Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne

Citatio, un portail ouvert sur notre civilisation

Nous menons un travail long et exigeant afin d'assurer la qualité des milliers de citations que nous vous proposons. Tout cela a un coût que vous pouvez nous aider à supporter en faisant un don.

Thème

Citations sur la culture

Par culture traditionnelle, on entend une culture organique…

« Par culture tra­di­tion­nelle, on entend une culture orga­nique, dont toutes les acti­vi­tés sont ordon­nées autour d’une idée cen­trale et, à pro­pre­ment par­ler, du haut vers le haut”. Vers le haut” signi­fie vers quelque chose de supé­rieur à ce qui est sim­ple­ment natu­ra­liste et humain. Cette orien­ta­tion pré­sup­pose un ensemble de prin­cipes ayant une valeur de norme immuable et un carac­tère méta­phy­sique. À un tel ensemble, on peut don­ner le nom de Tra­di­tion au sin­gu­lier, parce que les valeurs et les prin­cipes de base sont essen­tiel­le­ment les mêmes dans les tra­di­tions his­to­riques dis­tinctes, en dehors des adap­ta­tions et for­mu­la­tions qui leur sont propres. Qui recon­naît de telles valeurs et les affirme, peut se dire un homme de la Tra­di­tion. »

Julius Evo­la
inter­view de Gian­fran­co de Tur­ris, « L’Italiano », novembre 1970

La France a perdu le privilège, sur son sol, d’imposer son mode de vie…

« La France a per­du le pri­vi­lège, sur son sol, d’imposer son mode de vie, son modèle cultu­rel. On n’a plus le droit d’exiger qu’on vive à Rome comme les Romains’. On peut juste récla­mer la coexis­tence. Ain­si émerge le nou­veau concept de Vivre ensemble’. C’est un nou­veau pas, un nou­veau recul ; la nation fran­çaise tente la jux­ta­po­si­tion, à la liba­naise, de com­mu­nau­tés auto­nomes qu’on renonce à fondre ensemble. Avec seule­ment un règle­ment de copro­prié­té : le code laïc, que beau­coup rejettent, d’ailleurs. C’est aux citoyens fran­çais de s’adapter et de raser les murs, tête basse. Le temps est venu de la colo­ni­sa­tion à rebours et de l’assimilation à l’envers. »

Phi­lippe de Villiers
Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, édi­tions Albin Michel, 2015

Pour la décision, le savoir est un adjuvant…

« Pour la déci­sion, le savoir est un adju­vant, il n’est pas son élé­ment constitutif. »

Julien Freund
« Que veut dire : prendre une déci­sion ? », Nou­velle École, automne 1984

Il n’y a pas de volonté d’assimiler des peuples à notre culture…

« Vincent Peillon, ancien ministre de l’Éducation natio­nale, esti­mait qu’il était du rôle de l’école d’ arra­cher les enfants à tous les déter­mi­nismes sociaux et cultu­rels”. Par cette décla­ra­tion il sou­hai­tait pro­mou­voir l’idée d’une socié­té post-tra­di­tion­nelle, en par­tie parce que lui, et ceux qui l’ont pré­cé­dé, n’ont pas su régler le pro­blème d’une socié­té fran­çaise qui voit coha­bi­ter une mul­ti­pli­ci­té de tra­di­tions cultu­relles et reli­gieuses (aux racines par­fois fort éloi­gnées) depuis désor­mais qua­rante ans. Le grand effa­ce­ment de notre culture tra­di­tion­nelle doit faci­li­ter l’intégration de plu­sieurs peuples à qui l’on deman­de­ra plus tard le même effort. Le vivre-ensemble” à la manière post-moderne est d’abord un vivre avec”, puis un revivre” sous une autre forme fon­ciè­re­ment dif­fé­rente de celle qui fut aupa­ra­vant ; il n’y a pas de volon­té d’assimiler des peuples à notre culture mais bien plu­tôt le pro­jet de tous nous assi­mi­ler, à marche for­cée, à une vision du monde par­tiel­le­ment incon­nue fon­dée sur une uto­pie concep­tuelle dont on ne peut mesu­rer les consé­quences. Il faut se poser une ques­tion se situant au-delà de la pas­sion que pour­rait géné­rer un tel débat : ce pro­jet est-il réa­li­sable et, le cas échéant, est-il sou­hai­table ? Non. »

