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Citations sur le mouvement
Les rues de New York…
« On dit : en Europe la rue est vivante, en Amérique elle est morte. C’est faux. Rien de plus intense, de plus électrisant, de plus vital et de plus mouvementé que les rues de New York. La foule, le trafic, la publicité l’occupent tantôt avec violence, tantôt avec désinvolture. Des millions de gens l’occupent, errants, nonchalants, violents, comme s’ils n’avaient rien d’autre à faire, et sans doute n’ont-ils réellement rien à faire que de produire le scénario permanent de la ville. […] La rue américaine ne connaît peut-être pas de moments historiques, mais elle est toujours mouvementée, vitale, cinétique, et cinématique, à l’image du pays lui-même, où la scène proprement historique et politique compte peu, mais où la virulence du changement, qu’il soit alimenté par la technologie, la différence des races, les media, est grande : c’est la violence même du mode de vie. »
Jean Baudrillard
Amérique, éditions Grasset, 1986, Le Livre de Poche, coll. Biblio essais, 1988
S’adapter est le nom que l’impuissance donne à l’action…
« “S’adapter” est le nom que l’impuissance donne à l’action. “Sens de l’Histoire” est le nom que des dirigeants incapables donnent au mouvement qu’ils ne savent empêcher. Ainsi s’épargnent-ils la charge de veiller tendrement sur les héritages de l’Histoire. »
Sylvain Tesson
Blanc, éditions Gallimard, 2022
L’Histoire est ce qui passe…
« L’Histoire est ce qui passe au milieu de ce qui demeure. »
Sylvain Tesson
Blanc, éditions Gallimard, 2022
Le retour/recours aux sources…
« Le retour/recours aux sources est tout sauf un « retour en arrière ». C’est un retour vers l’avant. La condition même d’une remise en mouvement. La source n’est pas « au début », elle est au centre. »
Alain de Benoist
L’exil intérieur. Carnets intimes, Krisis / éditions La Nouvelle Librairie, 2022
Nous devons être jeunes et nouveaux…
« La jeunesse, comme l’étranger, nous boute hors des atmosphères chaudes et des lieux connus. Sa vertu n’est pas de changer le monde : le changement peut être recul, et le nouveau n’est pas toujours du neuf. Elle est d’être la jeunesse, c’est-à-dire cette pureté intérieure, cette bonne grâce, cette fraicheur et cette abondance que l’on voit plus particulièrement dans les choses qui viennent de naître. Nous devons être jeunes et nouveaux, non parce que l’être est mouvement, mais parce que la durée matérielle momifie, et qu’il n’est qu’un moyen de rester purs, de bonne grâce, frais et féconds, qui est de renaître toujours. Paradoxes du monde : comme l’abandon consolide la personne, c’est le perpétuel renouveau qui sauvegarde les richesses éternelles. Une direction, un contour, voilà la vérité : mais à l’intérieur un voyage inépuisable. »
Emmanuel Mounier
« Pour une réhabilitation de la communauté », in Krisis n°16, juin 1994
Le progressisme, nous l’avons dit, n’est pas une option politique…
« En réalité, le progressisme, nous l’avons dit, n’est pas une option politique, mais une neutralisation de la politique. Il ne consiste pas à considérer qu’un progrès est désirable — ce qui est une tautologie, mais à considérer que tout mouvement est un progrès. De ce point de vue, la seule maxime qui reste à la politique est l’injonction de tout faire pour libérer le mouvement, pour défaire les immobilismes, pour déconstruire les barrières, pour “laisser faire et laisser passer”. La politique est conduite par là à s’effacer pour que plus rien ne puisse empêcher la circulation universelle des personnes et des choses, orchestrée par l’économie marchande. »
François-Xavier Bellamy
Demeure. Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel, Éditions Grasset, 2018
Ce qui est en jeu…
« Ce qui est en jeu, ce n’est pas d’arrêter le mouvement ; c’est au contraire de sauver la possibilité d’un mouvement authentique. Pour qu’un changement effectif nous approche du meilleur, encore faut-il un point d’appui : “Donnez-moi, demandait Archimède, un point fixe et un levier, et je soulèverai la terre.” Si l’on nous refuse tout point fixe, nos leviers même les plus puissants ne nous serviront à rien… En affirmant que tout est mobile, on tue en fait le mouvement. Le progressisme a détruit l’idée de progrès en décrivant le changement comme nécessaire par principe. Il faut sauver de cette illusion absurde les progrès véritables dont nous avons besoin : et voilà comment nous pourrons remettre la main sur notre propre destin. »
François-Xavier Bellamy
Demeure. Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel, Éditions Grasset, 2018
La conscience humaine ne vise à rien de moins que l’éternité…
« La conscience humaine ne vise à rien de moins que l’éternité. Et c’est précisément ce que professe la philosophie naissante face à la sophistique : quand l’intelligence n’a d’autre but que de changer aussi vite que les ombres qui passent, elle devient inconsistante comme elles et tout aussi inféconde. De la même manière, quand le progressisme moderne s’enorgueillit d’être l’art d’épouser au mieux le mouvement, quand il considère par principe qu’il faut changer, bouger, évoluer, alors il détruit la possibilité de tout progrès authentique. »
François-Xavier Bellamy
Demeure. Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel, Éditions Grasset, 2018
La science elle-même se déploie dans le temps…
« La science elle-même se déploie dans le temps, bien sûr : elle découvre peu à peu de nouvelles connaissances, de nouvelles vérités, qui ajustent l’une après l’autre notre représentation du réel. Mais si la science a une histoire, c’est celle d’un mouvement vers cette vérité qui n’en a pas, et dont la nécessité est étrangère à nos découvertes. L’histoire des sciences a un sens, parce que les sciences s’approchent peu à peu dans le temps de ce qui est extérieur au temps. Et on peut parler de ce cheminement de la science comme d’un progrès, si l’on considère ce cheminement par rapport à l’objectif immuable que constitue la vérité, vers laquelle tout chercheur tente simplement d’avancer.
On ne peut donc parler de progrès que pour décrire un mouvement qui se connaît pour but un point d’arrivée immobile. »
François-Xavier Bellamy
Demeure. Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel, Éditions Grasset, 2018
Nous sommes, comme Achille, poursuivis par les eaux…
« En termes écologiques, on dit que les signaux d’alerte sont dans le rouge. En termes mythologiques, on dit que les fleuves débordent de dégoût. Nous sommes, comme Achille, poursuivis par les eaux. Nous ne comprenons pas encore qu’il faut ralentir notre course vers ce gouffre que nous continuons sottement à appeler le progrès. »
Sylvain Tesson
Un été avec Homère, Éditions des Équateurs, 2018
La modernité est l’univers…
« La modernité est l’univers dans lequel le mouvement prend toute la place, à la fois comme un fait et comme une norme. Le mouvement est tout ce qui est, et tout ce qui doit être. Malheur à celui qui n’est pas assez mobile, pas assez souple et adaptable, pour se couler dans le flux : il constitue une objection vivante à ce monde nouveau, à ce monde du nouveau, qui ne lui pardonnera pas de rester comme un fossile encombrant au milieu de l’innovation triomphante. La modernité se caractérise par une immense colère contre ce qui ne se met pas à son rythme. »
François-Xavier Bellamy
Demeure. Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel, Éditions Grasset, 2018
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