« Ce que j’appelle enfance, c’est ce qu’il reste de sauvagerie dans un homme. »
Jean Cau
L’agonie de la vieille, éditions de La Table ronde, coll. La Table Ronde de combat, Les brûlots n°15, 1970
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« Ce que j’appelle enfance, c’est ce qu’il reste de sauvagerie dans un homme. »
Jean Cau
L’agonie de la vieille, éditions de La Table ronde, coll. La Table Ronde de combat, Les brûlots n°15, 1970
« Mais il faut remarquer aussi que l’homme naît original, et qu’il subsiste un devoir de le maintenir dans cet état. Il existe, à côté de la formation et du dressage par les institutions, un rapport immédiat au monde, et c’est de lui que nous vient notre force profonde. L’œil doit conserver la force, ne serait-ce que le temps d’un battement de paupière, de voir les œuvres de la terre comme au premier jour, c’est-à-dire dans leur splendeur divine. Il est des époques – et des états peut-être – où ce don est réparti parmi les hommes comme la rosée sur les feuilles. Il en est d’autres, par contre, où s’évanouit cet éther doré qui baigne les images, et les choses ne subsistent plus que sous les formes où nous les comprenons. La vision immédiate, qu’on nommera si l’on veut poésie, peut alors acquérir la valeur immense d’une source qui jaillit du désert. »
Ernst Jünger
Le cœur aventureux (Das abenteuerliche Herz), 1938, trad. Henri Thomas, Gallimard, 1942
« Derrière le “pas-de-vaguisme” (pas de couilles, pas d’embrouilles…), l’idéologie dominante qu’on appelle gentiment “politiquement correcte” ou qu’on qualifie de “pensée unique” est un véritable rouleau compresseur qui nie les frontières : entre les hommes, entre les sexes, entre les territoires et les terroirs. »
Jean-Yves Le Gallou
La société de propagande. Manuel de résistance au goulag mental, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Cartouches, 2022
« Mes choix profonds n’étaient pas d’ordre intellectuel mais esthétique. L’important pour moi n’était pas la forme de l’État — une apparence — mais le type d’homme dominant la société. Je préférais une république où l’on cultivait le souvenir de Sparte à une monarchie vautrée dans le culte de l’argent. Il y avait dans ces simplifications un grand fond de vérité. Je crois toujours aujourd’hui que ce n’est pas la loi qui est garante de l’homme, mais la qualité de l’homme qui garantit la loi. »
Dominique Venner
Le Cœur rebelle, Les Belles Lettres, 1994, réédition Pierre-Guillaume de Roux, 2014
« Le lien direct entre cette théorie traditionnelle de la connaissance et l’exigence pratique que le tantrisme met au premier plan est évident. En effet, il s’ensuit que toute voie vers une connaissance supérieure est conditionnée par une transformation de soi-même, par un changement existentiel et ontologique de niveau, donc par l’action, le sâdhana. Cela est en net contraste avec la situation générale du monde moderne. En fait, il est évident que si, par ses applications techniques, la connaissance moderne de type “scientifique” donne à l’homme des possibilités multiples et grandioses sur le plan pratique et matériel, elle le laisse démuni sur le plan concret. Par exemple, si, dans le domaine de la science moderne, l’homme arrive à connaître approximativement la marche et les lois de constance des phénomènes physiques, sa situation existentielle n’en est pas changée pour autant. »
Julius Evola
Le yoga tantrique : sa métaphysique, ses pratiques (Lo yoga della potenza), 1949, trad. Gabrielle Robinet, Fayard éditions, coll. L’espace intérieur, 1971
« Personne ne peut affirmer que l’homme fait montre de supériorité quand, employant un moyen technique quelconque, il devient capable de ceci ou de cela : maître de la bombe atomique, capable de désintégrer une planète en appuyant sur un bouton, il ne cesse d’être un homme et de n’être qu’un homme. Il y a pire : s’il arrivait que, par quelque cataclysme, les hommes du kali-yuga fussent privés de toutes leurs machines, ils se trouvaient probablement, dans la plupart des cas, dans un état de plus grande impuissance devant les forces de la nature et des éléments, que le primitif non civilisé. Parce que les machines, justement, et le monde de la technique ont atrophié les vraies forces humaines. On peut dire que c’est par un véritable mirage luciférien que l’homme moderne a été séduit par la “puissance” dont il dispose et dont il est fier. »
Julius Evola
Le yoga tantrique : sa métaphysique, ses pratiques (Lo yoga della potenza), 1949, trad. Gabrielle Robinet, Fayard éditions, coll. L’espace intérieur, 1971
« Une civilisation est un héritage de croyances, de coutumes et de connaissances, lentement acquises au cours des siècles, difficiles parfois à justifier par la logique, mais qui se justifient d’elles-mêmes, comme des chemins, s’ils conduisent quelque part, puisqu’elles ouvrent à l’homme son étendue intérieure. »
Antoine de Saint-Exupéry
in Pilote de Guerre, cité par Philippe de Laitre in Saint-Exupéry. Au-delà du Petit Prince, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Les idées à l’endroit, 2024
