« Est diabolique celui qui instaure le règne du mensonge et contraint d’autres humains à y demeurer. Cela va plus loin que la flétrissure d’une relégation spirituelle, on instaure là le règne du monde à l’envers, où l’Antéchrist porte le masque du Rédempteur, comme dans la fresque de Signorelli sur les murs d’Orvieto. Le diable n’est pas celui qui tue, il est Diabolos, le calomniateur, il est le dieu pour qui le mensonge n’est pas pleutrerie, comme il l’est chez l’homme, mais pouvoir souverain. Il fait crouler le dernier orifice laissé au désespoir, la connaissance, il institue l’empire de l’insane, car il faut être dément pour faire du mensonge sa demeure. »
Arnold Gehlen
Morale et hypermorale, trad. François Poncet, Paris, Krisis, 2023