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Citations sur l'héritage

En tant que principe éternel, le conservatisme…

« En tant que prin­cipe éter­nel, le conser­va­tisme exige qu’en déci­dant des des­ti­nées des socié­tés, des États et des cultures, l’on écoute non seule­ment la voix des vivants, mais encore celle des morts, que l’on recon­naisse non seule­ment l’être réel du pré­sent, mais encore celui du pas­sé, que la liai­son avec nos défunts ne soit pas tranchée. »

Nico­las Berdiaev
De l’inégalité, édi­tions L’Âge d’homme, 2008

Pour préserver leur existence et leur identité, les hommes doivent aimer…

« Pour pré­ser­ver leur exis­tence et leur iden­ti­té, les hommes doivent aimer leurs familles et leurs peuples, et leur être loyaux. Et c’est seule­ment s’ils pensent que ce qu’ils ont est bon qu’ils peuvent s’en satis­faire. Un père doit pré­fé­rer son enfant aux autres enfants, un citoyen son pays aux autres. C’est pour cela qu’existent les mythes : pour jus­ti­fier ces atta­che­ments. Et un homme a besoin d’un lieu et d’o­pi­nions pour s’o­rien­ter. Tous ceux qui nous parlent de l’im­por­tance des racines l’ad­mettent. Une grande étroi­tesse n’est pas incom­pa­tible avec la san­té d’un indi­vi­du ou d’un peuple, alors qu’a­vec une grande ouver­ture d’es­prit, il est dif­fi­cile d’é­vi­ter la décomposition. »

Allan Bloom
L’Âme désar­mée, édi­tions Jul­liard, 1987

La vérité du conservatisme est celle de l’historisme…

« La véri­té du conser­va­tisme est celle de l’his­to­risme, celle du sen­ti­ment de la réa­li­té his­to­rique, entiè­re­ment atro­phiée chez le révo­lu­tion­naire et chez le radi­cal. Nier la suc­ces­sion his­to­rique, c’est reje­ter et détruire la réa­li­té his­to­rique, c’est vou­loir igno­rer l’or­ga­nisme his­to­rique vivant, c’est atten­ter à l’être réel ; cela revient à nier et à détruire l’hé­ré­di­té per­son­nelle du moi. La réa­li­té his­to­rique repré­sente un indi­vi­du d’un type par­ti­cu­lier. Elle a une durée orga­nique, ain­si que des degrés hié­rar­chiques. Détruire la struc­ture hié­rar­chique du cos­mos his­to­rique, c’est détruire l’his­toire, et non pas la faire. Il se forme dans le cos­mos his­to­rique des qua­li­tés qui sont irré­duc­tibles et indes­truc­tibles dans leur fon­de­ment onto­lo­gique. Cette hié­rar­chie des qua­li­tés fixées dans l’his­toire ne doit pas faire obs­tacle à la for­ma­tion de qua­li­tés nou­velles, elle ne doit pas bri­der l’é­lan créa­teur. Mais aucun mou­ve­ment, aucune for­ma­tion de qua­li­tés nou­velles ne peuvent anéan­tir ni effa­cer les valeurs et les qua­li­tés his­to­riques déjà cristallisées. »

