« Le problème de la sagesse est justement de trouver la joie de vivre dans le monde tel qu’il est, et non dans un fantôme de monde conforme à nos désirs. »
Pierre Gripari
Frère Gaucher ou le voyage en Chine, éditions L’Âge d’Homme, 1975
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« Le problème de la sagesse est justement de trouver la joie de vivre dans le monde tel qu’il est, et non dans un fantôme de monde conforme à nos désirs. »
Pierre Gripari
Frère Gaucher ou le voyage en Chine, éditions L’Âge d’Homme, 1975
« Or ce qui est éprouvé en Europe depuis la renaissance des lettres, c’est que les années de la première jeunesse étaient consacrées à l’étude des auteurs grecs et latins ; car pour sentir et pour imiter ensuite le beau, il faut, dans la littérature comme dans les arts, consulter l’antique, et cette étude n’apprend pas seulement à bien parler, mais à bien penser, parce qu’en lisant les anciens on n’apprend pas seulement ce qu’il y a de plus éloquemment écrit, mais ce qu’il y a de plus sagement pensé ».
Joseph de Maistre
Quatre chapitres sur la Russie, Œuvres Complètes, tome VIII, Vitte et Perrussel, 1884
« Nullement fondée sur la raison kantienne, la loi naturelle, dans l’acception thomiste, se veut au contraire la plus claire manifestation de l’intelligence humaine, intelligence dotée de la capacité à décrypter le message de la sagesse divine que Dieu a inscrit dans la nature. »
Aristide Leucate
Aux temps de la justice. En quête des sources pures du droit, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Longue Mémoire, 2023
« Comme Dante arpentant avec Virgile et Béatrice les royaumes supraterrestres, il appartient aux âmes juvéniles, aux générations en devenir, de voyager en des contrées qui leur sont encore inconnues, pétries de contes et de légendes, qui transmettent une sagesse revenant à l’essence même de la vie, hors des difficultés et des complications engendrées par la société moderne. »
Armand Berger
Tolkien, l’Europe et la tradition. La civilisation à l’aune de l’imaginaire, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Longue Mémoire, 2022
« L’action est le plus important, non celui qui l’entreprend ; la mission, non celui qui la remplit. Contre l’individualisme : pour une impersonnalité active. Ce qu’on doit faire ne s’explique pas en termes de motifs. Noblesse se tait. »
Alain de Benoist
Pour un réveil européen. Nature – Excellence – Beauté (postface), éditions La Nouvelle Librairie, coll. Iliade, 2020
« Là où le monde traditionnel connaissait des hiérarchies distinctes, fondées sur la sagesse, l’honneur, le courage militaire, etc., le monde moderne aplatit tout et se contente de compter les fortunes. En ce sens, la modernité est une régression, l’étouffement de la spiritualité par la matière. »
Guillaume Travers
Capitalisme moderne et société de marché. L’Europe sous le règne du marché, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Longue Mémoire, 2020
« Ils avançaient sans parler, tendus par l’effort, avares de leur souffle. Le silence presque solide qui les entourait les écrasait comme l’eau écrase le plongeur dans l’océan. Le sentiment de l’infini, la conscience d’affronter une force supérieure pesaient sur eux de tout leur poids. Telle une grappe piétinée qui exprime son suc, leur esprit se détachait peu à peu des fausses valeurs, des idoles de plâtre, des suffisances mesquines, et ils se percevaient tels qu’ils étaient réellement, avec leurs étroites limites, leur insignifiance, leur sagesse d’insectes, luttant de toutes leurs faibles forces pour ne pas être emportés comme des fétus de paille par la puissance aveugle des éléments. »
Jack London
Croc-Blanc (White Fang), 1906, trad. Philippe Sabathé, éditions Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, 1997
« Asservie aux idées de rapport, la société, cette vieille ménagère qui n’a plus de jeune que ses besoins et qui radote de ses lumières, ne comprend pas plus les divines ignorances de l’esprit, cette poésie de l’âme qu’elle veut échanger contre de malheureuses connaissances toujours incomplètes, qu’elle n’admet la poésie des yeux, cachée et visible sous l’apparente inutilité des choses. Pour peu que cet effroyable mouvement de la pensée moderne continue, nous n’aurons plus, dans quelques années, un pauvre bout de lande où l’imagination puisse poser son pied ; pour rêver, comme le héron sur une de ses pattes. Alors, sous ce règne de l’épais génie des aises physiques qu’on prend pour de la Civilisation et du Progrès, il n’y aura ni ruines, ni mendiants, ni terres vagues, ni superstitions comme celles qui vont faire le sujet de cette histoire, si la sagesse de notre temps veut bien nous permettre de la raconter. »
Jules Barbey d’Aurevilly
L’Ensorcelée, 1852, éditions Gallimard, coll. Folio classique, 1977
« Homère nomme Athéna πολύμητις [polúmētis], la conseillère aux multiples ressources. Que signifie donner conseil ? Cela veut dire : préméditer quelque chose, y pourvoir d’avance et par là faire qu’elle réussisse. De ce fait Athéna règne partout où les hommes produisent quelque chose, mettent au jour quelque chose, la mènent à bonne fin, mettent en œuvre, agissent et font. »
Martin Heidegger
« La provenance de l’art et la destination de la pensée », conférence à l’Académie des sciences et des arts d‘Athènes, 4 avril 1967, trad. Jean-huis Chrétien et Michèle Reifenrath. Martin Heidegger, Cahiers de L’Herne n° 45, Éditions de l’Herne, 1983
« Il existe au total un fond de pensées helléniques très diversifié, qui fut dans toute l’Europe, et vingt-sept siècles durant, l’inspirateur de longs débats entre écoles. Plus que les querelles de doctrines qui agitent les commentateurs, on peut en retenir deux leçons décisives. Elles sont, aujourd’hui encore, très éclairantes dans l’examen des erreurs qui parsèment les histoires respectives des nations européennes.
