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Citations sur le christianisme

Nous voyons dans la musique classique l’essence et la somme de notre culture…

« Nous voyons dans la musique clas­sique l’essence et la somme de notre culture, car elle est son geste et sa mani­fes­ta­tion la plus évi­dente et la plus révé­la­trice. Nous pos­sé­dons en elle l’héritage de l’Antiquité et du chris­tia­nisme, un esprit de pié­té sereine et cou­ra­geuse, une morale d’un che­va­le­resque inéga­lable. Car c’est en fin de compte le sens d’une morale que revêt toute mani­fes­ta­tion clas­sique de culture, l’abrégé en un geste d’un idéal du com­por­te­ment humain. »

Her­mann Hesse
Le Jeu des perles de verre (Das Glas­per­len­spiel), 1943, trad. Jacques Mar­tin, Cal­mann-Lévy édi­teur, 1955

J’admire les idiots cultivés, enflés de culture…

« J’ad­mire les idiots culti­vés, enflés de culture, dévo­rés par les livres comme par des poux, et qui affirment le petit doigt en l’air qu’il ne se passe rien de nou­veau, que tout s’est vu. Qu’en savent-ils ? L’a­vè­ne­ment du Christ a été un fait un nou­veau. La déchris­tia­ni­sa­tion du monde en serait un autre. Il est clair que per­sonne n’ayant jamais obser­vé ce second phé­no­mène, ne peut se faire une idée de ses conséquences. »

Georges Ber­na­nos
Les grands cime­tières sous la lune, Librai­rie Plon, 1938, coll. Le Livre de Poche, 1977

Un germe vivace et indestructible de paganisme…

« L’art chré­tien, dès le pre­mier jour de son exis­tence, por­tait en lui-même un germe vivace et indes­truc­tible de paga­nisme. Ce germe ne s’est épa­noui dans toute sa richesse qu’au souffle de Raphaël ; néan­moins l’éclosion en avait été pré­pa­rée par un tra­vail tan­tôt lent et sou­ter­rain, tan­tôt prompt et mani­feste, mais pen­dant douze siècles jamais inter­rom­pu. L’auteur des Trois Grâces, de Gala­tée et de Psy­ché n’avait donc, pour réin­té­grer la beau­té phy­sique dans sa digni­té, ni à bri­ser la tra­di­tion chré­tienne, ni à rame­ner l’homme en arrière jusqu’au culte exclu­sif de la nudi­té. Sa tâche, clai­re­ment indi­quée, était d’opérer le rap­pro­che­ment défi­ni­tif de deux forces esthé­tiques admi­ra­ble­ment fécondes, qui, depuis notre ère, s’appelaient, se cher­chaient et ne deman­daient qu’à se confondre. »

Charles Lévêque
L’Œuvre païenne de Raphaël, in Revue des Deux Mondes, tome 76, 1868

La voix lointaine des muses grecques est encore entendue…

« Aux plus mau­vais jours, au milieu du fra­cas des villes qui tombent et des temples qui s’écroulent, la voix loin­taine des muses grecques est encore enten­due. Ain­si, au sor­tir des cata­combes, le culte nou­veau, loin de sup­pri­mer les fêtes antiques, les tourne à son usage. Par exemple, on avait retar­dé la fête de la Visi­ta­tion afin que les pay­sans d’Enna, en Sicile, pussent appor­ter à l’autel du Christ les épis mûrs dont ils avaient cou­ron­né jusque-là les sta­tues de Cérès. Grâce à une tran­si­tion habi­le­ment ména­gée, les ambar­vales s’étaient chan­gées en cette pompe rus­tique nom­mée la pro­ces­sion des roga­tions. Les murs des vieilles basi­liques conquises et consa­crées par la foi chré­tienne se cou­vraient de mosaïques où brille çà et là un rayon d’élégance et de noblesse. Par­fois sévère jusqu’à la dure­té envers les repré­sen­ta­tions qui tra­his­saient la plus légère pal­pi­ta­tion de la chair, l’église avait des retours de jus­tice et des heures de pro­tec­tion pour les restes d’un pas­sé qu’elle n’était pas tenue de défendre. »

Charles Lévêque
L’Œuvre païenne de Raphaël, in Revue des Deux Mondes, tome 76, 1868

