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Gustave Thibon

Gustave Thibon (1903-2001) est un paysan, poète et philosophe, issu d’une vieille souche ardéchoise dont il ne s’éloignera jamais. D’une érudition autodidacte et encyclopédique, il est l’auteur d’articles savants pour les revues de Jacques Maritain et de poèmes célébrés par Maurras. Chrétien de droite, la grande rencontre de sa vie sera celle de Simone Weil, dont il révèle l’œuvre au monde en 1947 dans le livre La pesanteur et la grâce.

Découvrez 10 citations de Gustave Thibon

Ce que l’homme sain hait le plus, c’est la dégénérescence…

« Ce que l’homme sain hait le plus et com­prend le moins, c’est la dégé­né­res­cence de son propre type. Il per­çoit là une menace pré­cise, immé­diate, per­son­nelle, un dan­ger pro­fond qui ne laisse aucune place à la réflexion et à l’indulgence. Ain­si le pay­san déteste ins­tinc­ti­ve­ment et sans rémis­sion le men­diant rural : il sent trop bien que ce serait là son sort s’il se relâ­chait dans son dur tra­vail. Réci­pro­que­ment, l’être abâ­tar­di hait les formes supé­rieures de son type comme on peut haïr l’incarnation de sa propre condam­na­tion, de son propre remords. »

Gus­tave Thibon
Des­tin de l’homme, édi­tions Des­clée de Brou­wer, 1941

Mon cœur a vieilli à la façon d’un voile…

« Mon cœur a vieilli à la façon d’un voile : l’usure des jours l’a fait plus trans­pa­rent et plus doux. L’aride ten­sion, le morne jeu de bas­cule entre la chair et l’esprit, le regret qui suc­cède aux vic­toires de l’âme et le remords qui suit les triomphes du corps – tout cela n’est plus que le sou­ve­nir d’un mau­vais rêve. Mon esprit s’est fait chair, ma chair est deve­nue esprit. Je sens avec ma pen­sée et je pense avec mes sens. Je ne suis plus cette chair rebelle qui convoite contre l’esprit ni cet esprit jaloux qui séquestre la chair. J’ai ras­sem­blé les deux moi­tiés de mon être : enfin, je suis un homme ! »

Gus­tave Thibon
Notre regard qui manque à la lumière, 1955, édi­tions Fayard, 1975

Ne pas mourir est une chose. Vivre en est une autre…

« Ne pas mou­rir est une chose. Vivre en est une autre.
Nous entrons dans une ère où l’homme cultive et mul­ti­plie tous les moyens de ne pas mou­rir (méde­cine, confort, assu­rances, dis­trac­tions) – tout ce qui per­met d’étirer ou de sup­por­ter l’existence dans le temps, mais non pas de vivre.
Nous voyons poindre l’aurore dou­teuse et bâtarde d’une civi­li­sa­tion où le sou­ci sté­ri­li­sant d’échapper à la mort condui­ra les hommes à l’oubli de la vie. »

Gus­tave Thibon
Notre regard qui manque à la lumière, 1955, édi­tions Fayard, 1995

Ce paysan est réaliste parce que sa connaissance…

« La néces­si­té d’un échange vital entre le sujet et l’ob­jet domine notre idée du réa­lisme… Ce pay­san est réa­liste parce que sa connais­sance, son amour et son tra­vail de la terre pro­cèdent d’un contact intime entre la terre et lui ; cet homme poli­tique est réa­liste parce que les lois qui régissent le fait social se reflètent fidè­le­ment dans son esprit ; et les saints sont les plus grands réa­listes parce qu’ils sont unis à la réa­li­té suprême. Inver­se­ment, nos pen­sées, nos affec­tions et nos actes sont enta­chés d’ir­réa­lisme lors­qu’ils ne sont pas nour­ris par un contact suf­fi­sant avec leur objet. Ce cita­din qui s’en­ivre d’un « retour à la terre » comme d’une idylle ou d’une fée­rie, ce poli­ti­cien qui croit qu’un chan­ge­ment d’ins­ti­tu­tions suf­fi­ra à rame­ner sur terre l’âge d’or, ce faux mys­tique au rayon​nement mal­sain sont irréa­listes parce qu’ils n’ont pas de liens vitaux avec la nature, avec l’homme, ou avec Dieu, et qu’ils sub­sti­tuent leurs rêves à la véri­té objective. »

Gus­tave Thibon
L’ir­réa­lisme moderne, in Les hommes de l’é­ter­nel : Confé­rences au grand public (1940−1985), édi­tions Mame, Coll. Rai­sons d’Être, 2012

Imaginons dans quel état de panique effroyable…

« Et d’ailleurs, ima­gi­nons dans quel état de panique effroyable serait plon­gé l’homme moderne, si prompt à s’é­mou­voir au moindre faux pas de la science ou quand sur­git la moindre épi­dé­mie – une vague grippe qui arrive des pro­fon­deurs de l’A­sie et qui, en défi­ni­tive, ne tue que des gens bien près de mou­rir de tout façon, parce qu’ils sont assez ou assez faibles pour cela -, eh bien, s’il sur­gis­sait une épi­dé­mie comme par exemple la peste noire du Moyen Âge, qui a fait 35 mil­lions de vic­times, à peu près le tiers de la popu­la­tion, je crois que nos contem­po­rains n’y résis­te­raient pas… Ceux que la peste aurait épar­gnés mour­raient quand même – de terreur ! »

Gus­tave Thibon
L’homme devant la nature, 1973, in Les hommes de l’é­ter­nel : Confé­rences au grand public (1940−1985), édi­tions Mame, Coll. Rai­sons d’Être, 2012

Les liens organiques qui conditionnent le réalisme…

« Les liens orga­niques qui condi­tionnent le réa­lisme sont tou­jours des liens qui unissent l’homme concret à des objets concrets. L’abstraction, en tant qu’instrument néces­saire de la science et de l’action humaines, doit par­tir du concret et débou­cher sur le concret. Mais là où l’abstraction est livrée à elle-même, par le pri­mat du cer­veau (intel­lec­tua­lisme) ou celui du cœur (sub­jec­ti­visme), elle engendre l’irréalisme. »

Gus­tave Thibon
L’ir­réa­lisme moderne, in Les hommes de l’é­ter­nel : Confé­rences au grand public (1940−1985), édi­tions Mame, Coll. Rai­sons d’Être, 2012

Cette idée d’un bien à sauver…

« Cette idée d’un bien à sau­ver et à trans­mettre est à la base du code d’honneur pay­san. Elle s’oppose à toutes les ten­ta­tions de l’individualisme : l’homme, anneau dans une chaîne, sent obs­cu­ré­ment qu’il doit résis­ter jus­qu’au bout pour que la chaîne ne se brise pas. C’est cet ins­tinct de conti­nui­té qui courbe jus­qu’à la mort le vieux pay­san sur la terre et lui ins­pire cette hor­reur qua­si phy­sique de tom­ber à la charge de ses enfants ou de ses proches. Et c’est de lui que pro­cède aus­si ce savoir-vivre dont la déli­ca­tesse et la pro­fon­deur débordent à l’infini le savoir-faire. Tout dans la conduite de l’existence, depuis le menu quo­ti­dien jus­qu’au choix d’une épouse, est domi­né par ce sen­ti­ment du patri­moine qui, comme le flam­beau ambu­lant des cou­reurs antiques, lie l’individu à son rang et le trans­porte au-delà de lui-même. »

Gus­tave Thibon
Pay­sages du Viva­rais, 1949

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