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Le livre
L'agonie de la vieille

L'agonie de la vieille

Auteur : Jean Cau
Édi­teur : édi­tions de La Table ronde, coll. La table Ronde de com­bat, Les brû­lots n°15 (1970)

Pré­sen­ta­tion par l’au­teur : « Si j’a­vais écrit ce livre en espa­gnol, je l’au­rais appe­lé : Llan­to por la Demo­cra­tia”… san­glot pour la Démo­cra­tie. C’est une veillée funèbre. Je suis au che­vet de l’a­go­ni­sante et, dans le silence et la pénombre de la chambre, assis sur une chaise de paille, j’as­siste aux der­niers moments de notre bonne vieille Démo­cra­tie en train de cas­ser sa pipe. Nous l’ai­mions. Je l’ai­mais. Ce n’é­tait pas un amour fou mais rai­son­nable avec ce que cela sup­po­sait de rou­tine, d’ha­bi­tude et d’im­pal­pable indifférence.
Elle se meurt et longue est la veillée. Du coup, comme il arrive en ces sortes de tristes cir­cons­tances, on se prend à rêver, à rêvas­ser, à pen­ser, à évo­quer, à se sou­ve­nir afin que s’é­coule la nuit. C’est ce que j’ai fait. Comme un pêcheur son filet, j’ai lais­sé traî­ner mes idées et mes mots sur tout ce qui me pas­sait par la tête : sur mes enfances, mon ado­les­cence, mes pas­sions, mes intui­tions, mes opi­nions, mes divi­na­tions ; sur les fonds” poli­tiques et moraux de notre époque ; sur mes ami­tiés, sur mes désordres. Mais, tou­jours, j’ai gar­dé les yeux fixés sur le pauvre visage exsangue de notre grand-mère en train d’a­go­ni­ser en m’ef­for­çant de me rap­pe­ler ses bon­tés plu­tôt que ses innom­brables fredaines.
Bref, vous ver­rez, le livre a l’air d’un patch­work” mais, en véri­té, il n’en est rien. Il est tou­jours tis­sé du même fil. Il est le lin­ceul dans lequel j’en­ve­loppe des morts dont j’ose dire le nom et que je regarde en face. »

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Découvrez 9 citations extraites du livre

Le con, c'était la bête qui tend la croupe au fer rouge...

« Le con, dans ma ter­mi­no­lo­gie féo­dale, c’é­tait celui qui se pré­pa­rait à l’in­té­gra­tion sans être rava­gé par la fureur. C’é­tait la bête qui tend la croupe au fer rouge. C’é­tait le mor­ceau de sucre heu­reux de se fondre dans la mélasse sociale. C’é­tait le gars à qui le père Tou­bib ou avo­cat pas­sait le flam­beau et qui, au lieu de l’é­cra­ser sous sa semelle et de l’é­teindre, le recueillait comme un Graal. »

Jean Cau
L’a­go­nie de la vieille, édi­tions de La Table ronde, coll. La table Ronde de com­bat, Les brû­lots n°15, 1970

Une flamme encore féerique...

« Une flamme encore fée­rique, qui se déve­lop­pe­ra en incen­die, s’é­lève et court sur la face du monde. Elle éclaire bizar­re­ment la danse des prin­cipes et des res­sources. Les mœurs, les patri­moines fondent. Les mys­tères et les tré­sors se font vapeurs. Le res­pect se dis­sipe et toutes les chaînes s’a­mol­lissent dans cette ardeur de vie et de mort qui va croître jus­qu’au délire. »

Paul Valé­ry, cité par Jean Cau
L’agonie de la vieille, édi­tions de La Table ronde, coll. La table Ronde de com­bat, Les brû­lots n°15, 1970

La Démocratie, vide de sacré, est un athéisme absolu...

« La Démo­cra­tie, vide de sacré, est un athéisme abso­lu. Non pas une foi mais une confiance, ce qui fai­sait dire à Paul Valé­ry qu’on ne sau­rait être démo­crate avec esprit. Il est vrai, puisque l’es­prit est doute et iro­nie et ne s’a­ven­ture qu’à pas pru­dents et tou­jours prêts au retrait, sur les ter­rains de la confiance. On ne sau­rait être démo­crate avec esprit ? On ne sau­rait l’être non plus lors­qu’on a dix-huit ans, âge où tout est élan. »

Jean Cau
L’a­go­nie de la vieille, édi­tions de La Table ronde, coll. La table Ronde de com­bat, Les brû­lots n°15, 1970

Qu'est-ce qu'une éducation ?

« Mais qu’est-ce qu’une édu­ca­tion ?
Ceci : don­ner à un enfant soit la maî­trise, soit l’ex­pli­ca­tion de son carac­tère soit les deux — au fur et à mesure que celui-ci évo­lue et s’ouvre au monde. »

Jean Cau
L’a­go­nie de la vieille, édi­tions de La Table ronde, coll. La table Ronde de com­bat, Les brû­lots n°15, 1970

Le fleuve occidental roule ses eaux de fange qui charrient des idéologies...

« Le fleuve occi­den­tal — fleuve de Baby­lone — roule ses eaux de fange qui char­rient des idéo­lo­gies, des chiens cre­vés, des reli­gions, des figures de proue laquées de vase verte et des pères étran­glés. Sur la rive, il n’y a per­sonne. Si : des gar­çons et des filles qui se chargent”, des couples qui for­niquent avec un micro­phone autour du cou, des socio­logues bar­bus et des psy­chiatres glabres. Ils méditent un doigt sur la tempe ; ou ricanent. »

Jean Cau
L’a­go­nie de la vieille, édi­tions de La Table ronde, coll. La table Ronde de com­bat, Les brû­lots n°15, 1970

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