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Citations sur la guerre
J’ai encore dans les narines l’odeur de la graisse qui fumait…
« J’ai encore dans les narines l’odeur de la graisse qui fumait sur le fusil-mitrailleur brûlant. J’ai encore dans les oreilles le crissement de la neige sous les brodequins ; le froissement des herbes sèches battues par le vent sur les rives du Don. J’ai encore devant les yeux ce que je voyais au-dessus de ma tête : la nuit, le carré étoilé de Cassiopée, le jour, les poutres au plafond du bunker. Dès que j’y pense, j’éprouve la même terreur qu’en cette matinée de janvier où la Katiucha se mit à nous cracher dessus de ses soixante-deux canons. »
Mario Rigoni Stern
Le Sergent dans la neige (le sergente nella neve), 1953, trad. Noël Calef, Editions 10⁄18, coll. Domaine étranger, 1995
Que renaissent les religions…
« Ce n’est pas dans le train-train du monde bourgeois, mais dans un tonnerre d’apocalypse que renaissent les religions. »
Walter Schubart
L’Europe et l’âme de l’Orient (Europa und die Seele des Ostens), 1938, trad. de Denise Moyrand et Nathalie Nicolsky, éditions Albin Michel,1949
On ne le dira jamais assez, nous sommes les grands vaincus de 1944…
« On ne le dira jamais assez, nous sommes les grands vaincus de 1944, et le vainqueur, notre ennemi, c’est la Sainte-Alliance des banquiers de Wall Street et des bureaucrates staliniens. »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
Sur le champ de bataille d’Azincourt…
« Sur le champ de bataille d’Azincourt, la noblesse féodale, imbue d’idéal chevaleresque, a été battue à plate couture par une Angleterre déjà mercantile, qui s’embarrasse fort peu de courtoisie. La France ne se relèvera qu’avec Louis XI, le roi des marchands. »
Pierre Gripari
Critique et autocritique, éditions L’Âge d’Homme, 1981
La mort, c’est ce qui fait les héros…
« Le public aimait me voir un flingue à la main et, souvent, mourir à la fin. La mort, c’est ce qui fait les héros. »
Alain Delon
Ce n’est pas à 83 piges que je vais passer à gauche !, entretien au Journal du Dimanche, Stéphane Joly, 18 mai 2019
Une vaste tapisserie des Gobelins illustrant une scène de bataille…
« Une vaste tapisserie des Gobelins illustrant une scène de bataille pendait au mur. Un chevalier plantait sa lance dans la poitrine d’un fantassin ployé en arrière par la force du coup. La tapisserie s’était fanée avec le temps et le flot de sang qui s’épanouissait à la poitrine de l’homme se teintait de la nuance roussâtre d’un vieux furoshiki. Le sang et les fleurs se ressemblaient, pensa Isao, en ce que tous deux étaient prompts à sécher, prompts à changer de substance. C’était pourquoi, précisément, le sang et les fleurs pouvaient continuer à vivre en revêtant la substance de la gloire. La gloire sous toutes ses formes était inévitablement chose métallique. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
La pureté, une idée qui rappelait les fleurs…
« La pureté, une idée qui rappelait les fleurs (…), c’était quelque chose qui les reliait directement à l’idée du sang, à l’idée des sabres s’abattant sur les hommes d’iniquité, à l’idée de lames écharpant l’épaule et faisant gicler le sang alentour. Et à l’idée du seppuku. Dès l’instant qu’un samouraï “tombait comme fleurs de cerisier”, son cadavre maculé de sang devenait aussitôt comme d’odorantes fleurs de cerisier. L’idée de pureté pouvait donc se transformer en une chose contraire avec une promptitude arbitraire. Aussi, la pureté était-elle étoffe de poésie. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
Le pays divisé, aux barbares vendus…
« Juste avant le soulèvement, Tadao Saruwatari, âgé de seize ans, avait composé le poème suivant, écrit sur le bandeau blanc qu’il allait porter le soir du combat :
Le pays divisé, aux barbares vendus,
Et le Trône sacré si près d’être perdu,
Ah ! Puissions-nous aux dieux du ciel et de la terre,
Témoigner à jamais de notre foi sincère. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
Se dresser pour combattre sans rien d’autre que le sabre…
« Se dresser pour combattre sans rien d’autre que le sabre, accepter jusqu’au risque d’une défaite éclatante – c’était là l’unique moyen qu’avaient de s’exprimer les aspirations ferventes de chaque membre de la Société. C’était l’essence même du vaillant esprit de Yamato. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004
Une amitié pour être bien trempée doit l’être dans le sang des autres…
Le sang s’écoule, l’existence est détruite…
« Le sang s’écoule, l’existence est détruite et les sens anéantis accréditent pour la première fois l’existence conçue comme un tout, comblant l’espace logique entre voir et exister… C’est cela, la mort.
Voilà comment j’appris que l’heureux sentiment d’exister éprouvé un moment au coucher du soleil dans une vie de soldat ne pouvait être finalement accrédité que par la mort. »
Yukio Mishima
Le soleil et l’acier, 1968, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1973, éditions Gallimard, coll. Folio, 1993