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Thème

Citations sur l'histoire

Ils comprirent subitement qu’un nouveau vouloir demande de nouvelles lois…

« Ils com­prirent subi­te­ment qu’un nou­veau vou­loir demande de nou­velles lois, des lois qui se for­mu­laient dans les cer­veaux inlas­sa­ble­ment en tra­vail de ces lut­teurs soli­taires, et qui les char­geaient d’une si mons­trueuse res­pon­sa­bi­li­té que seuls pou­vaient l’assumer ceux qui étaient dis­po­sés à se don­ner sans res­tric­tion. […] Ce sont les hommes qui décident et non pas les faits. »

Ernst von Salomon
Les Réprou­vés (Die Geäch­te­ten), 1930, trad. Andh­rée Vaillant et Jean Kucken­berg, édi­tions Plon, coll. Feux croi­sés, 1931

Avant 1945, dans toutes les nations européennes, on honorait encore les symboles militaires…

« Avant 1945, dans toutes les nations euro­péennes, on hono­rait encore les sym­boles mili­taires et l’héroïsme du com­bat­tant. Même en France, mal­gré les consé­quences mul­tiples de la Révo­lu­tion, l’offi­cier de réserve béné­fi­ciait d’un sta­tut moral pri­vi­lé­gié, au même titre que le pro­prié­taire ter­rien, alors que cette grâce était refu­sée aux pro­fes­sions du com­merce et de la finance. Faute de recul et de vision his­to­rique, on ne mesure pas encore l’ampleur de ce qui a été détruit. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Les cultures modernes sont des dévoreuses d’espace…

« Les cultures modernes sont des dévo­reuses d’espace, les cultures tra­di­tion­nelles furent des dévo­reuses de temps. Les pre­mières ont une fièvre ver­ti­gi­neuse de mou­ve­ment et de conquêtes ter­ri­to­riales, qui génère un arse­nal infi­ni de moyens méca­niques capable de réduire les plus grandes dis­tances, d’abréger chaque inter­valle, de conte­nir dans une sen­sa­tion d’ubiquité tout ce qui se déploie dans la mul­ti­tude des lieux […] Au contraire, les cultures tra­di­tion­nelles furent ver­ti­gi­neuses par leur sta­bi­li­té, leur iden­ti­té et leur capa­ci­té à résis­ter, inébran­la­ble­ment, au cours du temps et de l’histoire : elles ont été capables d’exprimer jusque dans des formes sen­sibles et tan­gibles un sym­bole d’éternité. »

Julius Evo­la
L’Arc et la Mas­sue (L’arco e la cla­va), 1968

Deux conflits ont structuré notre histoire depuis l’origine…

« Pole­mos est le père de toute chose” selon Héra­clite. Deux conflits ont struc­tu­ré notre his­toire depuis l’origine : le conflit Orient/Occident et le conflit Europe/islam. Ce second conflit dure depuis 13 siècles. Et il est rede­ve­nu majeur depuis que les musul­mans ont repris leur marche vers l’ouest et le nord.
Cette confron­ta­tion, il ne faut pas la nier. Il faut y faire face. Et saluer la résis­tance qui se lève à l’est. Dans les pays du groupe de Vise­grád : la Tché­quie, la Slo­va­quie, la Pologne et la Hon­grie bien sûr. La Hon­grie aux avant-postes de la résis­tance au Grand Turc hier et à l’invasion migra­toire aujourd’hui. »

Jean-Yves Le Gallou
XXIe siècle, vers un nou­veau cycle euro­péen ?, allo­cu­tion au cin­quième col­loque de l’Institut Iliade, Paris, Mai­son de la Chi­mie, 7 avril 2018

Il regardait ses pieds…

« Il regar­dait ses pieds qui pas à pas le rap­pro­chaient de sa mai­son. En Rus­sie aus­si il regar­dait ses pieds en mar­chant dans la steppe ; aus­si en Alba­nie, en Pologne, en Alle­magne. Même les pas qui l’avaient éloi­gné étaient des pas pour reve­nir. De temps à autre il levait les yeux pour regar­der la route qu’il lui res­tait à faire : les petites lignes droites lui sem­blaient très longues et les mon­tagnes encore bien loin. »

