« Dans la pensée libérale, le concept politique de lutte se mue en concurrence du côté de l’économie, en débat du côté de l’esprit ; la claire distinction de ces deux états différents que sont la guerre et la paix est remplacée par la dynamique d’une concurrence perpétuelle et de débats sans fin. […] Le peuple politiquement un sera, d’une part, tantôt un ensemble de travailleurs et d’employés, tantôt une masse de consommateurs. La souveraineté et la puissance publique deviendront propagande et suggestion des foules dans le champ d’attraction de l’esprit, elles se mueront en contrôle dans celui de l’économie. Toutes ces opérations de substitution visent très précisément à soumettre l’État et la politique à une morale individualiste. »
Carl Schmitt
La notion de politique (Der Begriff des Politischen), 1927, éditions Calmann-Lévy, 1972, trad. Marie-Louise Steinhauser, éditions Flammarion, coll. Champs classiques, 2009