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Citations sur la culture

De là cette chaleur et cette bousculade vers la culture…

« De là cette cha­leur et cette bous­cu­lade vers la culture, ce zèle pour une réforme phi­lo­so­phique de l’éducation et de l’ensemble des formes sociales et poli­tiques de l’humanité, qui font de l’époque de l’Aufklä­rung si sou­vent dépré­ciée une époque si digne d’être hono­rée. Un témoi­gnage impé­ris­sable de cet esprit, nous le pos­sé­dons dans l’hymne magni­fique « À la joie » que l’on doit à Schil­ler et à Bee­tho­ven. Nous ne pou­vons plus entendre cet hymne aujourd’hui qu’avec dou­leur. On ne peut ima­gi­ner contraste plus grand que celui de la situa­tion de ce temps avec notre situa­tion présente. »

Edmund Hus­serl
La crise des sciences euro­péennes et la phé­no­mé­no­lo­gie trans­cen­dan­tale (Die kri­sis der euro­pai­schen wis­sen­schaf­ten und die trans­zen­den­tale phae­no­me­no­lo­gie), 1954, trad. Gérard Gra­nel, édi­tions Gal­li­mard, coll. Tel, 1989

Ce qu’il s’agit de transmettre, c’est certes une culture…

« Ce qu’il s’agit de trans­mettre, c’est certes une culture, une cer­taine vision du monde, une grille de lec­ture” sédi­men­tée par notre plus longue mémoire, affu­tée par une confron­ta­tion assu­mée au tra­gique qui est celui de l’histoire sans cesse en train de se faire. Mais c’est davan­tage encore une atti­tude. Une façon d’être face à la vie, de dire oui” à la vie. »

Gré­goire Gambier
Qui sommes-nous si nous ne sommes pas maîtres de nous, chez nous ?, 3e col­loque annuel de l’Institut Iliade, 18 mars 2017

L’histoire est un drame…

« L’his­toire est un drame, chaque géné­ra­tion a son drame. Il y a des drames qui se ter­minent bien, d’autres qui se ter­minent très mal. Nous en savons quelque chose en ce siècle. Ce que nous pou­vons faire, c’est d’o­rien­ter les nations euro­péennes selon la réa­li­té et selon leur voca­tion. Si nous sommes sub­mer­gés par l’a­mé­ri­ca­ni­sa­tion, c’est que nous n’au­rons pas été assez intel­li­gents ni sub­tils pour assu­rer la suture entre pas­sé et avenir. »

Marc Fuma­ro­li
Notre art de vivre est né du mariage des lettres et de l’é­pée, entre­tien. Pro­pos recueillis par Patrick Jan­sen, Enquête sur l’his­toire n°24, décembre 1997 – jan­vier 1998

On ne dira jamais assez ce que la littérature, les arts…

« On ne dira jamais assez ce que la lit­té­ra­ture, les arts, le savoir ont dû à l’hos­pi­ta­li­té des grands sei­gneurs fran­çais et à l’exemple qu’ils ont don­né à l’Eu­rope. On ne dira jamais assez non plus ce qu’ils ont appris aux écri­vains, leur sens du style. Eux-mêmes ont été sou­vent des écri­vains supé­rieurs. La Roche­fou­cauld, Saint-Simon, le prince de Ligne, la mar­quise du Def­fand. Cela com­pense peut-être leur naï­ve­té politique. »

Marc Fuma­ro­li
Notre art de vivre est né du mariage des lettres et de l’é­pée, entre­tien. Pro­pos recueillis par Patrick Jan­sen, Enquête sur l’his­toire n°24, décembre 1997 – jan­vier 1998

L’Europe, la vraie, ne se fera pas sans les peuples slaves…

« À côté des âne­ries du réa­lisme socia­liste” s’est déve­lop­pé, dans des cir­cons­tances dra­ma­tiques, un under­ground” est-euro­péen d’une vita­li­té sai­sis­sante, et d’une extra­or­di­naire qua­li­té. Quatre au moins, par­mi les plus grands écri­vains du siècle, nous viennent des pays com­mu­nistes : les Russes Boul­ga­kov, Siniavs­ki et Sol­jé­nit­syne ; le Tchèque Kun­de­ra. Si enne­mis que nous soyons de l’i­déo­lo­gie mar­xiste, nous main­te­nons que l’Eu­rope, la vraie, ne se fera pas sans les peuples slaves — encore moins contre eux ! »

Pierre Gri­pa­ri
Cri­tique et auto­cri­tique, édi­tions L’Âge d’Homme, 1981

Tel est le romantisme : une passionnante plongée dans le subconscient européen…

« Tel est le roman­tisme : une pas­sion­nante plon­gée dans le sub­cons­cient euro­péen, un inven­taire, non encore exhaus­tif, mais déjà d’une richesse incroyable, de notre domaine cultu­rel. Après cela, l’Eu­rope se conso­lide sous la forme que nous lui connais­sons : bour­geoise, mer­can­tile, colo­nia­liste, démo­cra­ti­sante, nive­leuse, nationaliste… »

Pierre Gri­pa­ri
Cri­tique et auto­cri­tique, édi­tions L’Âge d’Homme, 1981

L’Europe a toujours exprimé sa propre singularité…

« De l’art à la phi­lo­so­phie et de la science à la cou­tume, l’Europe a tou­jours expri­mé sa propre sin­gu­la­ri­té et est le phare de l’humanité. Pour­tant, et c’est là une chose for­mi­dable, trente ans d’Union euro­péenne ont suf­fi pour que les Euro­péens eux-mêmes oublient la pro­fon­deur de leur propre iden­ti­té, de leur his­toire et de leur culture. »