Mario Rigo­ni Stern
Sen­tiers sous la neige (Sen­tie­ri soto la neve), 1998, trad. Monique Bac­cel­li, édi­tions La Fosse aux ours, 2000

Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre…

« Le 21 jan­vier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appe­lé signi­fi­ca­ti­ve­ment la pas­sion de Louis XVI. Certes, c’est un répu­gnant scan­dale d’avoir pré­sen­té, comme un grand moment de notre his­toire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet écha­faud ne marque pas un som­met, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses atten­dus et ses consé­quences, le juge­ment du roi est à la char­nière de notre his­toire contem­po­raine. Il sym­bo­lise la désa­cra­li­sa­tion de cette his­toire et la dés­in­car­na­tion du Dieu Chré­tien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son repré­sen­tant his­to­rique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une appa­rence de Dieu relé­gué dans le ciel des principes. »

Albert Camus
L’Homme révol­té, édi­tions Gal­li­mard, coll. Blanche, 1951

Qui était sorti vainqueur de cette fausse guerre ? Les États-Unis, bien entendu…

« Qui était sor­ti vain­queur de cette fausse guerre [la guerre froide, NDLR] ? Les États-Unis, bien enten­du, et l’économie de mar­ché. Mais aus­si la reli­gion de l’Humanité, une, uni­forme et uni­ver­selle. Une reli­gion com­mune aux deux adver­saires de la veille. Et ce n’était pas leur seule affi­ni­té. Que vou­laient les com­mu­nistes d’autrefois ? Ils vou­laient la mise en com­mun des richesses de l’humanité et une ges­tion ration­nelle assu­rant à tous abon­dance et paix. Ils vou­laient aus­si la créa­tion d’un homme nou­veau, capable de dési­rer ces bien­faits, un homme ration­nel et uni­ver­sel, déli­vré de toutes ces entraves que sont des racines, une nature et une culture. Ils vou­laient enfin assou­vir leur haine des hommes concrets, por­teurs de dif­fé­rences, leur haine éga­le­ment de la vieille Europe, mul­tiple et tra­gique. Et l’Occident amé­ri­cain, que veut-il ? Eh bien, la même chose. La dif­fé­rence porte sur les méthodes. Récu­sant la pla­ni­fi­ca­tion par la contrainte, le sys­tème amé­ri­cain voit dans le mar­ché le fac­teur prin­ci­pal de la ratio­na­li­té et des changements. […]
Le com­mu­nisme de mar­ché, autre nom du mon­dia­lisme, ne par­tage pas seule­ment avec son ex-frère enne­mi sovié­tique la vision radieuse du but final. Pour chan­ger le monde, lui aus­si doit chan­ger l’homme, fabri­quer l’homo œco­no­mi­cus de l’avenir, le zom­bi, l’homme du nihi­lisme, vidé de son conte­nu, pos­sé­dé par l’esprit du mar­ché et de l’Humanité uni­ver­selle. Le zom­bi se mul­ti­plie sous nos yeux. Il est heu­reux puisque l’esprit du mar­ché lui souffle que le bon­heur consiste à satis­faire tous ses dési­rs”. Et ses dési­rs étant ceux du mar­ché ne sont sus­ci­tés que pour être satisfaits. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Et puis une révolution est effectivement survenue. Pas du tout celle qu’on attendait…

