« Jamais je ne serai blasé devant la découverte soudaine de la proie, devant la découverte miraculeuse de la sauvagerie. Je m’abandonnai béatement à la jouissance de surprendre sans être surpris. Toujours en ces instants m’inonde une excitation voluptueuse mêlée de gratitude. Moi, médiocre et lourd bipède civilisé, sans vue perçante ni odorat subtil, pour une seconde ou une minute, je suis maître du jeu, non par force mais par ruse et chance, à l’exemple de mon ancêtre à l’épieu de bois durci. Que je sois un maître dérisoire, je le sais bien. Ici, je ne suis qu’un intrus, trop généreusement toléré par les divinités de la forêt. »
Dominique Venner
Dictionnaire amoureux de la chasse, éditions Plon, coll. Dictionnaire amoureux, 2006