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Citations sur la forêt

Jamais je ne serai blasé devant la découverte…

« Jamais je ne serai bla­sé devant la décou­verte sou­daine de la proie, devant la décou­verte mira­cu­leuse de la sau­va­ge­rie. Je m’abandonnai béa­te­ment à la jouis­sance de sur­prendre sans être sur­pris. Tou­jours en ces ins­tants m’inonde une exci­ta­tion volup­tueuse mêlée de gra­ti­tude. Moi, médiocre et lourd bipède civi­li­sé, sans vue per­çante ni odo­rat sub­til, pour une seconde ou une minute, je suis maître du jeu, non par force mais par ruse et chance, à l’exemple de mon ancêtre à l’épieu de bois dur­ci. Que je sois un maître déri­soire, je le sais bien. Ici, je ne suis qu’un intrus, trop géné­reu­se­ment tolé­ré par les divi­ni­tés de la forêt. »

Domi­nique Venner
Dic­tion­naire amou­reux de la chasse, édi­tions Plon, coll. Dic­tion­naire amou­reux, 2006

Ils avançaient sans parler, tendus par l’effort…

« Ils avan­çaient sans par­ler, ten­dus par l’ef­fort, avares de leur souffle. Le silence presque solide qui les entou­rait les écra­sait comme l’eau écrase le plon­geur dans l’o­céan. Le sen­ti­ment de l’in­fi­ni, la conscience d’af­fron­ter une force supé­rieure pesaient sur eux de tout leur poids. Telle une grappe pié­ti­née qui exprime son suc, leur esprit se déta­chait peu à peu des fausses valeurs, des idoles de plâtre, des suf­fi­sances mes­quines, et ils se per­ce­vaient tels qu’ils étaient réel­le­ment, avec leurs étroites limites, leur insi­gni­fiance, leur sagesse d’in­sectes, lut­tant de toutes leurs faibles forces pour ne pas être empor­tés comme des fétus de paille par la puis­sance aveugle des élé­ments. »

Jack Lon­don
Croc-Blanc (White Fang), 1906, trad. Phi­lippe Saba­thé, édi­tions Gal­li­mard Jeu­nesse, coll. Folio Junior, 1997

Toujours dans le lit du ruisseau…

« Tou­jours dans le lit du ruis­seau, avec de l’eau jus­qu’à mi-roue, je péné­trai sous la forêt qui mon­tait en pente douce vers le flan d’un petit morne. Une cen­taine de mètres plus loin, le ruis­seau pre­nait sa source et je dus aban­don­ner ma jeep et pour­suivre à pied, enjam­bant les troncs d’arbres pour­ris de cette jungle alpine. Je mar­chai envi­ron une demi-heure jus­qu’au som­met du petit morne et là, à tra­vers un rideau de ver­dure d’où tom­baient d’é­paisses gouttes de pluie, j’en­tre­vis à nou­veau, au loin, les sombres pentes du mas­sif de la Selle. Mal­gré mes efforts, il sem­blait ne pas s’être appro­ché d’un mètre et puis ses som­mets dis­pa­rurent au milieu de lourds nuages gor­gés d’eau. Je res­tai là quelques temps à rêver, les yeux fixés sur la muraille de pluie. C’est ain­si que les mythes demeurent, plus néces­saires à l’homme que le pain. »

Jean Ras­pail
La hache des steppes, édi­tions Robert Laf­font, 1974

L’Appel se faisait entendre…

« Une nuit, il fut réveillé tout à coup en sur­saut : alerte, les yeux brillants, les narines fré­mis­santes, le poil héris­sé en vagues… L’Ap­pel se fai­sait entendre, et tout près cette fois. Jamais il ne l’a­vait dis­tin­gué si clair et si net. Cela res­sem­blait au long hur­le­ment du chien indi­gène. Et, dans ce cri fami­lier, il recon­nut cette voix, enten­due jadis, qu’il cher­chait depuis des semaines, et des mois. »

Jack Lon­don
L’Ap­pel de la forêt (The Call of the Wild), 1903, trad. Ray­monde de Galard, Édi­tions du Rocher, coll. Motifs, 2006

En Jeanne nous voyons agir, à son insu…

« En Jeanne nous voyons agir, à son insu, les vieilles ima­gi­na­tions cel­tiques. Le paga­nisme sup­porte et entoure cette sainte chré­tienne. La Pucelle honore les saints, mais d’ins­tinct elle pré­fère ceux qui abritent sous leurs vocable les fon­taines fées. Les diverses puis­sances reli­gieuses éparses dans cette val­lée meu­sienne, Jeanne les ramasse et les accorde, dût-elle en mou­rir par un effet de sa noblesse natu­relle… Fon­taines drui­diques, ruines latines et vieilles églises romanes forment un concert. (…) Autant que nous aurons un cœur cel­tique et chré­tien, nous ne ces­se­rons d’ai­mer cette fée dont nous avons fait une sainte. »

Mau­rice Barrès
L’œuvre de Mau­rice Bar­rès (Phi­lippe Bar­rès, Mau­rice Bar­rès), tome XII, édi­tions Au Club de l’hon­nête homme, 1967

Qu’est-ce qu’une montagne ?