La première leçon hérite de l’Iliade, précisément de ce passage dans lequel le maître de l’Olympe, en pleine bataille confuse, saisit un détail décisif : un archer vise le combattant Hector. Homère note : “Cela n’échappa pas (ou lèthé) à la sagacité prudente de Zeus”, lequel dévia la flèche. Il y a là une forme verbale (ou lèthé) de ce qui, chez les philosophes, désignera sous une forme nominale la vérité (alèthéïa). La vérité, ici, n’est pas un contenu doctrinal descendu de cieux inconnaissables, mais l’expression d’une subtilité d’observation dont le sage sait tirer les bonnes conclusions. Toutes les écoles philosophiques antiques s’accordèrent sur ce point : la vérité est d’abord ce qui, à l’expérience ou à la réflexion, n’échappe pas à un examen subtil et sagace, évidemment conditionné par les circonstances du moment. Penser, c’est s’adapter.
Un second point d’accord unit les différentes écoles : l’hubris, la démesure, l’excès, est pour elles une faute cardinale mettant en danger non seulement ceux qui frayent avec elle, mais aussi ceux qui les écoutent ou les imitent et, à terme, la Cité elle-même. Toute action, en d’autres termes, doit s’accorder à ses fins particulières, qui sont précieuses mais limitées ; et les actions des uns et des autres n’ont qu’une seule fin générale : la protection et l’accroissement de l’oïkos, de ce bien commun suprême qu’est la Cité, malheureusement absente des soucis européens modernes. »
Jean-François Gautier
Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne, Philippe Conrad dir., édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018
« La nature n’est pas seulement sentiment d’appartenance ou motif d’exaltation.
Elle est le siège de puissances, bénéfiques ou maléfiques, qu’il convient avant toute chose de se concilier. Ce fut le rôle de l’animisme et de ses légions d’initiés arpentant l’espace européen pendant trente, cinquante, cent mille ans. Les sorciers peints dans les grottes, à l’origine peut-être des figures d’Odhinn-Wotan (Odhinn qui reçut les runes suspendu à un arbre et la sagesse en buvant à une source, Odhinn et sa Chasse sauvage !) et plus tard de Merlin-Myrddin, étaient entièrement liés à la nature qu’ils interrogeaient, utilisaient et conjuraient. »
Éric Grolier
Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne, Philippe Conrad dir., édition Institut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018
« Elle est une complicité totale entre l’homme et son environnement, une intimité constante entre l’individu qui vit dans un lieu donné, et toutes les composantes de ce lieu. C’est la vieille histoire du poisson dans l’eau. L’homme de la terre en arrive à connaître si bien son milieu naturel qu’il évite autant que possible de se trouver en conflit avec lui, qu’il en connaît tout ce que cet environnement comporte de leçons pour toutes les époques et toutes les circonstances de la vie. […] Il est facile d’être de son temps. La belle affaire ! N’importe quel imbécile peut être de son temps ! Il suffit de suivre tout le monde et de bêler avec le troupeau.
Mais être de son lieu, ce n’est pas donné à tout le monde. Être de son lieu, c’est justement établir entre l’endroit où l’on vit, où l’on a ses occupations, où l’on mène son existence tout entière, entre l’endroit où l’on vit, donc, et soi-même, cette espèce d’entente qui fait qu’on finit par approcher de ce qu’on appelle la sagesse. »
Pierre-Jakez Hélias
La sagesse de la terre (avec Jean Markale), Petite Bibliothèque Payot, 1978