Gabriel Robin
« Les Tra­di­tions vivantes », inter­ven­tion à la 7ème jour­née de réin­for­ma­tion de Polé­mia, Paris, 18 octobre 2014

Les cultures modernes sont des dévoreuses d’espace…

« Les cultures modernes sont des dévo­reuses d’espace, les cultures tra­di­tion­nelles furent des dévo­reuses de temps. Les pre­mières ont une fièvre ver­ti­gi­neuse de mou­ve­ment et de conquêtes ter­ri­to­riales, qui génère un arse­nal infi­ni de moyens méca­niques capable de réduire les plus grandes dis­tances, d’abréger chaque inter­valle, de conte­nir dans une sen­sa­tion d’ubiquité tout ce qui se déploie dans la mul­ti­tude des lieux […] Au contraire, les cultures tra­di­tion­nelles furent ver­ti­gi­neuses par leur sta­bi­li­té, leur iden­ti­té et leur capa­ci­té à résis­ter, inébran­la­ble­ment, au cours du temps et de l’histoire : elles ont été capables d’exprimer jusque dans des formes sen­sibles et tan­gibles un sym­bole d’éternité. »

Julius Evo­la
L’Arc et la Mas­sue (L’arco e la cla­va), 1968

L’âge de la culture générale nous a malheureusement privés d’une réserve considérable d’analphabètes…

« L’âge de la culture géné­rale nous a mal­heu­reu­se­ment pri­vés d’une réserve consi­dé­rable d’analphabètes — de même qu’aujourd’hui on peut faci­le­ment entendre mille per­sonnes astu­cieuses rai­son­ner sur l’Église, tan­dis qu’on cherche en vain les vieux saints reti­rés dans la soli­tude de leur rochers et de leurs forêts. »

Ernst Jün­ger
Le Tra­vailleur (Der Arbei­ter), 1931, trad. Julien Her­vier, Chris­tian Bour­gois édi­teur, 1989

Qui était sorti vainqueur de cette fausse guerre ? Les États-Unis, bien entendu…

« Qui était sor­ti vain­queur de cette fausse guerre [la guerre froide, NDLR] ? Les États-Unis, bien enten­du, et l’économie de mar­ché. Mais aus­si la reli­gion de l’Humanité, une, uni­forme et uni­ver­selle. Une reli­gion com­mune aux deux adver­saires de la veille. Et ce n’était pas leur seule affi­ni­té. Que vou­laient les com­mu­nistes d’autrefois ? Ils vou­laient la mise en com­mun des richesses de l’humanité et une ges­tion ration­nelle assu­rant à tous abon­dance et paix. Ils vou­laient aus­si la créa­tion d’un homme nou­veau, capable de dési­rer ces bien­faits, un homme ration­nel et uni­ver­sel, déli­vré de toutes ces entraves que sont des racines, une nature et une culture. Ils vou­laient enfin assou­vir leur haine des hommes concrets, por­teurs de dif­fé­rences, leur haine éga­le­ment de la vieille Europe, mul­tiple et tra­gique. Et l’Occident amé­ri­cain, que veut-il ? Eh bien, la même chose. La dif­fé­rence porte sur les méthodes. Récu­sant la pla­ni­fi­ca­tion par la contrainte, le sys­tème amé­ri­cain voit dans le mar­ché le fac­teur prin­ci­pal de la ratio­na­li­té et des changements. […]
Le com­mu­nisme de mar­ché, autre nom du mon­dia­lisme, ne par­tage pas seule­ment avec son ex-frère enne­mi sovié­tique la vision radieuse du but final. Pour chan­ger le monde, lui aus­si doit chan­ger l’homme, fabri­quer l’homo œco­no­mi­cus de l’avenir, le zom­bi, l’homme du nihi­lisme, vidé de son conte­nu, pos­sé­dé par l’esprit du mar­ché et de l’Humanité uni­ver­selle. Le zom­bi se mul­ti­plie sous nos yeux. Il est heu­reux puisque l’esprit du mar­ché lui souffle que le bon­heur consiste à satis­faire tous ses dési­rs”. Et ses dési­rs étant ceux du mar­ché ne sont sus­ci­tés que pour être satisfaits. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Et puis une révolution est effectivement survenue. Pas du tout celle qu’on attendait…

