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Citations sur la tragédie et le tragique

L’intelligentsia occidentale semble céder…

« L’in­tel­li­gent­sia occi­den­tale semble céder une fois encore, mais avec une inten­si­té peut-être jamais atteinte, à l’illu­sion que l’homme aurait chan­gé au point que l’His­toire ne pour­rait plus être tra­gique, et qu’il y n’y aurait plus lieu dès lors de s’im­po­ser l’an­goisse du choix, ni de se pré­oc­cu­per d’autres choses que de recher­cher sa propre satisfaction.
Le temps du tra­gique pas­sé, voi­ci celui de la jouis­sance sans entrave, de la jouis­sance comme seule et unique réponse à toute ques­tion exis­ten­tielle. Mais jouis­sance égoïste qui n’est à la por­tée que du petit nombre qui a les moyens de s’ex­traire de la dure­té de la vie. La frus­tra­tion des autres, du plus grand nombre, mon­tre­ra peut-être demain que le tra­gique n’ap­par­tient pas du tout à un pas­sé révolu. »

Hen­ri Guaino
Ils veulent tuer l’occident, édi­tions Odile Jacob, 2019

La rationalisation d’un monde compris comme créé par un Dieu unique…

« La ratio­na­li­sa­tion d’un monde com­pris comme créé par un Dieu unique s’est tou­jours heur­tée, chez nous, à l’éloge des diver­si­tés vécues. L’identité s’entendait en effet comme alté­ri­té, diver­si­té, plu­ra­li­té. Nul per­son­nage, dans l’Iliade ou l’Odys­sée, ou dans l’une des tra­gé­dies d’Eschyle ou de Sophocle, ne se serait aven­tu­ré à deman­der à Zeus ou à Apol­lon : Qui es-tu ?” Et des réponses bibliques et mono­théistes à cette ques­tion, telles que Ehyeh Asher Ehyeh, Je suis qui je suis”, ou Suis qui serai”, tra­duites en grec par quelque chose comme Je suis celui qui est” (Exode 3, 14), n’auraient eu aucune signi­fi­ca­tion dans les langues et les repré­sen­ta­tions euro­péennes antiques. »

Jean-Fran­çois Gautier
À pro­pos des Dieux. L’esprit des poly­théismes, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

C’est aux âmes les plus spirituelles…

« C’est aux âmes les plus spi­ri­tuelles, en admet­tant qu’elles soient les plus cou­ra­geuses, qu’il est don­né de vivre les tra­gé­dies les plus dou­lou­reuses : mais c’est bien pour cela qu’elles tiennent la vie en hon­neur, parce qu’elle leur oppose son plus grand antagonisme. »

Frie­drich Nietzsche
Cré­pus­cule des idoles ou Com­ment on phi­lo­sophe avec un mar­teau (Göt­zen-Däm­me­rung oder wie man mit dem Ham­mer phi­lo­so­phiert), 1888, trad. Patrick Wot­ling, édi­tions Gar­nier-Flam­ma­rion, 2005

Il n’y a pas de progrès qui vaille…

« Il n’y a pas de pro­grès qui vaille (et qui puisse rendre super­flu la fonc­tion que peut avoir la reli­gion au sens le plus haut et sévère, pour l’homme non dégra­dé), quand il s’agit de pro­blèmes plus réels, qui sont ceux de la mort, de l’angoisse exis­ten­tielle, de bou­le­ver­se­ments dus à l’irruption de l’irrationnel, aux pas­sions et aux ins­tincts eux-mêmes. Croire le contraire, croire que le pro­grès, la science, la tech­no­cra­tie ou même le Christ quand il est pré­sen­té comme un modèle d’altruisme huma­ni­taire, puisse résoudre de tels pro­blèmes, relève du pri­mi­ti­visme et d’un manque com­plet de sens du tra­gique de la vie et de la condi­tion humaine. »