Qu’est-ce qu’une mon­tagne, par exemple ? Celle-là, le Mont Blanc, la deuxième la plus haute du continent.
Une mon­tagne, nous dit la réponse bien connue, est une élé­va­tion natu­relle du ter­rain qui, engen­drée depuis les plis­se­ments her­cy­nien ou alpin… Suivent plein d’autres détails.
Une fois le détail conclu, sau­rons-nous ce qu’est une mon­tagne ? Sau­rons-nous ce qu’elle est, non pas com­ment elle s’est for­mée lors d’un choc tel­lu­rique d’il y a des mil­lions d’années ; non pas com­ment se déploie la sinueuse oro­gra­phie de ce Mont Blanc dont la masse de gra­nit appa­raît sou­dain, enve­lop­pée par le cou­chant aux doigts de rose, comme dirait l’autre, tan­dis que tu es en train de t’approcher, et sou­dain, après un tour­nant, la mon­tagne se plante devant toi, et sa masse te frappe, intime et loin­taine, nim­bée de lumière, de cette lumière d’or que tu es presque sur le point de goû­ter et de savourer.
Les sciences qui étu­dient la mon­tagne, par­vien­dront-elles jamais à rendre rai­son du mys­tère qui ful­gure à tra­vers la flèche de ses som­mets, au milieu de la majes­té de son ciel, de l’abîme de ses ravins, de la clar­té de ses sources ? Quelle science pour­ra nous expli­quer le mys­tère qui nous serre le cœur quand nous nous enfon­çons dans ses bos­quets et ses épaisseurs ? »

Javier Por­tel­la
Les esclaves heu­reux de la liber­té, édi­tions David Rein­harc, 2012

L’Histoire ne doit pas rester captive, c’est un animal sauvage…

« L’Histoire ne doit pas res­ter cap­tive, c’est un ani­mal sau­vage, un loup qui s’étiole lorsqu’il est mis à la chaîne. Il faut aller à sa ren­contre. Arpen­ter la France intime, la France des siècles, péné­trer dans les forêts pro­fondes, tra­cer dans les gar­rigues des sen­tiers de lumière, pro­me­ner sur les che­mins du lit­to­ral nos rêves éveillés ! Frot­ter nos paumes aux murs des cathé­drales et des châteaux ! »

Erik L’Homme
Le regard des princes à minuit, édi­tions Gal­li­mard Jeu­nesse, coll. Scrip­to, 2014

La nature n’est pas seulement sentiment d’appartenance ou motif d’exaltation…

« La nature n’est pas seule­ment sen­ti­ment d’appartenance ou motif d’exaltation.
Elle est le siège de puis­sances, béné­fiques ou malé­fiques, qu’il convient avant toute chose de se conci­lier. Ce fut le rôle de l’animisme et de ses légions d’initiés arpen­tant l’espace euro­péen pen­dant trente, cin­quante, cent mille ans. Les sor­ciers peints dans les grottes, à l’origine peut-être des figures d’Odhinn-Wotan (Odhinn qui reçut les runes sus­pen­du à un arbre et la sagesse en buvant à une source, Odhinn et sa Chasse sau­vage !) et plus tard de Mer­lin-Myrd­din, étaient entiè­re­ment liés à la nature qu’ils inter­ro­geaient, uti­li­saient et conjuraient. »

Éric Gro­lier
Ce que nous sommes. Aux sources de l’i­den­ti­té euro­péenne, Phi­lippe Conrad dir., édi­tion Ins­ti­tut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018

Et le spectre de l’uniformité ne rôde pas seulement autour des bêtes et des plantes…

« Et le spectre de l’uniformité ne rôde pas seule­ment autour des bêtes et des plantes. Les hommes, leurs idées, leurs aspi­ra­tions, leurs dieux et leurs œuvres sont mena­cés par la civi­li­sa­tion du Même. Un Papou conver­ti au chris­tia­nisme, c’est un dieu cou­tu­mier qui ne sera plus prié, c’est donc un pas de plus vers l’unicité. »

Syl­vain Tesson
Petit trai­té sur l’immensité du monde, édi­tions des Équa­teurs, 2005

L’âge de la culture générale nous a malheureusement privés d’une réserve considérable d’analphabètes…

« L’âge de la culture géné­rale nous a mal­heu­reu­se­ment pri­vés d’une réserve consi­dé­rable d’analphabètes — de même qu’aujourd’hui on peut faci­le­ment entendre mille per­sonnes astu­cieuses rai­son­ner sur l’Église, tan­dis qu’on cherche en vain les vieux saints reti­rés dans la soli­tude de leur rochers et de leurs forêts. »

Ernst Jün­ger
Le Tra­vailleur (Der Arbei­ter), 1931, trad. Julien Her­vier, Chris­tian Bour­gois édi­teur, 1989

La forêt est secrète…

« La forêt est secrète. Le mot est l’un de ceux, dans notre lan­gage, qui recèlent ses contra­dic­tions. Le secret, c’est l’in­time, le foyer bien clos, la cita­delle de sécu­ri­té. Mais c’est aus­si le clan­des­tin, et ce sens le rap­proche de l’in­so­lite, de l’é­qui­voque. Quand nous ren­con­trons de telles racines, nous pou­vons être sûrs qu’elles tra­hissent la grande anti­thèse et l’i­den­ti­té, plus grande encore, de la vie et de la mort, que les mys­tères s’at­tachent à déchiffrer. »

Ernst Jün­ger
Trai­té du rebelle ou le recours aux forêts (Der Wald­gang), 1951, trad. Hen­ri Plard, Chris­tian Bour­gois édi­teur, 1995

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