« Nous ne l’a­vons même pas vue se pro­duire car il s’est agi d’une révo­lu­tion silen­cieuse, d’une révo­lu­tion invi­sible, d’une révo­lu­tion sans nom ni visage, sans acteur mani­feste pour la por­ter du type de ceux qu’on avait cru pou­voir iden­ti­fier dans le pas­sé. Mais une révo­lu­tion quand même puisqu’elle nous a fait chan­ger de monde sur tous les plans. Cette révo­lu­tion qui se déclare dans la seconde moi­tié des années 1970, consé­cu­ti­ve­ment au choc pétro­lier de la fin 1973 qui aura joué comme son déclen­cheur, cette révo­lu­tion qui se répand par des vagues désor­mais bien iden­ti­fiées avec la mon­dia­li­sa­tion libé­rale est tout à la fois une révo­lu­tion indus­trielle, une révo­lu­tion tech­no­lo­gique, une révo­lu­tion cultu­relle, une révo­lu­tion sociale. Nous en par­lons tous les jours. Finan­cia­ri­sa­tion du capi­ta­lisme, entrée dans l’ère numé­rique, indi­vi­dua­li­sa­tion des socié­tés, post­mo­der­nisme cultu­rel. Ces ingré­dients nous sont fami­liers. Mais c’est une révo­lu­tion de l’échappée de l’histoire à notre prise, une révo­lu­tion de l’échappée du cours de l’histoire à la maî­trise réflé­chie des acteurs.
Au rebours de ce qu’était la marche anté­rieure de nos socié­tés qui parais­sait nous pro­mettre les ins­tru­ments d’une his­toire davan­tage vou­lue en conscience et maî­tri­sée, cette révo­lu­tion nous a jetés dans une his­toire subie à laquelle nous contri­buons mal­gré nous, nous ne pou­vons pas ne pas y contri­buer, mais dont le cours nous échappe et dont il est vain d’espérer détec­ter la direc­tion. Aus­si bien d’ailleurs que de lui assi­gner un quel­conque abou­tis­se­ment. Nous avons beau savoir que nous fai­sons cette his­toire, l’expérience que nous en avons au quo­ti­dien ne nous laisse plus espé­rer que nous pour­rions savoir ce que nous en fai­sons. Elle est un pro­duit de notre action qui se sous­trait à notre réflexion. En pro­fon­deur, elle cesse d’être même d’être vécue comme une His­toire en mesure de relier un pas­sé intel­li­gible avec un ave­nir plau­sible. Il ne reste plus qu’un chaos d’interactions obs­cures, sans pas­sé auquel les relier ni futur iden­ti­fiable qui pour­rait en sur­gir. C’est de cet effa­ce­ment, remar­quons-le au pas­sage, que naît le règne du pré­sent. S’il n’y a plus ni pas­sé auquel réfé­rer les actions au pré­sent ou futur iden­ti­fiable à par­tir de ces actions au pré­sent, il ne reste effec­ti­ve­ment que le pré­sent. C’est cela le noyau du pré­sen­tisme contem­po­rain. L’idée d’Histoire comme réfé­rent col­lec­tif par rap­port auquel se situer s’est éva­nouie. Et je crois qu’il ne faut pas aller cher­cher ailleurs le secret du brouillage des iden­ti­tés poli­tiques. »

Mar­cel Gauchet
Qui sont les acteurs de l’histoire ?, confé­rence au 17e Ren­dez-vous de l’Histoire, Blois, 10 octobre 2014