Julius Evo­la
Il Conci­lia­tore, 15 juin 1969

Parmi d’autres, l’histoire de la Russie d’après 1917, continuée jusqu’en 1991…

« Par­mi d’autres, l’histoire de la Rus­sie d’après 1917, conti­nuée jusqu’en 1991, montre avec une force par­ti­cu­lière que les défaites sont rare­ment irré­mé­diables et que les vic­toires sont tou­jours momen­ta­nées. Sur un plan supé­rieur, spi­ri­tuel et non poli­tique, les défaites sont en par­tie effa­cées lorsque les vain­cus se sont mon­trés héroïques. Il se trou­ve­ra un enfant pour recueillir la leçon morale des sui­ci­dés de Numance, s’émerveiller au sou­ve­nir de Julien, de William Wal­lace, des Chouans et des Ven­déens, des fidèles Confé­dé­rés, des gardes blancs de Deni­kine, Kolt­chak et Wran­gel, des réprou­vés du Bal­ti­kum, et en faire autant de modèles pour se déter­mi­ner et se conduire fer­me­ment. Vic­toire, défaite, tout est balayé par le temps. Ce qui sub­siste, comme dans Plu­tarque, ce sont les leçons de main­tien don­nées à la pos­té­ri­té par cer­tains hommes face à l’adversité.
L’interprétation des défaites est dépen­dante de la culture et des repré­sen­ta­tions”. L’esprit tra­gique, pré­sent dans toute la lit­té­ra­ture épique euro­péenne depuis Homère, exa­mine les échecs en pro­por­tion de leur héroïsme, au point de voir en eux un pré­texte à l’éternisation des héros.
Cette idée rap­pelle que la vision que l’on se fait du pas­sé déter­mine l’avenir. Il n’y a pas de futur pour qui ne sait d’où il vient, pour qui n’a pas la mémoire de ce qui l’a fait ce qu’il est. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Un haut lieu…

« Un haut lieu, dit-il, c’est un arpent de géo­gra­phie fécon­dé par les larmes de l’His­toire, un mor­ceau de ter­ri­toire sacra­li­sé par un geste, mau­dit par une tra­gé­die, un ter­rain qui, par-delà les siècles, conti­nue d’ir­ra­dier l’é­cho des souf­frances tues ou des gloires pas­sées. C’est un pay­sage béni par les larmes et le sang. Tu te tiens devant et, sou­dain, tu éprouves une pré­sence, un sur­gis­se­ment, la mani­fes­ta­tion d’un je-ne-sais-quoi. C’est l’é­cho de l’His­toire, le rayon­ne­ment fos­sile d’un évé­ne­ment qui sourd du sol, comme une onde. Ici, il y a eu une telle inten­si­té de tra­gé­die en un si court épi­sode de temps que la géo­gra­phie ne s’en est pas remise. Les arbres ont repous­sé, mais la Terre, elle, conti­nue de souf­frir. Quand elle boit trop de sang, elle devient un haut lieu. Alors, il faut la regar­der en silence car les fan­tômes la hantent. »

Syl­vain Tesson
Bere­zi­na, édi­tions Gué­rin, 2015

J’ai proposé, dans d’autres livres, une morale tragique…

« J’ai pro­po­sé, dans d’autres livres, une morale tra­gique. Une morale des som­mets d’où des­cendent, vers le champ des hommes, les maîtres et les héros. Si j’ai for­ti­fié mes lec­teurs, je n’ai pas per­du mon temps. Si je leur ai arra­ché les écailles des yeux, nous serons alors au moins quelques-uns à nous regar­der sans obs­cé­ni­té, dans la foule, et quelle que soit notre race – celle des héros admi­rables qui vont, ou celle de ceux qui, plus infirmes, les suivent, ou encore celle de ceux qui regardent pas­ser la colonne avec, dans les yeux, l’admiration qui révère – oui, quelle que soit notre race, nous sau­rons qu’elle est bonne. J’ai célé­bré le che­va­lier de Dürer qui va, accom­pa­gné de la Mort et guet­té par le Diable. Der­rière lui, je vois des sou­dards qui le suivent et aux­quels il trace la route, dans la sombre forêt. Sur son pas­sage, les pay­sans saluent et se taisent. Che­va­lier et sou­dards vont vers un loin­tain où il y a la guerre. Ils ne demandent rien. Ils vont mou­rir pour toi, pay­san, pour ta forêt, tes cochons noirs, tes trois poules étiques, ta masure de chaume et tes enfants qui reniflent. Regarde-les pas­ser. Si tu les salues et si tu ne vas pas, cou­rant par tra­verses et rac­cour­cis, pré­ve­nir l’ennemi qui les attend, tu es digne d’eux. Cette digni­té, c’est tout ce qu’on te demande. »

