« Quand le beau temps coïncide avec ma disponibilité, j’aime partir avec mes souvenirs sur les sentiers et les chemins forestiers ; j’observe, aussi, et j’écoute, les signaux que la nature communique au fil des saisons et des années. Mais c’est quand des amis se joignent à moi que je rêve et réfléchis le plus. Ces compagnons de route ne sont plus présents physiquement, leur corps est resté dans des endroits lointains : enseveli sur des montagnes, ou dans la steppe ; dans des cimetières de village avec une simple croix, ou de ville avec une dalle et des fleurs. Et c’est avec eux que je suis et que je converse, en me souvenant. Ceux qui ne croient pas, ou ceux qui croient, peuvent regarder ma façon d’agir avec une bienveillante indulgence. Peu m’importe : moi aussi j’ai des doutes mais il me plaît, certaines fois, de les ignorer. »
Mario Rigoni Stern
Sentiers sous la neige (Sentieri soto la neve), 1998, trad. Monique Baccelli, éditions La Fosse aux ours, 2000