« Et pourtant, je crois que la religion ne mourra pas, ne peut pas mourir. Je pense que l’homme est, de tout éternité, un animal religieux, qui chaque fois retrouve son enracinement dans le sacré, rebâtit ses temples, reconstitue ses rites, selon les archétypes universels qui prennent des formes diverses à travers les peuples, les époques, les cultures. Après deux mille ans, en Occident, il fallait peut-être que l’Église s’évanouisse dans cette pestilence pour que, dans un affrontement ultime des mentalités, notre plus vieux passé, notre passé réellement fondamental et initiateur, l’hellénique, nous réapparaisse. »
Louis Pauwels
Comment devient-on ce que l’on est ?, éditions Stock, 1978
« Pour préserver leur existence et leur identité, les hommes doivent aimer leurs familles et leurs peuples, et leur être loyaux. Et c’est seulement s’ils pensent que ce qu’ils ont est bon qu’ils peuvent s’en satisfaire. Un père doit préférer son enfant aux autres enfants, un citoyen son pays aux autres. C’est pour cela qu’existent les mythes : pour justifier ces attachements. Et un homme a besoin d’un lieu et d’opinions pour s’orienter. Tous ceux qui nous parlent de l’importance des racines l’admettent. Une grande étroitesse n’est pas incompatible avec la santé d’un individu ou d’un peuple, alors qu’avec une grande ouverture d’esprit, il est difficile d’éviter la décomposition. »
Allan Bloom
L’Âme désarmée, éditions Julliard, 1987
« Et je pose que la France est d’abord une identité. L’ôter, la pervertir, c’est, à la lettre, l’aliéner car les peuples qui ne savent plus qui ils sont deviennent fous et sont, dès lors, prêts à se ruer derrière l’homme ou dans le système qui leur redonnera, même dans le sang et le feu, cette identité. Celle-ci est forcément composite, s’agissant d’un pays comme la France qui s’est constitué au fil des siècles par une sorte de travail amoureux d’ébénisterie. Avec agrégats, ajouts, fusions, accords, emboîtages, soudures.… »
Jean Cau
Pourquoi la France, éditions de La Table Ronde, 1975
« La vérité du conservatisme est celle de l’historisme, celle du sentiment de la réalité historique, entièrement atrophiée chez le révolutionnaire et chez le radical. Nier la succession historique, c’est rejeter et détruire la réalité historique, c’est vouloir ignorer l’organisme historique vivant, c’est attenter à l’être réel ; cela revient à nier et à détruire l’hérédité personnelle du moi. La réalité historique représente un individu d’un type particulier. Elle a une durée organique, ainsi que des degrés hiérarchiques. Détruire la structure hiérarchique du cosmos historique, c’est détruire l’histoire, et non pas la faire. Il se forme dans le cosmos historique des qualités qui sont irréductibles et indestructibles dans leur fondement ontologique. Cette hiérarchie des qualités fixées dans l’histoire ne doit pas faire obstacle à la formation de qualités nouvelles, elle ne doit pas brider l’élan créateur. Mais aucun mouvement, aucune formation de qualités nouvelles ne peuvent anéantir ni effacer les valeurs et les qualités historiques déjà cristallisées. »
Nicolas Berdiaev
De l’inégalité, éditions L’Âge d’homme, 2008
« Mais quelle Europe ? C’est pourtant en réfléchissant sur l’Europe que nous pourrions accéder au plus haut point de vue d’où nous serait dévoilé dans “tout ce qui se passe” un unique enjeu. Je ne parle pas de l’Europe des marchés ou de l’Europe des masses. Je parle des traditions fondamentales de l’esprit européen. Je parle du réveil de la vieille mentalité européenne, toujours présente en nous portant. Car l’homme est ceci et cela, mais d’abord du temps lié. Je parle de la vieille recréation, sous des formes nouvelles, du vieil esprit de l’Europe, prométhéen et aristocratique. Prométhéen : la volonté de puissance de l’homme sur la nature. Aristocratique : reconnaître et cultiver dans les hommes leur capacité à se distinguer les uns des autres. Vieil esprit pour lequel chiffrer n’est pas tout, et pour lequel le nombre n’est pas le chef. Vieil esprit pour lequel il y a quelque chose au-dessus du social, de l’économique, du quantitatif : la faculté délicate, les hautes énergies intimes qu’il faut pour sentir et pour célébrer la qualité. Vieil esprit immortel qui voit dans les plus profonds enracinements la condition de la plus haute élévation, dans la disparité des natures humaines la condition de l’humanité organique, dans la diversité des cultures la condition de la culture. Je dis que notre fonds est à repenser. Ressaisir le passé de l’Europe, notre héritage, et l’adapter au nouveau millénaire qui approche. Rien ne me paraît plus important que la réflexion sur ce qu’il y a de spécifique dans l’esprit européen. Il y a bien, pour moi, un unique enjeu. Recréer le monde mental européen qui s’oppose à la fois au communisme et à l’américanisme. Et en refaire le premier parce qu’il fut le primordial. »
Louis Pauwels
Comment devient-on ce que l’on est ?, éditions Stock, 1978