« La poésie est bien la patrie des dieux. »
Rémi Soulié
Racination, éditions Pierre Guillaume de Roux, 2018
Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne
« La poésie est bien la patrie des dieux. »
Rémi Soulié
Racination, éditions Pierre Guillaume de Roux, 2018
« La démocratie, où nul espace n’est plus laissé à Rome et à la rime, inflige sa prose faussement incantatoire, déclamatoire, logorrhéique. »
Rémi Soulié
Racination, éditions Pierre Guillaume de Roux, 2018
« Inlassablement, la loi accumule les tentatives pour enrayer le désir des hommes de changer la vie en instants de poésie. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
« La pureté, une idée qui rappelait les fleurs (…), c’était quelque chose qui les reliait directement à l’idée du sang, à l’idée des sabres s’abattant sur les hommes d’iniquité, à l’idée de lames écharpant l’épaule et faisant gicler le sang alentour. Et à l’idée du seppuku. Dès l’instant qu’un samouraï “tombait comme fleurs de cerisier”, son cadavre maculé de sang devenait aussitôt comme d’odorantes fleurs de cerisier. L’idée de pureté pouvait donc se transformer en une chose contraire avec une promptitude arbitraire. Aussi, la pureté était-elle étoffe de poésie. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
« Juste avant le soulèvement, Tadao Saruwatari, âgé de seize ans, avait composé le poème suivant, écrit sur le bandeau blanc qu’il allait porter le soir du combat :
Le pays divisé, aux barbares vendus,
Et le Trône sacré si près d’être perdu,
Ah ! Puissions-nous aux dieux du ciel et de la terre,
Témoigner à jamais de notre foi sincère. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
« Ce n’est pas simplement en voulant optimiser nos relations avec notre habitat (par une gestion durable des écosystèmes) que nous nous sauverons. C’est aussi en posant des limites à notre emprise, en respectant l’espace du sauvage pour ce qu’il est, en posant un regard gratuit et, en un sens, fraternel sur le loup, le lynx et l’ours des Pyrénées, sur le sanglier et le crapaud accoucheur, sur la chouette de tengmalm et l’azuré des paluds. Ainsi seulement, nous approcherons peut-être, un peu mieux, ce que nous sommes et la signification de notre appartenance au monde. Méditons les vers d’Hölderlin : “C’est en poète que l’homme habite sur cette terre.” »
Fabien Niezgoda
Le sens de l’écologie politique : une vision par delà droite et gauche, éditions Sang de la Terre, 2017
« Qui ne sait le charme des landes ?… Il n’y a peut-être que les paysages maritimes, la mer et ses grèves, qui aient un caractère aussi expressif et qui vous émeuvent davantage. Elles sont comme les lambeaux, laissés sur le sol, d’une poésie primitive et sauvage que la main et la herse de l’homme ont déchirée. Haillons sacrés qui disparaîtront au premier jour sous le souffle de l’industrialisme moderne ; car notre époque, grossièrement matérialiste et utilitaire, a pour prétention de faire disparaître toute espèce de friche et de broussailles aussi bien du globe que de l’âme humaine. »
Jules Barbey d’Aurevilly
L’Ensorcelée, 1852, éditions Gallimard, coll. Folio classique, 1977
« Asservie aux idées de rapport, la société, cette vieille ménagère qui n’a plus de jeune que ses besoins et qui radote de ses lumières, ne comprend pas plus les divines ignorances de l’esprit, cette poésie de l’âme qu’elle veut échanger contre de malheureuses connaissances toujours incomplètes, qu’elle n’admet la poésie des yeux, cachée et visible sous l’apparente inutilité des choses. Pour peu que cet effroyable mouvement de la pensée moderne continue, nous n’aurons plus, dans quelques années, un pauvre bout de lande où l’imagination puisse poser son pied ; pour rêver, comme le héron sur une de ses pattes. Alors, sous ce règne de l’épais génie des aises physiques qu’on prend pour de la Civilisation et du Progrès, il n’y aura ni ruines, ni mendiants, ni terres vagues, ni superstitions comme celles qui vont faire le sujet de cette histoire, si la sagesse de notre temps veut bien nous permettre de la raconter. »
Jules Barbey d’Aurevilly
L’Ensorcelée, 1852, éditions Gallimard, coll. Folio classique, 1977
« L’âme qui s’éveille ainsi, un instant, pour se perdre bientôt après par l’empire de la force, s’éveille pure et intacte ; il n’y apparaît aucun sentiment ambigu, compliqué ou trouble ; seuls le courage et l’amour y ont place. Parfois un homme trouve ainsi son âme en délibérant avec lui-même, quand il s’essaye, comme Hector devant Troie, sans secours des dieux ou des hommes, à faire tout seul face au destin. »
Simone Weil
L’Iliade ou le poème de la force, dans la revue « Les Cahiers du sud », 1940 – 1941, Éditions de l’éclat, coll. Éclats, 2014
Qu’est-ce qu’une montagne, par exemple ? Celle-là, le Mont Blanc, la deuxième la plus haute du continent.
Une montagne, nous dit la réponse bien connue, est une élévation naturelle du terrain qui, engendrée depuis les plissements hercynien ou alpin… Suivent plein d’autres détails.
Une fois le détail conclu, saurons-nous ce qu’est une montagne ? Saurons-nous ce qu’elle est, non pas comment elle s’est formée lors d’un choc tellurique d’il y a des millions d’années ; non pas comment se déploie la sinueuse orographie de ce Mont Blanc dont la masse de granit apparaît soudain, enveloppée par le couchant aux doigts de rose, comme dirait l’autre, tandis que tu es en train de t’approcher, et soudain, après un tournant, la montagne se plante devant toi, et sa masse te frappe, intime et lointaine, nimbée de lumière, de cette lumière d’or que tu es presque sur le point de goûter et de savourer.
Les sciences qui étudient la montagne, parviendront-elles jamais à rendre raison du mystère qui fulgure à travers la flèche de ses sommets, au milieu de la majesté de son ciel, de l’abîme de ses ravins, de la clarté de ses sources ? Quelle science pourra nous expliquer le mystère qui nous serre le cœur quand nous nous enfonçons dans ses bosquets et ses épaisseurs ? »
Javier Portella
Les esclaves heureux de la liberté, éditions David Reinharc, 2012