« Voyager, ce n’est pas choisir les ordres, c’est faire entrer l’ordre en soi. »
Sylvain Tesson
Petit traité sur l’immensité du monde, éditions des Équateurs, 2005
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« Voyager, ce n’est pas choisir les ordres, c’est faire entrer l’ordre en soi. »
Sylvain Tesson
Petit traité sur l’immensité du monde, éditions des Équateurs, 2005
« Je considère que c’est le devoir de tous ceux qui, solitaires, vont leur propre chemin de faire part à la société de ce qu’ils ont découvert au cours de leur voyage d’exploration. Que ce soit une fontaine fraîche pour ceux que tourmentent la soif ou l’aride désert de l’erreur stérile. »
Carl Gustav Jung
L’Âme et la Vie, recueil de textes rassemblés par Jolande Jacobi et introduits par Michel Cazenave, trad. Yves Le Lay, éditions Buchet Chastel, 1965, éditions Le Livre de Poche, 1995
« Le sacrifice de soi-même n’est pas difficile lorsqu’on est brûlé par la passion d’une grande aventure. Et il n’y a pas d’aventure plus belle et plus dangereuse que la rénovation de l’homme moderne. »
Alexis Carrel
L’homme, cet inconnu, éditions Plon, 1935
« Ces quelques jours dans la Mongolie des prairies m’apprennent que la solitude m’est devenue un état nécessaire. Je la trouve douce. Elle est la sueur de la liberté. »
Sylvain Tesson
L’axe du loup, éditions Robert Laffont, 2004
« Les héros de ces chants vivent encore en nous. Leur courage nous fascine. Leurs passions nous sont familières. Leurs aventures ont forgé des expressions que nous employons. Ils sont nos frères et sœurs évaporés : Athéna, Achille, Ajax, Hector, Ulysse et Hélène ! Leurs épopées ont engendré ce que nous sommes, nous autres Européens : ce que nous sentons, ce que nous pensons. “Les Grecs ont civilisé le monde”, écrivait Chateaubriand. Homère continue à nous aider à vivre. »
Sylvain Tesson
Un été avec Homère, Éditions des Équateurs, 2018
« La température chute subitement ? J’abats du bois par ‑35° et lorsque je rentre dans la cabane, la chaleur procure l’effet d’un luxe suprême. Après la froidure, le bruit d’un bouchon de vodka qui saute près d’un poêle suscite infiniment plus de jouissance qu’un séjour palatial au bord du grand canal vénitien. Que les huttes puissent tenir rang de palais, les habitués des suites royales ne le comprendront jamais. Ils n’ont pas connu l’onglet avant le bain moussant. Le luxe n’est pas un état mais le passage d’une ligne, le seuil où, soudain, disparaît toute souffrance. »
Sylvain Tesson
Dans les forêts de Sibérie, éditions Gallimard, 2011
« Nous voulons de la place au soleil – C’est normal mon garçon ; alors fais du soleil au lieu de chercher à faire de la place. »
Jean Giono
Le bonheur fou, éditions Gallimard, 1957
« Les poèmes homériques nous montrent les chefs achéens régnant chacun sur un petit royaume ; la Grèce de l’âge héroïque, divisée en autant de royaumes indépendants qu’il y a de cantons, était déjà morcelée à l’extrême, comme le sera plus tard celle de l’époque classique. […]
Chacun de ces rois est indépendant : Agamemnon n’est choisi comme chef de guerre contre Troie que parce qu’il commande à la troupe la plus nombreuse ; mais avant de prendre une décision il consulte les autres chefs, ses pairs, réunis en conseil. […] Ces chefs sont essentiellement des guerriers. La guerre est leur principale occupation, la source principale de leur richesse. Ils ne rêvent que batailles et pillages, expéditions sur terre ou sur mer. Entre voisins, les guerres sont incessantes : la paix leur pèse, le repos les ennuie, l’aventure les attire ; et, lors même que, vaincus par l’âge, ils chauffent leurs vieux membres à la flamme du foyer dans la haute salle de leur manoir, ils n’ont pas de plus grande joie que d’écouter après un festin le récit des exploits de leur jeunesse. […]
Le pouvoir de ces rois, tel qu’il nous est présenté dans l’Iliade et dans l’Odyssée, est de caractère féodal. Plus qu’il ne gouverne un canton, chacun d’eux commande à un groupe de guerriers qui le reconnaissent comme leur chef. Autant que ses soldats, ses compagnons d’armes sont ses amis, en même temps que ses serviteurs, et, en expédition lointaine comme au pays, ils sont convoqués en assemblée lorsque se présente une affaire grave. Bien que la royauté soit héréditaire, chaque chef doit mériter son rang par sa prudence au conseil et son courage au combat. À la guerre, qui est encore conçue comme une série d’engagements individuels, il paye de sa personne, et, de retour chez lui, en son manoir ou dans son domaine, il ne croit pas déchoir en prenant part à l’apprêt d’un festin ou aux travaux des champs. »
Robert Flacelière
Introduction aux poèmes homériques, 1955
« Nous allons vers un monde où il y aura de moins en moins de poneys sauvages… »
Michel Déon
Les Poneys sauvages, éditions Gallimard, 1970
« Mais en vérité, ils avaient été des hommes qui connaissaient la peine, les privations, la violence, la débauche — mais ne connaissaient point la peur et n’éprouvaient aucun élan de méchanceté en leur cœur. Des hommes difficiles à diriger, mais faciles à inspirer, des hommes sans voix — mais suffisamment virils pour mépriser dans leur cœur les voix sentimentales qui se lamentaient sur la dureté de leur destin. C’était un destin et c’était le leur ; cette capacité de le supporter leur semblait le privilège des élus ! Leur génération vivait muette et indispensable, sans connaître les douceurs de l’affection ou le refuge du foyer — et mourait libre de la sombre menace d’une tombe froide. Ils étaient les éternels enfants de la mer mystérieuse. Leurs successeurs sont les fils adultes d’une terre insatisfaite. Ils sont moins dépravés mais moins innocents ; moins irrévérencieux mais peut-être aussi moins croyants ; et s’ils ont appris à parler, ils ont aussi appris à gémir. »
Joseph Conrad
Le nègre du Narcisse, 1913, trad. Robert d’Humières, éditions Gallimard, coll. L’imaginaire, 2007
« Je suis content et fier d’y avoir été, même s’il a fallu payer le prix de la captivité, parce que là-haut… Ah ! Comment dire ?… Là-haut, on a eu des exemples, mon vieux. Des maîtres. Des patrons. Des capitaines ! Des hommes bien ! Je ne parle pas seulement du courage, ce qui est essentiel… Je parle aussi de la manière aussi, la manière !… […]
Oh je sais bien que ce n’est pas parce qu’on accepte de se faire tuer pour une cause que cette cause est juste. Mais je m’en fous de la cause… je vous parle des hommes… je pourrais vous donner la liste. De toutes les origines, de tous les rangs de l’armée. Il y en a je ne sais même pas leur nom. Je ne les ai vus qu’une fois. Je sens encore… leurs doigts sur mon cœur. Un seul type bien, vraiment bien, et ça change tout. Un seul ! Là-haut il y en avait plein ! Et ils avaient la manière. Je peux vous le dire… »
Pierre Schoendoerffer
Là-haut, Éditions Grasset, 1981