« Avec le lait maternel, il avait sucé la tradition intangible de sa famille. Avant de pénétrer de quoi il s’agissait, il avait appris à comprendre que sa vie n’était sienne que partiellement. Depuis longtemps déjà, il avait clairement saisi qu’il ne tenait pas seulement dans sa main son propre honneur mais aussi celui des morts et des gens à naître. Car un homme sans honneur jette de l’ombre des deux côtés… Ses ancêtres aussi bien que ses descendants avaient une exigence sans appel à son égard : l’exigence de l’honneur.
Et il n’avait pas dans l’esprit de trahir, ni lui-même, ni les morts, ni les non-nés… »
Gunnar Gunnarsson
Frères jurés, 1918, éditions Fayard, 2000