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Citations sur l’amitié
L’amitié, c’est d’avoir un ennemi commun…
L’admiration de l’excellence humaine relève d’un éthos aristocratique…
« L’admiration de l’excellence humaine relève d’un éthos aristocratique. Il est peut-être un peu excentrique de parler d’aristocratie à notre époque, mais il convient de tenir compte de cette vérité paradoxale : l’égalité est elle-même un idéal aristocratique. C’est l’idéal de l’amitié entre ceux qui se tiennent à distance de la masse et se reconnaissent entre eux comme des pairs. Cela peut concerner des professionnels spécialisés ou des travailleurs sur un chantier. En revanche, l’idéal bourgeois ne repose pas sur un principe d’égalité, mais sur un principe d’équivalence – sur l’idée d’une interchangeabilité qui efface les différences de rang. »
Matthew B. Crawford
Éloge du carburateur : Essai sur le sens et la valeur du travail (Shop Class as Soulcraft : An Inquiry Into the Value of Work), 2009, trad. par Marc Saint-Upéry, éditions La Découverte, 2010
Affronter une mort certaine…
« Qu’il nous soit donné (…) d’affronter les périls afin de chasser toutes divinités mauvaises et tous esprits pervers.
Qu’il nous soit donné, forgeant entre nous amitié profonde, de nous entraider comme des camarades, en affrontant les périls auxquels est exposée la patrie.
Qu’il nous soit sonné, sans chercher le pouvoir, sans souci de récompense personnelle, d’affronter une mort certaine pour devenir les premières pierres de la Restauration. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
Une amitié pour être bien trempée doit l’être dans le sang des autres…
L’amitié ne se forge pas seulement en discutant…
« L’amitié ne se forge pas seulement en discutant dans la chaleur des troquets. Elle s’éprouve aussi dans l’effort des marches en forêt. »
Erik L’Homme
Le regard des princes à minuit, éditions Gallimard Jeunesse, coll. Scripto, 2014
La distinction du politique c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi…
« La distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques, c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi. Elle fournit un principe d’identification qui a valeur de critère, et non une définition exhaustive ou compréhensive. »
Carl Schmitt
La notion de politique (Der Begriff des Politischen), 1927, éditions Calmann-Lévy, 1972
Une communauté subsiste tant que parmi ses membres…
« Une communauté subsiste tant que parmi ses membres les causes d’amitié et d’union restent supérieures aux causes d’inimitié et de division. Les tribunaux sont établis pour châtier, réprimer et, s’il le faut, exclure ceux de chaque communauté qui montrent envers leurs confrères ce visage de loup qu’ils doivent réserver à l’ennemi commun. De même les honneurs anthumes ou posthumes ont servi de tout temps à récompenser ceux des membres de la communauté qui se sont montrés les plus “loups” envers l’ennemi ou, s’il est permis d’ainsi dire, les plus “dieux” envers leurs amis et compatriotes. Beaucoup de héros ont été déifiés ainsi, à titre militaire ou civil. »
Charles Maurras
Mes idées politiques, 1937, Éditions L’Âge d’Homme, 2002
Rien, jamais, en effet ne remplacera le compagnon perdu…
« Peu à peu nous découvrons que le rire clair de celui-là nous ne l’entendrons plus jamais, nous découvrons que ce jardin-là nous est interdit pour toujours. Alors commence notre deuil véritable qui n’est point déchirant mais un peu amer.
Rien, jamais, en effet ne remplacera le compagnon perdu. On ne se crée point de vieux camarades. Rien ne vaut le trésor de tant de mauvaises heures vécues ensemble, de tant de brouilles, de réconciliations, de mouvements de cœur. On ne reconstruit point ces amitiés-là. Il est vain si l’on plante un chêne, d’espérer s’abriter bientôt sous son feuillage.
Ainsi va la vie. Nous nous sommes enrichis d’abord, nous avons planté pendant des années, mais viennent les années où le temps défait ce travail et déboise. Les camarades, un à un, nous retirent leur ombre. Et à nos deuils se mêle désormais le regret secret de vieillir. »
Antoine de Saint-Exupéry
Terre des hommes, éditions Gallimard, 1939
Il faut que nous nous employions à la sauvegarde…
« Oui, il faut que nous nous employions à la sauvegarde des gens mariés, des veuves, des vieilles gens et des orphelins. Mais pour cela nous devons être plus nombreux, il faut que nous arrivions à être une centaine et davantage, tous des gars comme nous, qui restent capables de rire, même si la grenaille de plomb ne veut pas se détourner de leur chemin. Chacun doit donc se trouver un ou deux ou trois bons amis qui devront nous aider en cas de besoin. Mais il faut qu’ils soient tous garçons et qu’aucun ne soit fils unique d’une veuve, et s’il y en a un qui a déjà fait un gosse à une fille, il faut qu’il réfléchisse avant de s’engager envers nous. Mais s’il y en a un dans ce cas-là et qu’il lui arrive malheur, ce sera notre devoir de venir en aide à la femme et à l’enfant pour les tirer de la détresse et du besoin. Et maintenant, nous allons nous jurer fraternité, pour les jours de détresse jusqu’à la mort, pour le meilleur et pour le pire, afin que nous agissions tous pour un et un pour tous, mais aussi nous tous pour tous ceux qui vivent dans le marais et sont de notre race. »
Hermann Löns
Le Loup-Garou (Der Wehrwolf), 1910, éditions Art et Histoire d’Europe, 1988