Les arbres nous enseignent…

« Les arbres nous enseignent une forme de pudeur et de savoir-vivre. Ils poussent vers la lumière en pre­nant soin de s’é­vi­ter, de ne pas se tou­cher, et leurs fron­dai­sons se découpent dans le ciel sans jamais péné­trer dans la fron­dai­son voi­sine. Les arbres, en somme, sont très bien éle­vés, ils tiennent leurs dis­tances. Ils sont géné­reux aus­si. La forêt est un orga­nisme total, com­po­sé de mil­liers d’in­di­vi­dus. Cha­cun est appe­lé à naître, à vivre, à mou­rir, à se décom­po­ser – à assu­rer aux géné­ra­tions sui­vantes un ter­reau de crois­sance supé­rieur à celui sur lequel il avait pous­sé. Chaque arbre reçoit et trans­met. Entre les deux, il se main­tient. La forêt res­semble à ce que devrait être une culture. »

Syl­vain Tesson
Une très légère oscil­la­tion, jour­nal 2014 – 2017, Édi­tions des Équa­teurs, 2017, p. 171, 172

Il est assez singulier de constater que les neuf dixièmes…

« Il est assez sin­gu­lier de consta­ter que les neuf dixièmes de ce qui a été pen­sé natu­rel­le­ment et sur­tout cultu­rel­le­ment pen­dant vingt ou trente siècles (mais vingt siècles sépa­ré­ment, pas tous ensemble…) serait aujourd’hui consi­dé­ré, et l’est effec­ti­ve­ment comme inad­mis­sible, révol­tant ou, pour employer un terme dont les auto­ri­sés de parole font grand usage, criminel. »

Renaud Camus
Le Grand Rem­pla­ce­ment, édi­tions David Rein­harc, 2011, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Dans l’arène, 2021

Notre culture européenne tout entière se meurt…

« Notre culture euro­péenne tout entière se meurt depuis long­temps déjà, avec une tor­tu­rante ten­sion qui croît de décen­nies en décen­nies, comme por­tée vers une catas­trophe : inquiète, vio­lente, pré­ci­pi­tée ; comme un fleuve qui veut en finir, qui ne cherche plus à reve­nir à soi, qui craint de reve­nir à soi. »

Frie­drich Nietzsche
Frag­ments post­humes, Tome XIII, 1887 – 1888, trad. Hen­ri-Alexis Baatsch et Pierre Klos­sows­ki, édi­tions Gal­li­mard, 1976

Auteurs

Auteurs récemment ajoutés

Livres

À l'affiche

Comprendre la stratégie hongroise
Dominique Venner. La flamme se maintient
Sur les chemins noirs
Bienvenue dans le meilleur des mondes. Quand la réalité dépasse la science-fiction
Frédéric Mistral. Patrie charnelle et Provence absolue
Les Indo-Européens
Le soleil et l'acier
L’exil intérieur. Carnets intimes
La société de propagande
Tolkien, l’Europe et la tradition. La civilisation à l’aune de l’imaginaire
Voyage au bout de la nuit
Game over. La révolution antipolitique
Pour un réveil européen. Nature - Excellence - Beauté
Ceux de 14
La hache des steppes
Le japon moderne et l'éthique samouraï
Walter, ce boche mon ami
Les grandes légendes de France
Courage ! manuel de guérilla culturelle
À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes
Les Déshérités ou l’urgence de transmettre
L’enracinement
Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l'impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche
Citadelle
Œuvres en prose complètes, tome III
L'Empire du politiquement correct
L’opprobre. Essai de démonologie
La grande séparation
Orthodoxie
Économie et société médiévale
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis
Précis de décomposition
L’homme surnuméraire
L'Argent
Les Horreurs de la démocratie
Petit traité sur l’immensité du monde
La Cause du peuple
Histoire et tradition des Européens
Mémoire vive. Entretiens avec François Bousquet
Le déclin du courage
Sire
La France contre les robots
Le regard des princes à minuit
L’œuvre de chair
Service inutile
Traité du rebelle ou le recours aux forêts
Les sentinelles du soir
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?