« La démocratie, où nul espace n’est plus laissé à Rome et à la rime, inflige sa prose faussement incantatoire, déclamatoire, logorrhéique. »
Rémi Soulié
Racination, éditions Pierre Guillaume de Roux, 2018
Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne
Nous menons un travail long et exigeant afin d'assurer la qualité des milliers de citations que nous vous proposons. Tout cela a un coût que vous pouvez nous aider à supporter faisant un don.
« La démocratie, où nul espace n’est plus laissé à Rome et à la rime, inflige sa prose faussement incantatoire, déclamatoire, logorrhéique. »
Rémi Soulié
Racination, éditions Pierre Guillaume de Roux, 2018
« C’est un thème éminemment grec que celui du droit. Aristote est le premier philosophe du droit au sens strict. Les stoïciens s’occupèrent surtout de morale. Platon avait les yeux tournés vers le ciel. Aristote regarde vers la terre. Tant en Grèce que pour les Romains, l’idée de droit est solidaire de celle de justice. Jus dérive de justitia. »
Michel Villey
Le droit et les droits de l’homme, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, 2014
« L’Europe est née d’une catastrophe.
Avant elle, il y avait l’Empire romain, empire méditerranéen, donc maritime et non continental. Bien avant sa chute, il s’était divisé, déjà, en deux parties culturellement distinctes : l’Empire d’Orient qui parlait grec, et l’Empire d’Occident qui parlait latin — l’un et l’autre rongés en dedans par la lèpre chrétienne.
Lors des grandes invasions du Ve siècle, l’Empire d’Orient résiste, et il résistera pendant tout le moyen-âge. Mais l’Occident s’effondre et se voit contraint d’adopter une attitude “collaboratrice”, en s’efforçant de maintenir une certaine continuité culturelle. Le schisme entre catholiques et orthodoxes n’est pas autre chose que le reflet de cette séparation politique. »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
« Pendant des siècles et même des millénaires, ils avaient concentré sur eux toutes les terreurs des campagnes profondes où l’on colportait sur leur compte des histoires à vous glacer le sang. Ainsi, tout en effrayant le Gévaudan, les loups ont-ils hanté les fantasmes de maints petits chaperons rouges, peuplant aussi l’imaginaire d’hommes et de garçons que séduisait leur réputation de fierté sauvage et indomptée. Les Romains ne furent pas les seuls à se proclamer “fils de la louve”. Incorporé vers l’âge de huit ans dans une meute de “louveteaux”, je me suis initié à la fraternité des loups que nous enseignait Rudyard Kipling. Il m’en est resté quelque chose. »
Dominique Venner
Dictionnaire amoureux de la chasse, éditions Plon, coll. Dictionnaire amoureux, 2006
« Si Plutarque est d’une lecture tellement exaltante, c’est parce que ses personnages, du meilleur au pire, soutiennent tous une continuelle noblesse d’attitudes. Ce n’est point merveille qu’ils aient fourni à la tragédie presque tous ses héros, car déjà dans la vie ils étaient en quelque sorte sur la scène, formés pour jouer certains personnages et retenus dans leur rôle par l’attente exigeante des spectateurs. »
Bertrand de Jouvenel
Du pouvoir, 1945, éditions Hachette, coll. Pluriel, 1972
« Je contemple l’avenir et je suis rempli d’effroi. Comme les Romains, je vois confusément “le Tibre écumant de sang”. »
Enoch Powell
Discours des fleuves de sang, allocution du 20 avril 1968 à Birmingham, éditions La Nouvelle Librairie, 2019
« Les pensées antiques et, pour les lecteurs modernes, leurs textes plantés comme des statues dans le paysage de nos représentations exaltent moins des vérités sempiternelles que des conseils relatifs aux manières judicieuses d’exister, de se représenter le monde et d’y agir avec justesse, avec équanimité, mais non sans risque de se tromper. »
Jean-François Gautier
À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Longue Mémoire, 2020
« La rationalisation d’un monde compris comme créé par un Dieu unique s’est toujours heurtée, chez nous, à l’éloge des diversités vécues. L’identité s’entendait en effet comme altérité, diversité, pluralité. Nul personnage, dans l’Iliade ou l’Odyssée, ou dans l’une des tragédies d’Eschyle ou de Sophocle, ne se serait aventuré à demander à Zeus ou à Apollon : “Qui es-tu ?” Et des réponses bibliques et monothéistes à cette question, telles que Ehyeh Asher Ehyeh, “Je suis qui je suis”, ou “Suis qui serai”, traduites en grec par quelque chose comme “Je suis celui qui est” (Exode 3, 14), n’auraient eu aucune signification dans les langues et les représentations européennes antiques. »
Jean-François Gautier
À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Longue Mémoire, 2020
« L’Europe préexiste à la forme historique que le destin lui a donnée ; existant en puissance dans chacun de ses peuples autochtones, elle s’est cristallisée dans la Grèce, puis s’est instituée en Rome et enfin s’est étendue à l’échelle du continent avec le catholicisme. »
Thibaud Cassel
Le Chant des alouettes, édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2017
« Pour les Anciens, on est philosophe non pas en fonction de l’originalité ou de l’abondance du discours philosophique que l’on a inventé ou développé, mais en fonction de la manière dont on vit. Il s’agit, avant tout, de devenir meilleur. Et le discours n’est philosophique que s’il se transforme en mode de vie. »
Pierre Hadot
Qu’est-ce que la philosophie antique ?, éditions Gallimard, 1995
« Pendant près de quinze siècles, le christianisme a commandé l’imaginaire et les représentations des Européens. Il leur a fourni une morale, une vision de la mort et de l’au-delà en même temps que les cadres temporels de leur existence. C’est dans le récit biblique autant que dans la tradition troyenne que s’est inscrite l’image des rois de France. C’est à l’inverse avec le passé romain que renoue l’Empire chrétien carolingien, continué au siècle suivant par le Saint Empire romain germanique. C’est d’autre part contre l’ennemi musulman que se forge au nom du Christ, sur les fronts ibérique, méditerranéen et oriental l’identité européenne qui va s’affirmer à partir de l’an mil. »
Philippe Conrad
Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne, Philippe Conrad dir., édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018