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Citations sur le rêve
Être le soir au coin du feu avec un livre…
« Quelle meilleure chose, en effet, que d’être le soir au coin du feu avec un livre, pendant que le vent bat les carreaux, que la lampe brûle ? (…) On se promène immobile dans des pays que l’on croit voir, et votre pensée, s’enlaçant à la fiction, se joue dans les détails ou poursuit le contour des aventures. Elle se mêle aux personnages ; il semble que c’est vous qui palpitez sous leurs costumes. »
Gustave Flaubert
Madame Bovary, 1857, Librairie Générale Française, 1972, coll. Le Livre de Poche, 1978
Les flammes qui allaient traverser les siècles…
« Dans le silence de la nuit funèbre, écartant les mains jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table Ronde et les compagnons de Saint Louis, les premiers combattants tombés à la prise de Jérusalem et les derniers fidèles du petit roi lépreux, toute l’assemblée des rêves de la chrétienté regardait, de ses yeux d’ombre, monter les flammes qui allaient traverser les siècles, vers cette forme enfin immobile, qui devenait le corps brûlé de la chevalerie. »
André Malraux
Discours prononcé à Rouen à l’occasion des fêtes de Jeanne d’Arc, le 31 mai 1964
Nous entendrons ici par légendes les traditions mystérieuses…
« Les légendes alsaciennes ne se présentent point à nous sous la forme achevée, définitive qui séduit et qui s’impose. Les trouvères et les rhapsodes leur ont manqué. (…) Nous entendrons ici par légendes les traditions mystérieuses, les visions poétiques et tous les grands souvenirs qui ont traversé les temps, surnagé dans le torrent des siècles, que l’origine en soit mythologique, ecclésiastique, populaire, ou strictement historique. »
Édouard Schuré
Les Légendes de l’Alsace – Promenades et Souvenirs, in Revue des Deux Mondes, tome 60, 1883
Asservie aux idées de rapport, la société, cette vieille…
« Asservie aux idées de rapport, la société, cette vieille ménagère qui n’a plus de jeune que ses besoins et qui radote de ses lumières, ne comprend pas plus les divines ignorances de l’esprit, cette poésie de l’âme qu’elle veut échanger contre de malheureuses connaissances toujours incomplètes, qu’elle n’admet la poésie des yeux, cachée et visible sous l’apparente inutilité des choses. Pour peu que cet effroyable mouvement de la pensée moderne continue, nous n’aurons plus, dans quelques années, un pauvre bout de lande où l’imagination puisse poser son pied ; pour rêver, comme le héron sur une de ses pattes. Alors, sous ce règne de l’épais génie des aises physiques qu’on prend pour de la Civilisation et du Progrès, il n’y aura ni ruines, ni mendiants, ni terres vagues, ni superstitions comme celles qui vont faire le sujet de cette histoire, si la sagesse de notre temps veut bien nous permettre de la raconter. »
Jules Barbey d’Aurevilly
L’Ensorcelée, 1852, éditions Gallimard, coll. Folio classique, 1977
Vieux bureaucrate, mon camarade ici présent…
« Vieux bureaucrate, mon camarade ici présent, nul jamais ne t’a fait évader et tu n’en es point responsable. Tu as construit ta paix à force d’aveugler de ciment, comme le font les termites, toutes les échappées vers la lumière. Tu t’es roulé en boule dans ta sécurité bourgeoise, tes routines, les rites étouffants de ta vie provinciale, tu as élevé cet humble rempart contre les vents et les marées et les étoiles. Tu ne veux point t’inquiéter des grands problèmes, tu as eu bien assez de mal à oublier ta condition d’homme. Tu n’es point l’habitant d’une planète errante, tu ne te poses point de questions sans réponse : tu es un petit bourgeois de Toulouse. Nul ne t’a saisi par les épaules quand il était temps encore. Maintenant, la glaise dont tu es formé a séché, et s’est durcie, et nul en toi ne saurait désormais réveiller le musicien endormi ou le poète, ou l’astronome qui peut-être t’habitait d’abord. »
Antoine de Saint-Exupéry
Terre des hommes, éditions Gallimard, 1939
On n’ouvre pas la porte sur l’infini à des gens…
« On n’ouvre pas la porte sur l’infini à des gens qui ne sont plus capables de le rêver. »
Jean Raspail
Septentrion, éditions Robert Laffont, 1979, réed. 2007
La contemplation, c’est le mot…
« La contemplation, c’est le mot que les gens malins donnent à la paresse pour la justifier aux yeux des sourcilleux qui veillent à ce que “chacun trouve sa place dans la société active”. »
Sylvain Tesson
Dans les forêts de Sibérie, éditions Gallimard, 2011
Les images que les mots font naître dans nos têtes…
« Les images que les mots font naître dans nos têtes n’appartiennent qu’à nous. Le livre est un extraordinaire moyen, le dernier peut-être, de faire de chacun de nous des personnes uniques. »
Erik L’Homme
Le regard des princes à minuit, éditions Gallimard Jeunesse, coll. Scripto, 2014
L’Histoire ne doit pas rester captive, c’est un animal sauvage…
« L’Histoire ne doit pas rester captive, c’est un animal sauvage, un loup qui s’étiole lorsqu’il est mis à la chaîne. Il faut aller à sa rencontre. Arpenter la France intime, la France des siècles, pénétrer dans les forêts profondes, tracer dans les garrigues des sentiers de lumière, promener sur les chemins du littoral nos rêves éveillés ! Frotter nos paumes aux murs des cathédrales et des châteaux ! »
Erik L’Homme
Le regard des princes à minuit, éditions Gallimard Jeunesse, coll. Scripto, 2014
Plus on est grisé, plus on est conquis par la séduction de ce voyage…
« Plus on est grisé, plus on est conquis par la séduction de ce voyage dans une forêt d’œuvres d’art, plus on se sent aussi envahi par un bizarre sentiment de malaise qui se mêle bientôt à la joie de voir. Il provient de l’étonnant contraste de la foule moderne si banale, si ignorante de ce qu’elle regarde avec les lieux qu’elle habite. On sent que l’âme délicate, hautaine et raffinée du vieux peuple disparu qui couvrit ce sol de chefs‑d’œuvre, n’agite plus les têtes à chapeaux ronds couleur chocolat, n’anime point les yeux indifférents, n’exalte plus les désirs vulgaires de cette population sans rêves. »
Guy de Maupassant
La Côte italienne, 1890, in Au soleil suivi de La Vie errante et autres voyages, éditions Gallimard, coll. Folio, 2015
Vivre, c’est faire de son rêve un souvenir…
« Vivre, c’est faire de son rêve un souvenir. »
Sylvain Tesson
Petit traité sur l’immensité du monde, éditions des Équateurs, 2005
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