« Les tableaux de la création que l’on découvre du sommet des montagnes augmentent dans le cœur de l’homme le sentiment religieux ; à la vue de tant de merveilles, on se trouve naturellement disposé à adorer la main qui les tira du néant. Plus on s’élève vers le ciel, moins il semble que la prière ait d’espace à franchir pour arriver à Dieu : les anciens Perses sacrifiaient sur les hauteurs, et les Grecs avaient couronné de leurs temples les cimes de l’Olympe, du Cythéron et du Taygète. Les rochers des Alpes étaient consacrés par les divinités du Capitole ; mais si les Romains avaient un Jupiter Pœnnin sur le Saint-Gothard, ils n’y avaient pas un hospice : personne ne s’y enterrait vivant pour secourir le voyageur ; ce sont là les œuvres du christianisme. »
François-René de Chateaubriand
Sur le mont Valérien, 1819, Dufour, Mulat et Boulanger éditeurs, 1854