« En effet, l’Europe qui s’étalait sous les yeux de Leontiev contrastait avec celle de sa bien-aimée Renaissance. “Ne serait-il pas atroce et vexant de penser que Moïse n’a gravi le Sinaï, que les Hellènes n’ont édifié leurs gracieuses Acropoles, que les Romains n’ont fait les guerres puniques, que le génial, le superbe Alexandre, coiffé d’un casque emplumé, n’a franchi le Granique et combattu à Arbèles, que les apôtres n’ont prêché, les martyrs souffert, les poètes chanté, les peintres peint, les chevaliers brillé dans les tournois, qu’à cette fin unique qu’un bourgeois français, allemand ou russe, affublé de ses habits ridicules et hideux, jouisse d’un confort “individuel” et “collectif” sur les ruines de toute grandeur passée ?… Quelle honte pour le genre humain si ce vil idéal de l’utilité commune, de la mesquinerie du travail et de l’ignominie du trantran devait triompher pour toujours !” »
Vladimir Volkoff
Le complexe de Procuste, éditions Julliard – L’Âge d’Homme, 1981