« Personne, je demande pardon au lecteur d’employer une expression un peu vulgaire et qui commençait alors à prendre une grande vogue, personne ne blaguait mieux que lui. Son esprit vif, actif et plein d’à‑propos, ne lui faisait jamais défaut pour l’attaque ou pour la riposte. Je me rappelle même à ce sujet une réponse qu’il adressa à un capitaine anglais.
Ce dernier prétendait que les Français, ce qui au reste était assez vrai pour Surcouf, ne se battaient jamais que pour de l’argent, tandis que les Anglais, disait-il, ne combattaient que pour l’honneur et pour la gloire !
— Eh bien ! qu’est-ce que cela prouve, lui répondit le Malouin, sinon une chose, que nous combattons chacun pour acquérir ce qui nous manque ? »
Ambroise Louis Garneray
Voyages, aventures et combats, Alphonse Lebègue, Imprimeur-éditeur, 1851