Jean Cau
Pour­quoi la France, édi­tions de La Table Ronde, 1975

Il n’est pas élégant d’abuser de la malchance…

« Il n’est pas élé­gant d’abuser de la mal­chance : cer­tains indi­vi­dus, comme cer­tains peuples, s’y com­plaisent tant qu’ils désho­norent la tra­gé­die. »

Emil Cio­ran
Syl­lo­gismes de l’amertume, 1952, édi­tions Gal­li­mard, coll. Folio, 1987

Nous avons perdu notre âme parce que nous…

« Nous avons per­du notre âme parce que nous avons per­du le sens des valeurs com­munes qui for­maient l’antique sagesse” de nos peuples. Il nous faut faire revivre l’âme des Hyper­bo­réens et redé­fi­nir” Dieu. Car le sacré ne se trouve pas hors de nous, mais en nous. Car Dieu n’est pas du Ciel, mais de la Terre. Car il ne nous attend pas après la mort, mais nous offre la créa­tion de la vie. Dieu n’est pas sur­na­tu­rel et il n’est pas trans­cen­dant. Il est au contraire la Nature et la Vie. Il est dans le soleil et dans les étoiles, dans le jour et dans la nuit, dans les arbres et dans les flots. Dieu naît avec les fleurs et meurt avec les feuilles. Dieu res­pire avec le vent et nous parle dans le silence de la nuit. Il est l’aurore et le cré­pus­cule. Et la brume. Et l’orage.
Dieu s’incarne dans la Nature. La Nature s’épanouit sur la Terre. La terre se per­pé­tue dans le Sang.
Nous savons, depuis Héra­clite, que la vie est un com­bat et que la paix n’est que la mort. Notre reli­gion se veut d’abord culte des héros, des guer­riers et des ath­lètes. Nous célé­brons, depuis les Grecs, les hommes dif­fé­rents et inégaux. Notre monde est celui du com­bat et du choix, non celui de l’égalité. L’univers n’est pas une fin mais un ordre. La nature diver­si­fie, sépare, hié­rar­chise. L’individu, libre et volon­taire devient le centre du monde. Sa plus grande ver­tu reste l’orgueil – péché suprême pour la reli­gion étran­gère. Dans notre concep­tion tra­gique de la vie, la lutte devient la loi suprême. Est un homme véri­table celui qui s’attaque à des entre­prises déme­su­rées. Une même ligne de crêtes unit Pro­mé­thée à Siegfried. »

Jean Mabire
Thu­lé : le soleil retrou­vé des Hyper­bo­réens, édi­tions Robert Laf­font, 1978, édi­tions Par­dès, 2002

Nous sommes pris dans une alternative…

« Nous sommes pris dans une alter­na­tive qui ne nous per­met plus d’exis­ter médio­cre­ment ; il nous faut vivre plus puis­sam­ment, ou bien dis­pa­raître, nous sur­pas­ser ou nous abo­lir. […] La tra­gé­die essen­tielle n’est pas de savoir quels dan­gers nous menacent, mais de défi­nir d’abord ce qu’ils menacent en nous, car il impor­te­rait assez peu que nous fus­sions détruits, si nous avions ren­du cette des­truc­tion légi­time en ne valant presque rien. »

Abel Bon­nard
Les Modé­rés, édi­tions Gras­set, 1936

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