Pie­tro Ciapponi
Les défis de l’Europe. Les racines d’une civi­li­sa­tion et les limites d’une bureau­cra­tie, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Iliade, 2023

Les modernes s’imaginent qu’il existe une sorte de nature normale…

« Les modernes, en effet, depuis Rous­seau, s’imaginent qu’il existe une sorte de nature nor­male, à laquelle la culture et la reli­gion seraient venues sur­ajou­ter leurs faux pro­blèmes… Cette illu­sion tou­chante peut les aider à vivre, mais non pas à com­prendre leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies de civi­li­sés dans une confu­sion pro­pre­ment insen­sée de reli­gions jamais tout à fait mortes, et rare­ment tout à fait com­prises et pra­ti­quées ; de morales jadis exclu­sives mais qui se super­posent ou se com­binent à l’arrière-plan de nos conduites élé­men­taires ; de com­plexes igno­rés mais d’autant plus actifs ; et d’ins­tincts héri­tés bien moins de quelque nature ani­male que de cou­tumes tota­le­ment oubliées, deve­nues traces ou cica­trices men­tales, tout incons­cientes et, de ce fait, aisé­ment confon­dues avec l’instinct. Elles furent tan­tôt des arti­fices cruels, tan­tôt des rites sacrés ou des gestes magiques, par­fois aus­si des dis­ci­plines pro­fondes éla­bo­rées par des mys­tiques loin­taines à la fois dans le temps et dans l’espace. »

Denis de Rougemont
L’amour et l’Occident, édi­tions Plon, 1939, réédi­tions, 1956, 1972, édi­tions 1018, 2001

Le devenir de l’âme musicale d’un peuple est en jeu…

« En toute hypo­thèse, le grand rem­pla­ce­ment eth­nique ne peut être déjoué que s’il est dou­blé de parades évi­tant un grand rem­pla­ce­ment musi­cal. Les musiques venues d’ailleurs ne peuvent pas être har­mo­ni­sées, ni chan­tées à plu­sieurs voix, elles ne sont pas faites pour cela. Le deve­nir de l’âme musi­cale d’un peuple est en jeu. »

Jean-Fran­çois Gautier
La trans­mis­sion par le patri­moine musi­cal, 3e col­loque annuel de l’Ins­ti­tut Iliade, 18 mars 2017

L’émergence d’une culture…

« L’émergence d’une culture est tou­jours inti­me­ment liée à un ter­ri­toire, ce qui implique la notion de fron­tière, de limite : toute culture est le pro­duit de l’histoire d’un peuple don­né, c’est-à-dire d’un groupe humain par­ti­cu­lier sur un espace géo­gra­phique déli­mi­tée. Fron­tières et limites ne doivent pas être per­çues comme des car­cans qui nous enferment, mais comme les condi­tions d’existence des cultures humaines dans leur diver­si­té. »

Hen­ri Levavasseur
« Nature, culture, géné­tique : une anthro­po­lo­gie réa­liste pour une éco­lo­gie à l’en­droit », Livr’ar­bitres, hors-série « La nature comme socle – Actes du 7e col­loque annuel de l’Institut Iliade – Pour une éco­lo­gie à l’endroit », automne 2020

Au fond du globalisme…

« Au fond du glo­ba­lisme, l’affirmation que tout est com­muable et com­men­su­rable est la plus anti­éco­lo­giste qui soit, et des éco­lo­gistes ne peuvent y sous­crire qu’au prix d’une escro­que­rie mani­feste. La déter­ri­to­ria­li­sa­tion est le pro­jet anti-huma­niste par excel­lence, puisqu’elle dénie à l’homme le lien au sol qu’organise sa culture, elle est le nou­veau pro­jet de l’esclavage migra­toire et de l’expulsion des indi­gènes, le rêve du mar­ché total deve­nu réa­li­té – sauf que le réel s’en mêle… »

Her­vé Juvin
« Pour une éco­lo­gie enra­ci­née, loca­lisme et mise en valeur des ter­roirs », Livr’ar­bitres, hors-série « La nature comme socle – Actes du 7e col­loque annuel de l’Institut Iliade – Pour une éco­lo­gie à l’endroit », automne 2020

L’idée-principe de la modernité…

« L’idée-principe de la moder­ni­té (du 17e siècle à la moi­tié du 20e) repo­sait sur la sépa­ra­tion entre la culture et la nature. L’homme était consi­dé­ré comme maître et pos­ses­seur de la nature” (Des­cartes). Cette domi­na­tion for­ce­née a abou­ti à la dévas­ta­tion du monde. Les sac­cages éco­lo­giques, dont l’actualité n’est pas avare le prouvent abon­dam­ment. Cette concep­tion : le sujet pen­sant domi­nant un objet inerte, a conduit, déchaî­ne­ment tech­no­lo­gique aidant, à une véri­table déca­dence spirituelle ! »

Michel Maf­fe­so­li
« L’émergence d’une sen­si­bi­li­té éco­so­phique », Livr’ar­bitres, hors-série « La nature comme socle – Actes du 7e col­loque annuel de l’Institut Iliade – Pour une éco­lo­gie à l’endroit », automne 2020

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