« Nous ne l’a­vons même pas vue se pro­duire car il s’est agi d’une révo­lu­tion silen­cieuse, d’une révo­lu­tion invi­sible, d’une révo­lu­tion sans nom ni visage, sans acteur mani­feste pour la por­ter du type de ceux qu’on avait cru pou­voir iden­ti­fier dans le pas­sé. Mais une révo­lu­tion quand même puisqu’elle nous a fait chan­ger de monde sur tous les plans. Cette révo­lu­tion qui se déclare dans la seconde moi­tié des années 1970, consé­cu­ti­ve­ment au choc pétro­lier de la fin 1973 qui aura joué comme son déclen­cheur, cette révo­lu­tion qui se répand par des vagues désor­mais bien iden­ti­fiées avec la mon­dia­li­sa­tion libé­rale est tout à la fois une révo­lu­tion indus­trielle, une révo­lu­tion tech­no­lo­gique, une révo­lu­tion cultu­relle, une révo­lu­tion sociale. Nous en par­lons tous les jours. Finan­cia­ri­sa­tion du capi­ta­lisme, entrée dans l’ère numé­rique, indi­vi­dua­li­sa­tion des socié­tés, post­mo­der­nisme cultu­rel. Ces ingré­dients nous sont fami­liers. Mais c’est une révo­lu­tion de l’échappée de l’histoire à notre prise, une révo­lu­tion de l’échappée du cours de l’histoire à la maî­trise réflé­chie des acteurs.
Au rebours de ce qu’était la marche anté­rieure de nos socié­tés qui parais­sait nous pro­mettre les ins­tru­ments d’une his­toire davan­tage vou­lue en conscience et maî­tri­sée, cette révo­lu­tion nous a jetés dans une his­toire subie à laquelle nous contri­buons mal­gré nous, nous ne pou­vons pas ne pas y contri­buer, mais dont le cours nous échappe et dont il est vain d’espérer détec­ter la direc­tion. Aus­si bien d’ailleurs que de lui assi­gner un quel­conque abou­tis­se­ment. Nous avons beau savoir que nous fai­sons cette his­toire, l’expérience que nous en avons au quo­ti­dien ne nous laisse plus espé­rer que nous pour­rions savoir ce que nous en fai­sons. Elle est un pro­duit de notre action qui se sous­trait à notre réflexion. En pro­fon­deur, elle cesse d’être même d’être vécue comme une His­toire en mesure de relier un pas­sé intel­li­gible avec un ave­nir plau­sible. Il ne reste plus qu’un chaos d’interactions obs­cures, sans pas­sé auquel les relier ni futur iden­ti­fiable qui pour­rait en sur­gir. C’est de cet effa­ce­ment, remar­quons-le au pas­sage, que naît le règne du pré­sent. S’il n’y a plus ni pas­sé auquel réfé­rer les actions au pré­sent ou futur iden­ti­fiable à par­tir de ces actions au pré­sent, il ne reste effec­ti­ve­ment que le pré­sent. C’est cela le noyau du pré­sen­tisme contem­po­rain. L’idée d’Histoire comme réfé­rent col­lec­tif par rap­port auquel se situer s’est éva­nouie. Et je crois qu’il ne faut pas aller cher­cher ailleurs le secret du brouillage des iden­ti­tés poli­tiques. »

Mar­cel Gauchet
Qui sont les acteurs de l’histoire ?, confé­rence au 17e Ren­dez-vous de l’Histoire, Blois, 10 octobre 2014

