« Elle est une complicité totale entre l’homme et son environnement, une intimité constante entre l’individu qui vit dans un lieu donné, et toutes les composantes de ce lieu. C’est la vieille histoire du poisson dans l’eau. L’homme de la terre en arrive à connaître si bien son milieu naturel qu’il évite autant que possible de se trouver en conflit avec lui, qu’il en connaît tout ce que cet environnement comporte de leçons pour toutes les époques et toutes les circonstances de la vie. […] Il est facile d’être de son temps. La belle affaire ! N’importe quel imbécile peut être de son temps ! Il suffit de suivre tout le monde et de bêler avec le troupeau.
Mais être de son lieu, ce n’est pas donné à tout le monde. Être de son lieu, c’est justement établir entre l’endroit où l’on vit, où l’on a ses occupations, où l’on mène son existence tout entière, entre l’endroit où l’on vit, donc, et soi-même, cette espèce d’entente qui fait qu’on finit par approcher de ce qu’on appelle la sagesse. »
Pierre-Jakez Hélias
La sagesse de la terre (avec Jean Markale), Petite Bibliothèque Payot, 1978