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Citations sur l'homme

O homme ! Prend garde !

« O homme ! Prend garde !
Que dit le pro­fond Minuit ?
J’ai dor­mi, j’ai dor­mi, d’un pro­fond som­meil je me suis éveillé :
Le monde est pro­fond, plus pro­fond que n’a pen­sé le jour.
Pro­fond est son mal,
Mais la joie est plus pro­fonde que la peine de l’âme.
La dou­leur dit : passe !
Mais toute joie veut l’éternité, — veut la pro­fonde, pro­fonde éternité ! »

Frie­drich Nietzsche
Ain­si par­lait Zara­thous­traUn livre pour tous et pour per­sonne (Also sprach Zara­thus­tra – Ein Buch für Alle und Kei­nen), 1883 – 1885, trad. Gene­viève Bian­quis, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2006, extrait gra­vé sur un bloc de rocher, à Sils Maria

Ah ! Général, il n’y a qu’un problème…

« Ah ! Géné­ral, il n’y a qu’un pro­blème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signi­fi­ca­tion spi­ri­tuelle, des inquié­tudes spi­ri­tuelles, faire pleu­voir sur eux quelque chose qui res­semble à un chant gré­go­rien. On ne peut vivre de fri­gi­daires, de poli­tique, de bilans et de mots croi­sés, voyez-vous ! On ne peut plus vivre sans poé­sie, cou­leur ni amour. Rien qu’à entendre un chant vil­la­geois du XVe siècle, on mesure la pente des­cen­due. Il ne reste rien que la voix du robot de la pro­pa­gande […] Mais où vont les États-Unis et où allons-nous, nous aus­si, à cette époque de fonc­tion­na­riat uni­ver­sel ? L’homme robot, l’homme ter­mite, l’homme oscil­lant du tra­vail à la chaîne sys­tème Bedeau à la belote. L’homme châ­tré de tout son pou­voir créa­teur, et qui ne sait même plus, du fond de son vil­lage, créer une danse ni une chan­son. L’homme que l’on ali­mente en culture de confec­tion, en culture stan­dard comme on ali­mente les bœufs en foin. C’est cela l’homme d’aujourd’hui. […] ça m’est égal d’être tué en guerre. De ce que j’ai aimé, que res­te­ra-t-il ? Autant que les êtres, je parle des cou­tumes, des into­na­tions irrem­pla­çables, d’une cer­taine lumière spi­ri­tuelle. Du déjeu­ner dans la ferme pro­ven­çale sous les oli­viers, mais aus­si de Haen­del. Les choses je m’en fous, qui sub­sis­te­ront. Ce qui vaut, c’est un cer­tain arran­ge­ment des choses. La civi­li­sa­tion est un bien invi­sible puis­qu’elle porte non sur les choses, mais sur les invi­sibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ain­si et non autre­ment. Nous aurons de par­faits ins­tru­ments de musique, dis­tri­bués en grande série, mais où sera le musicien ? »

Antoine de Saint-Exupéry
Lettre au géné­ral X (extrait), 30 juillet 1944

Je ne serai pas quelqu’un ; je serai, simplement…

« Je ne serai pas quel­qu’un ; je serai, sim­ple­ment. Un homme, l’Homme qui est au milieu du monde – sans qu’il y ait de dieux pour le regar­der. Car je ne suis pas une pen­sée, un rêve, une luciole fugi­tive. Je suis en chair et en os. D’a­bord en chair et en os. Ce qui est bien, c’est que je suis nu, c’est-à-dire sans argent, avec une che­mise de rechange, un homme qui a res­ti­tué en lui le rudi­ment de toute réa­li­té, qui tra­vaille avec ses mains et ses pieds, qui mange, qui boit, qui dort.
[…] Qu’est-ce que je fais là ? Je suis un homme. J’ai été pro­mis à un monde d’hommes et d’animaux. Mes ancêtres n’ont pas tra­vaillé à une civi­li­sa­tion pour que sou­dain nous n’y puis­sions plus rien et que le mou­ve­ment se perde machi­nal, aveugle, absurde ? Une machine, un canon qui tire sans arrêt, tout seul. Qu’est-ce que cela ? Ce n’est ni un homme, ni un ani­mal, ni un dieu. C’est un cal­cul oublié qui pour­suit seul sa tra­jec­toire à tra­vers le monde, c’est un rési­du incroyable. Quelle est cette reprise étrange de la matière sur la vie ? Quel est ce dérou­le­ment méca­nique de la matière ? Des mots absurdes deviennent vrais : méca­nisme, maté­ria­lisme. »

Pierre Drieu la Rochelle
La Comé­die de Char­le­roi, 1934, édi­tions Gal­li­mard, coll. L’Imaginaire, 1996

L’homme supérieur, l’homme d’élite, est caractérisé…

« L’homme supé­rieur, l’homme d’élite, est carac­té­ri­sé par l’intime néces­si­té d’en appe­ler de lui-même à une règle qui lui est exté­rieure, qui lui est supé­rieure, et au ser­vice de laquelle il s’enrôle libre­ment. On se sou­vien­dra que, au début de cet essai, nous dis­tin­guions l’homme d’élite de l’homme médiocre en affir­mant que le pre­mier exige beau­coup plus de lui-même, tan­dis que le second, au contraire, tou­jours satis­fait de lui, se contente d’être ce qu’il est. La noblesse se défi­nit par l’exigence, par les obli­ga­tions, et non par les droits. Noblesse oblige. « Vivre à son gré est plé­béien ; le noble aspire à l’ordre et à la loi » (Goethe). Les pri­vi­lèges de la noblesse ne sont pas, à l’origine tout au moins, des conces­sions ou des faveurs, mais des conquêtes. Et, en prin­cipe, leur main­tien sup­pose que le pri­vi­lé­gié devait être capable de les recon­qué­rir à tout ins­tant, si cela était néces­saire, ou si quel­qu’un les lui dis­pu­tait. Les droits pri­vés, ou pri­vi­lèges, ne sont donc pas une pos­ses­sion pas­sive ou une simple jouis­sance, mais au contraire ils repré­sentent les limites où se haussent les efforts des indi­vi­dus. En revanche, les droits com­muns comme ceux de « l’homme et du citoyen » sont une pro­prié­té pas­sive, pur usu­fruit et béné­fice, don géné­reux du des­tin, auquel tout homme peut par­ti­ci­per et qui ne cor­res­pond à aucun effort, à moins que ce ne soit l’effort de res­pi­rer et de demeu­rer sain d’esprit. Les droits imper­son­nels, on les a, mais les droits per­son­nels, il faut les soutenir. »

José Orte­ga y Gasset
La révolte des masses (La rebe­lión de las masas, 1929), trad. Louis Par­rot, édi­tions Stock, 1937

La jeunesse est faite pour l’héroïsme…

« La jeu­nesse est faite pour l’héroïsme. C’est vrai, il faut de l’héroïsme à un jeune homme pour résis­ter aux ten­ta­tions qui l’entourent, pour croire tout seul à une doc­trine mépri­sée, pour oser faire face sans recu­ler, pour résis­ter à sa famille et à ses amis, pour être fidèle contre tous. Ne croyez pas que vous serez dimi­nué, vous serez au contraire mer­veilleu­se­ment aug­men­té. C’est par la ver­tu que l’on est un homme. La vie vous paraî­tra alors pleine de saveur. »

Paul Clau­del
Lettre à Jacques Rivière, in Cor­res­pon­dance de Jacques Rivière et Paul Clau­del (1907 – 1914), édi­tions Plon, 1926

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