« Comme dans une pieuse rêverie, Isao apercevait les visages de ces pillards de la nation qui méritaient l’assassinat. Plus il était isolé, plus ses forces l’abandonnaient, et plus la réalité bien en chair de leur opulence venait à l’oppresser. (…) L’épaisse réalité de ces hommes qu’Isao voyait défiler, c’était là l’origine de toute la perfidie du monde. Quand il les aurait tués, quand sa lame immaculée trancherait net dans cette chair gonflée de graisse que ravageait la pression sanguine, alors seulement, pour la première fois, le monde pourrait être remis d’aplomb. »
Yukio Mishima
Chevaux échappés, 1969, trad. Tanguy Kenec’hdu, éditions Gallimard 1980, coll. Quarto, 2004