Nico­las Berdiaev
De l’inégalité, édi­tions L’Âge d’homme, 2008

Mais quelle Europe ? C’est pourtant en réfléchissant sur l’Europe…

« Mais quelle Europe ? C’est pour­tant en réflé­chis­sant sur l’Europe que nous pour­rions accé­der au plus haut point de vue d’où nous serait dévoi­lé dans tout ce qui se passe” un unique enjeu. Je ne parle pas de l’Europe des mar­chés ou de l’Europe des masses. Je parle des tra­di­tions fon­da­men­tales de l’esprit euro­péen. Je parle du réveil de la vieille men­ta­li­té euro­péenne, tou­jours pré­sente en nous por­tant. Car l’homme est ceci et cela, mais d’abord du temps lié. Je parle de la vieille recréa­tion, sous des formes nou­velles, du vieil esprit de l’Europe, pro­mé­théen et aris­to­cra­tique. Pro­mé­théen : la volon­té de puis­sance de l’homme sur la nature. Aris­to­cra­tique : recon­naître et culti­ver dans les hommes leur capa­ci­té à se dis­tin­guer les uns des autres. Vieil esprit pour lequel chif­frer n’est pas tout, et pour lequel le nombre n’est pas le chef. Vieil esprit pour lequel il y a quelque chose au-des­sus du social, de l’économique, du quan­ti­ta­tif : la facul­té déli­cate, les hautes éner­gies intimes qu’il faut pour sen­tir et pour célé­brer la qua­li­té. Vieil esprit immor­tel qui voit dans les plus pro­fonds enra­ci­ne­ments la condi­tion de la plus haute élé­va­tion, dans la dis­pa­ri­té des natures humaines la condi­tion de l’humanité orga­nique, dans la diver­si­té des cultures la condi­tion de la culture. Je dis que notre fonds est à repen­ser. Res­sai­sir le pas­sé de l’Europe, notre héri­tage, et l’adapter au nou­veau mil­lé­naire qui approche. Rien ne me paraît plus impor­tant que la réflexion sur ce qu’il y a de spé­ci­fique dans l’esprit euro­péen. Il y a bien, pour moi, un unique enjeu. Recréer le monde men­tal euro­péen qui s’oppose à la fois au com­mu­nisme et à l’américanisme. Et en refaire le pre­mier parce qu’il fut le primordial. »

Louis Pau­wels
Com­ment devient-on ce que l’on est ?, édi­tions Stock, 1978

La modernité est cumulative d’un héritage historique…

« La moder­ni­té est cumu­la­tive d’un héri­tage his­to­rique, fait de tra­di­tions et d’ex­pé­riences. À l’en­contre d’un Rous­seau pour qui le contrat social” est pas­sé entre des natures rai­son­nables”, maî­tresses de leur des­tin, le contrat social, si l’on tient au mot, est, selon Burke, un contrat tacite, que les hommes ne choi­sissent pas de signer mais qu’ils ne peuvent dénon­cer sous peine de bou­le­ver­ser l’ordre social. Si contrat social il y a c’est avant tout le lien his­to­rique qui existe entre ceux qui sont vivants, ceux qui sont morts et ceux qui sont à naître”. Idée que Bar­rès repren­dra dans son exal­ta­tion célèbre de la terre et les morts”. Dans la même pers­pec­tive est moderne, selon Burke, ce qui est en cohé­rence avec l’ex­pé­rience des siècles pas­sés et ce qui en est comme le fruit. »

Yves Chi­ron
Edmund Burke et la Révo­lu­tion fran­çaise, Édi­tions Téqui, coll. « L’Au­teur et son mes­sage », 1987

Il faut s’accepter héritier de la totalité de l’histoire de France…

« Il faut s’ac­cep­ter héri­tier de la tota­li­té de l’his­toire de France, celle d’a­vant la Révo­lu­tion comme celle d’a­près. L’An­cien Régime ou la France de 1848 sont comme les fruits de diverses sai­sons”. L’im­por­tant est de main­te­nir vivante la conscience fran­çaise”, raci­ner les indi­vi­dus dans la terre et les morts”, ne pas étouf­fer en eux la voix du sang et l’ins­tinct du terroir”. »

