« D’un côté, dans les institutions, les finalités de la vie sont appréhendées et poursuivies en commun, de l’autre, les humains s’orientent vers des sentiments et des actes précis, harmonisés entre eux, avec le bénéfice inappréciable d’une stabilisation étendue à la vie intérieure, qui leur évite d’être contraints à tout bout de champ à des complications affectives ou de pénibles décisions de principe. Ce délestage a des répercussions productives, car la bienfaisante absence d’interrogations qui s’installe lorsque l’individu est porté, intérieurement et extérieurement, par un échafaudage de règles, libère des énergies qui s’orientent vers le haut. Elles se trouvent ainsi encadrées, on leur donne libre cours dans le sens de l’état de choses existant, où elles peuvent s’épanouir. »
Arnold Gehlen
Morale et hypermorale, trad. François Poncet, Paris, Krisis, 2023