Les flammes qui allaient traverser les siècles…

« Dans le silence de la nuit funèbre, écar­tant les mains jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table Ronde et les com­pa­gnons de Saint Louis, les pre­miers com­bat­tants tom­bés à la prise de Jéru­sa­lem et les der­niers fidèles du petit roi lépreux, toute l’assemblée des rêves de la chré­tien­té regar­dait, de ses yeux d’ombre, mon­ter les flammes qui allaient tra­ver­ser les siècles, vers cette forme enfin immo­bile, qui deve­nait le corps brû­lé de la che­va­le­rie. »

André Mal­raux
Dis­cours pro­non­cé à Rouen à l’oc­ca­sion des fêtes de Jeanne d’Arc, le 31 mai 1964

L’Europe est née d’une catastrophe…

« L’Eu­rope est née d’une catastrophe.
Avant elle, il y avait l’Em­pire romain, empire médi­ter­ra­néen, donc mari­time et non conti­nen­tal. Bien avant sa chute, il s’é­tait divi­sé, déjà, en deux par­ties cultu­rel­le­ment dis­tinctes : l’Em­pire d’O­rient qui par­lait grec, et l’Em­pire d’Oc­ci­dent qui par­lait latin — l’un et l’autre ron­gés en dedans par la lèpre chré­tienne.
Lors des grandes inva­sions du Ve siècle, l’Em­pire d’O­rient résiste, et il résis­te­ra pen­dant tout le moyen-âge. Mais l’Oc­ci­dent s’ef­fondre et se voit contraint d’a­dop­ter une atti­tude col­la­bo­ra­trice”, en s’ef­for­çant de main­te­nir une cer­taine conti­nui­té cultu­relle. Le schisme entre catho­liques et ortho­doxes n’est pas autre chose que le reflet de cette sépa­ra­tion politique. »

Pierre Gri­pa­ri
Cri­tique et auto­cri­tique, édi­tions L’Âge d’Homme, 1981

Le dernier conservatoire des ferveurs européennes traditionnelles…

« Il a exis­té un catho­li­cisme rural qui, quant à lui, était poly­lâtre, à cultes mul­tiples, et magni­fiait nombre de saints locaux, ceux des ter­ri­toires parois­siaux. Il en sub­siste encore des traces en Bre­tagne, en Irlande, en Espagne ou en Ita­lie. Ce catho­li­cisme-là a été le der­nier conser­va­toire des fer­veurs euro­péennes tra­di­tion­nelles, très éloi­gnées des conte­nus mono­théistes officiels. »

Jean-Fran­çois Gautier
Entre­tien au site Le Rouge et le Noir, 5 avril 2016

La justice, c’est comme la Sainte-Vierge…

« La jus­tice, c’est comme la Sainte-Vierge, si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe. »

Michel Audiard
Phi­lippe Noi­ret dans Pile ou Face (film), 1980, in Audiard par Audiard, édi­tions René Châ­teau, 2005

Les tableaux de la création que l’on découvre du sommet des montagnes…

« Les tableaux de la créa­tion que l’on découvre du som­met des mon­tagnes aug­mentent dans le cœur de l’homme le sen­ti­ment reli­gieux ; à la vue de tant de mer­veilles, on se trouve natu­rel­le­ment dis­po­sé à ado­rer la main qui les tira du néant. Plus on s’é­lève vers le ciel, moins il semble que la prière ait d’es­pace à fran­chir pour arri­ver à Dieu : les anciens Perses sacri­fiaient sur les hau­teurs, et les Grecs avaient cou­ron­né de leurs temples les cimes de l’O­lympe, du Cythé­ron et du Tay­gète. Les rochers des Alpes étaient consa­crés par les divi­ni­tés du Capi­tole ; mais si les Romains avaient un Jupi­ter Pœn­nin sur le Saint-Gothard, ils n’y avaient pas un hos­pice : per­sonne ne s’y enter­rait vivant pour secou­rir le voya­geur ; ce sont là les œuvres du chris­tia­nisme. »

Fran­çois-René de Chateaubriand
Sur le mont Valé­rien, 1819, Dufour, Mulat et Bou­lan­ger édi­teurs, 1854

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