Yves Chi­ron
La vie de Bar­rès, édi­tions Gode­froy de Bouillon, 2000

Toute terre, en vérité, est un ensemble où la nature et l’histoire collaborent…

« Toute terre, en véri­té, est un ensemble où la nature et l’histoire col­la­borent. Le spec­ta­teur d’un pay­sage est aus­si l’héritier d’un pas­sé. Des hommes avant lui ont œuvré pour que tel endroit soit ce qu’il est. Il y a tou­jours à res­pec­ter, à main­te­nir, à pour­suivre et, s’il le faut, à défendre. Quand Bar­rès écri­vait sur Sion et Sainte-Odile, il son­geait sur­tout à l’héritage poli­tique et his­to­rique : main­te­nir la pré­sence fran­çaise face à l’Allemagne, res­pec­ter la roma­ni­té comme créa­trice de civi­li­sa­tion. Il ne pou­vait encore s’agir pour lui de veiller à la pré­ser­va­tion d’un héri­tage natu­rel qui n’était pas encore mena­cé. L’écologie est dans cette logique : défendre une nature dont on a héri­té et qui a appor­té ses preuves et don­né ses béné­fices, une nature dont on est rede­vable. Défendre en somme le capi­tal natu­rel comme on défend le patri­moine his­to­rique et cultu­rel et comme on main­tient vivante la mémoire his­to­rique. À ce rap­port-là à la terre, à cette éco­lo­gie, Bar­rès n’aurait pas été étran­ger de nos jours. »

Yves Chi­ron
Bar­rès et la terre, édi­tions Sang de la terre, Paris 1987

La Terre nous parle…

« La Terre nous parle. C’est en elle que s’enracine la conscience col­lec­tive : Les ancêtres ne nous trans­mettent inté­gra­le­ment l’héritage accu­mu­lé de leurs âmes que par la per­ma­nence de l’action ter­rienne.” L’apologie de la Terre et des Morts, exalte l’attachement aux racines, à la famille, à l’armée et à la terre natale. »

Mau­rice Barrès
La Terre et les Morts, troi­sième confé­rence, La Patrie fran­çaise, 1899

Heureusement la résistance s’organise. Il y a un peu partout en France…

« Heu­reu­se­ment la résis­tance s’organise. Il y a un peu par­tout en France de salu­taires sur­sauts et des Fran­çais qui conti­nuent à exal­ter le sou­ve­nir des géné­ra­tions qui les ont pré­cé­dés […] Il ne s’agit plus seule­ment d’honorer des morts qui n’ont pas hési­té à aller jusqu’au sacri­fice pour défendre leurs convic­tions, mais il s’agit de rap­pe­ler ce qu’est la France, son iden­ti­té, son des­tin fruit du tra­vail des géné­ra­tions pas­sées qui toutes ont appor­té leur pierre à l’édifice. »

Louis-Alphonse de Bourbon
Jour­née de com­mé­mo­ra­tion de l’insurrection catho­lique et roya­liste de 1799 – Mes­sage, legitimite.fr, 23 août 2022

Des musées européens…

« Notre objec­tif n’est pas de bâtir des musées euro­péens, qui feraient l’étalage de ce que nous avons per­du. Il n’est pas non plus de reve­nir à un pas­sé fan­tas­mé. Il n’est pas de véné­rer des cendres, mais d’allumer des feux, de trans­mettre une flamme. En réa­li­té, la ques­tion n’est pas de savoir si c’était mieux avant mais plu­tôt de s’atteler à ce que demain soit plus beau. Nous sommes la jeu­nesse du monde, celle qui s’engage et celle qui s’enflamme, celle qui croit en l’ave­nir et qui entend bien le construire. »

Solenn Mar­ty
Domi­nique Ven­ner. La flamme se main­tient, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Car­touches, 2023

L’avenir est à qui le prendra…

« Si l’ave­nir est à qui le pren­dra, il est aus­si à ceux qui choi­si­ront de le construire, d’y vivre, de s’y for­ger un des­tin, avec tou­jours l’intime convic­tion qu’aucun déter­mi­nisme, aucune fata­li­té, aucune norme ne sau­rait les arrê­ter dans cette pul­sion de vie, qui fait ce qu’Hélie Denoix de Saint-Marc nom­mait dans sa Lettre à un jeune de vingt ans, « l’hon­neur de vivre ». »

Solenn Mar­ty
Domi­nique Ven­ner. La flamme se main­tient, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Car­touches, 2023

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