« La jeunesse, comme l’étranger, nous boute hors des atmosphères chaudes et des lieux connus. Sa vertu n’est pas de changer le monde : le changement peut être recul, et le nouveau n’est pas toujours du neuf. Elle est d’être la jeunesse, c’est-à-dire cette pureté intérieure, cette bonne grâce, cette fraicheur et cette abondance que l’on voit plus particulièrement dans les choses qui viennent de naître. Nous devons être jeunes et nouveaux, non parce que l’être est mouvement, mais parce que la durée matérielle momifie, et qu’il n’est qu’un moyen de rester purs, de bonne grâce, frais et féconds, qui est de renaître toujours. Paradoxes du monde : comme l’abandon consolide la personne, c’est le perpétuel renouveau qui sauvegarde les richesses éternelles. Une direction, un contour, voilà la vérité : mais à l’intérieur un voyage inépuisable. »
Emmanuel Mounier
« Pour une réhabilitation de la communauté », in Krisis n°16, juin 1994