableaux de la création que l’on découvre du sommet des montagnes augmentent dans le cœur de l’homme le sentiment religieux ; à la vue de tant de merveilles, on se trouve naturellement disposé à adorer la main qui les tira du néant. Plus on s’élève vers le ciel, moins il semble que la prière ait d’espace à franchir pour arriver à Dieu : les anciens Perses sacrifiaient sur les hauteurs, et les Grecs avaient couronné de leurs temples les cimes de l’Olympe, du Cythéron et du Taygète. Les rochers des Alpes étaient consacrés par les divinités du Capitole ; mais si les Romains avaient un Jupiter Pœnnin sur le Saint-Gothard, ils n’y avaient pas un hospice : personne ne s’y enterrait vivant pour secourir le voyageur ; ce sont là les œuvres du christianisme. »
François-René de Chateaubriand
Sur le mont Valérien, 1819, Dufour, Mulat et Boulanger éditeurs, 1854
Tu rencontreras sur ta route des hommes…
« Fils, s’il t’est donné de vivre, tu rencontreras sur ta route des hommes qui sont suivis par des troupeaux de montagnes. Des hommes qui arrivent dans des pays, nus et crus. On remarque à peine que leurs mains ouvertes éclairent l’ombre comme des veilleuses. Quand on le remarque. Et voilà que les montagnes se lèvent et marchent à leur suite. Et voilà que tous les mécaniciens de raison tapent du poing sur leurs tables. Voilà qu’ils crient : “Il y a dix ans que je cherche des formules, dix ans que je noircis du papier, dix ans que j’use des arithmétiques. Dix ans que je cherche le bouton secret”. Et celui-là est arrivé et il a dit tout simplement : “Montagne” et puis la montagne s’est dressée. Où est la justice ?
“Elle est là, fiston la justice.
L’espérance… ” »
Jean Giono
Jean le Bleu, 1932, Éditions Grasset, coll. Les cahiers rouges, 2005
Cet homme, élancé, beau, vêtu de sa tunique grise râpée…
« Cet homme, élancé, beau, vêtu de sa tunique grise râpée, descendant en pèlerin les flancs de la montagne, la clarté de ses yeux gris débordant d’éclat et d’une nostalgie sûre de son objet, était Zarathustra descendant des hauteurs, ou bien le Pèlerin de Goethe. Le soleil jouait dans la fine poussière de craie que ses pieds et les nôtres soulevaient, et la lumineuse roche du chemin semblait sonner sous ses semelles… »
Walter Flex
Le pèlerin entre deux mondes (Der Wanderer zwischen beiden Welten), 1916, trad. Philippe Marcq, éditions ACE, 2020
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