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Citations sur la souffrance
La volonté est un fauve…
« L’esprit oublie vite les souffrances du corps. C’est le ressort de la vie : effacer et recommencer. La volonté est un fauve. Elle réclame sa part de viande : on rêve à un nouveau départ, aussitôt goûté le repos. Quand l’expérience commence à vous dissuader de repartir, c’est que vous avez vieilli. »
Sylvain Tesson
Blanc, éditions Gallimard, 2022
Si les gens sont si méchants, c’est peut-être seulement parce qu’ils souffrent…
« Si les gens sont si méchants, c’est peut-être seulement parce qu’ils souffrent, mais le temps est long qui sépare le moment où ils ont cessé de souffrir de celui où ils deviennent un peu meilleurs. »
Louis-Ferdinand Céline
Voyage au bout de la nuit (1932), éditions Gallimard, coll. « Folio », 1972
J’ai encore dans les narines l’odeur de la graisse qui fumait…
« J’ai encore dans les narines l’odeur de la graisse qui fumait sur le fusil-mitrailleur brûlant. J’ai encore dans les oreilles le crissement de la neige sous les brodequins ; le froissement des herbes sèches battues par le vent sur les rives du Don. J’ai encore devant les yeux ce que je voyais au-dessus de ma tête : la nuit, le carré étoilé de Cassiopée, le jour, les poutres au plafond du bunker. Dès que j’y pense, j’éprouve la même terreur qu’en cette matinée de janvier où la Katiucha se mit à nous cracher dessus de ses soixante-deux canons. »
Mario Rigoni Stern
Le Sergent dans la neige (Il sergente nella neve), 1953, trad. Noël Calef, Editions 10⁄18, coll. Domaine étranger, 1995
À la morale du péché…
« À la morale du péché, cependant, on peut toujours opposer l’éthique de l’honneur. Dans l’éthique de l’honneur, on ne se repend de rien. Quand on a fait une faute, on en tire la leçon. On oublie souvent, mais l’on ne pardonne pas plus qu’on ne demande à être pardonné. Never explain, never complain. On ne s’explique pas, on ne se justifie pas. On ne se plaint pas, on ne se pose pas en victime, on ne cherche pas à faire un instrument de pouvoir d’une souffrance réelle ou supposée. On ne s’agenouille pas, on ne courbe pas la tête. On vit et on meurt debout. »
Alain de Benoist
« Mauvaise conscience », Éléments n°175, décembre-janvier 2019
C’est très bien de planter des bougies…
« C’est très bien de planter des bougies, de mettre des fleurs, de pleurer, de mettre des photos etc… Mais je ne comprends pas pourquoi ces manifestants, qui étaient très nombreux à ce moment-là, ne sont pas partis en cortège pour aller faire une gigantesque manif devant une ambassade de pays arabe, l’une des plus salafistes possibles – pas ça qui manque ! – en cassant quelques carreaux, en faisant beaucoup de bruit etc… En manifestant une réelle indignation ! Il n’y a pas de colère… Et tant qu’il n’y a pas de colère, je ne vois pas du tout comment on s’en sortira. »
Jean Raspail
Message aux auditeurs du troisième Colloque de l’Institut ILIADE, avril 2016
Être gai, savoir l’être au plus âcre des souffrances du corps…
« Être gai, savoir l’être au plus âcre des souffrances du corps, le rester lorsque la dévastation et la mort frappent durement auprès de vous, tenir bon à ces assauts constants que mènent contre le cœur tous les sens surexcités, c’est pour le chef un rude devoir, et sacré. Je ne veux point fermer mes sens pour rendre ma tâche plus facile. Je veux répondre à toutes les sollicitations du monde prodigieux où je me suis trouvé jeté, ne jamais esquiver les chocs quand ils devraient me démolir, et garder malgré tout, si je puis, cette belle humeur bienfaisante vers laquelle je m’efforce comme à la conquête d’une vertu. »
Maurice Genevoix
Ceux de 14, 1949, éditions Flammarion, 2013
La marche errante de gens qui ont perdu leur chemin…
« Longue étape, molle, hésitante. Ce n’est pas à vrai dire une étape, mais la marche errante de gens qui ont perdu leur chemin. Haucourt, puis Malancourt, puis Béthincourt. La route est une rivière de boue. Chaque pas soulève une gerbe d’eau jaune. Petit à petit, la capote devient lourde. On a beau enfoncer le cou dans les épaules : la pluie arrive à s’insinuer et des gouttes froides coulent le long de la peau. Le sac plaque contre les reins. Je reste debout, à chaque halte, n’osant pas même soulever un bras, par crainte d’amorcer de nouvelles gouttières. »
Maurice Genevoix
Ceux de 14, 1949, éditions Flammarion, 2013
Il ne suffit pas à l’homme de ne pas souffrir, il a besoin de donner…
« Il ne suffit pas à l’homme de ne pas souffrir, il a besoin de donner, de se donner. Celui qui n’a rien à donner, le pur consommateur, celui-là est un pauvre type, un être déséquilibré. »
Pierre Gripari
Cité dans Gripari mode d’emploi (Alain Paucard), éditions L’Âge d’Homme, 1985
Un vent léger caressait nos visages, et nous discutions de littérature…
« Un vent léger caressait nos visages, et nous discutions de littérature : n’était-ce pas cela, la civilisation ? Une toile légère lancée au-dessus de l’abîme, si légère et si fine, si harmonieuse et si pacifique, que la souffrance et la mort, pour un temps, battaient en retraite ? »
Patrice Jean
L’homme surnuméraire, Éditions du Rocher, 2019
Pour le citoyen lambda…
« Pour le citoyen lambda de nos vieilles démocraties fatiguées, ce qui importe n’est pas de “décoller” (on n’en est plus là, la chose est entendue) mais de ne pas souffrir. Il n’a plus qu’une obsession, sa sécurité. L’aversion pour le risque est devenue sa principale caractéristique. »
Olivier Bardolle
Petit traité des vertus réactionnaires, L’Éditeur, 2010
C’est aux âmes les plus spirituelles…
« C’est aux âmes les plus spirituelles, en admettant qu’elles soient les plus courageuses, qu’il est donné de vivre les tragédies les plus douloureuses : mais c’est bien pour cela qu’elles tiennent la vie en honneur, parce qu’elle leur oppose son plus grand antagonisme. »
Friedrich Nietzsche
Crépuscule des idoles ou Comment on philosophe avec un marteau (Götzen-Dämmerung oder wie man mit dem Hammer philosophiert), 1888, trad. Patrick Wotling, éditions Garnier-Flammarion, 2005
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