Qu’est-ce qu’une montagne, par exemple ? Celle-là, le Mont Blanc, la deuxième la plus haute du continent.
Une montagne, nous dit la réponse bien connue, est une élévation naturelle du terrain qui, engendrée depuis les plissements hercynien ou alpin… Suivent plein d’autres détails.
Une fois le détail conclu, saurons-nous ce qu’est une montagne ? Saurons-nous ce qu’elle est, non pas comment elle s’est formée lors d’un choc tellurique d’il y a des millions d’années ; non pas comment se déploie la sinueuse orographie de ce Mont Blanc dont la masse de granit apparaît soudain, enveloppée par le couchant aux doigts de rose, comme dirait l’autre, tandis que tu es en train de t’approcher, et soudain, après un tournant, la montagne se plante devant toi, et sa masse te frappe, intime et lointaine, nimbée de lumière, de cette lumière d’or que tu es presque sur le point de goûter et de savourer.
Les sciences qui étudient la montagne, parviendront-elles jamais à rendre raison du mystère qui fulgure à travers la flèche de ses sommets, au milieu de la majesté de son ciel, de l’abîme de ses ravins, de la clarté de ses sources ? Quelle science pourra nous expliquer le mystère qui nous serre le cœur quand nous nous enfonçons dans ses bosquets et ses épaisseurs ? »
Javier Portella
Les esclaves heureux de la liberté, éditions David Reinharc, 2012