« J’ai encore dans les narines l’odeur de la graisse qui fumait sur le fusil-mitrailleur brûlant. J’ai encore dans les oreilles le crissement de la neige sous les brodequins ; le froissement des herbes sèches battues par le vent sur les rives du Don. J’ai encore devant les yeux ce que je voyais au-dessus de ma tête : la nuit, le carré étoilé de Cassiopée, le jour, les poutres au plafond du bunker. Dès que j’y pense, j’éprouve la même terreur qu’en cette matinée de janvier où la Katiucha se mit à nous cracher dessus de ses soixante-deux canons. »
Mario Rigoni Stern
Le Sergent dans la neige (Il sergente nella neve), 1953, trad. Noël Calef, Editions 10⁄18, coll. Domaine étranger, 1995