Tout cela avait perdu sa valeur, tout cela appartenait au temps des victoires…

« Tout cela avait per­du sa valeur, tout cela appar­te­nait au temps des vic­toires, lorsque les dra­peaux pen­daient à toutes les fenêtres. Main­te­nant il n’y avait plus de vic­toires, main­te­nant les dra­peaux avaient per­du leur radieuse signi­fi­ca­tion, main­te­nant, à cette heure trouble où tout s’écroulait, la voie à laquelle j’avais été des­ti­né était deve­nue impra­ti­cable, main­te­nant je me trou­vais, sans pou­voir m’en sai­sir, en face de choses nou­velles, en face de choses qui accou­raient de toutes parts, de choses sans forme, où ne vibrait aucun appel clair, aucune cer­ti­tude qui péné­trait irré­sis­ti­ble­ment le cer­veau, sauf une pour­tant, celle que ce monde où j’étais enra­ci­né, que je n’avais eu ni à accep­ter ni à adop­ter, et dont j’étais une par­celle, allait s’effondrer défi­ni­ti­ve­ment, irré­vo­ca­ble­ment, et qu’il ne res­sus­ci­te­rait pas, qu’il ne renaî­trait jamais. […]
La désa­gré­ga­tion de l’ancien ordre jointe au déchaî­ne­ment des convoi­tises et des dési­rs les plus pro­fonds, les plus secrets, et au relâ­che­ment de tous les liens, fai­sait que tous s’éloignaient les uns des autres et il ne sem­blait plus néces­saire à per­sonne de dis­si­mu­ler le véri­table fond de son être. […] Et tous avaient rai­son, cette dam­née rai­son était de leur côté, et ils usaient de rai­son­ne­ments sages et mesu­rés pour étran­gler toute pro­tes­ta­tion, tout brû­lant enthou­siasme. […]
Plus de choses s’étaient anéan­ties pour nous que les seules valeurs que nous avions tenues dans la main. Pour nous s’était aus­si bri­sée la gangue qui nous rete­nait pri­son­niers. La chaîne s’était rom­pue, nous étions libres. Notre sang, sou­dain en effer­ves­cence, nous jetait dans l’ivresse et l’aventure, nous jetait à tra­vers l’espace et le péril, mais il pous­sait aus­si l’un vers l’autre ceux qui s’étaient recon­nus parents jusqu’au plus pro­fond de leurs fibres. Nous étions une ligue de guer­riers, impré­gnés de toute la pas­sion du monde, farouches dans le désir, joyeux dans nos haines comme dans nos amours. […] Si jamais du nou­veau vient au monde, c’est bien du chaos qu’il sur­git, à ces moments où la misère rend la vie plus pro­fonde, où, dans une atmo­sphère sur­chauf­fée, se consume ce qui ne peut pas sub­sis­ter et se puri­fie ce qui doit vaincre. Dans cette masse en ébul­li­tion, en fer­men­ta­tion, nous pou­vions jeter nos dési­rs et nous pou­vions voir s’élever la vapeur de nos espoirs. »

Ernst von Salomon
Les Réprou­vés (Die Geäch­te­ten), 1930, trad. Andh­rée Vaillant et Jean Kucken­berg, édi­tions Plon, coll. Feux croi­sés, 1931

Puis, les Cavaliers de la Maison du Roi défilèrent autour du tombeau…

« Puis, les Cava­liers de la Mai­son du Roi défi­lèrent autour du tom­beau mon­tés sur des che­vaux blancs, chan­tant en chœur un chant sur Théo­den fils de Then­gel, com­po­sé par son ménes­trel Gléo­wine, qui n’en fit plus d’autre par la suite. Les accents lents des Cava­liers, émurent même les cœurs de ceux qui ne connais­saient pas la langue de ce peuple, mais les paroles du chant firent naître une lueur dans les yeux de ceux de la Marche qui enten­daient de nou­veau le ton­nerre des sabots du Nord et la voix d’Eorl domi­nant le bruit de la bataille dans le Champ de Célé­brant, et l’histoire des rois se pour­sui­vit, le cor de Helm reten­tis­sait dans les mon­tagnes, jusqu’à ce que l’Obscurité tom­bât et que le Roi Théo­den se levât pour tra­ver­ser à che­val l’Ombre jusqu’au feu et mou­rir en splen­deur, tan­dis que le Soleil, reve­nant contre tout espoir, res­plen­dis­sait au matin sur le Mindol-aluin.
Hors du doute, hors des ténèbres, vers le lever du jour
il che­vau­cha, chan­tant dans le Soleil et l’épée hors du fourreau.
Il rani­ma l’espoir, et dans l’espoir il finit,
au-des­sus de la mort, au-des­sus de la peur, au-des­sus du des­tin élevé,
hors de la ruine, hors de la vie, vers une durable gloire. »

J.R.R. Tol­kien
Le Sei­gneur des Anneaux (The Lord of the Rings), 1954 – 1955

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