« Le Sang du Pauvre, c’est l’argent. »
Léon Bloy
Le Sang du pauvre, 1909, Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 2017
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« Le Sang du Pauvre, c’est l’argent. »
Léon Bloy
Le Sang du pauvre, 1909, Essais et pamphlets, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 2017
« La “décadence” intervient chez un peuple lorsque le “contenu idéal” du symbole qu’est le trésor a été oublié au profit de son seul “contenu matériel”, qui finit par tomber entre les mains d’hommes et de lignée qui n’ont aucun droit à le détenir. C’est alors que les peuples cessent d’être des “peuples” pour devenir populace, masse. »
Giorgio Locchi
Wagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste, traduit de l’italien par Philippe Baillet et Pierluigi Locchi, éditions La Nouvelle Librairie, coll. Agora, 2022
« Chez vous [en Occident], l’image d’un Bill Gates, d’un Murdoch ou d’un Zuckerberg menotté est totalement inconcevable. En Russie, au contraire, un milliardaire est tout à fait libre de dépenser son argent, mais pas de peser sur le pouvoir politique. La volonté du peuple russe – et celle du Tsar, qui en est l’incarnation – prévaut sur l’intérêt privé quel qu’il soit. »
Giuliano da Empoli
Le mage du Kremlin, éditions Gallimard, 2022
« Avec une efficace merveilleuse et sur un rythme solennel, la nature veille à ce que se maintienne une égale circulation de ses richesses, à ce que ce qui sort de son sein y retourne ; et ce, nonobstant l’ingérence humaine. »
Ezra Pound
Le Travail et l’Usure, trad. Patrice de Nivard, éditions L’Âge d’Homme, coll. La Merveilleuse Collection, 1968
« La guerre est le suprême sabotage ; c’en est la forme la plus atroce. Pour dissimuler l’abondance existante ou virtuelle, les usuriers suscitent les guerres, et ce, pour créer la disette. »
Ezra Pound
Le Travail et l’Usure, trad. Patrice de Nivard, éditions L’Âge d’Homme, coll. La Merveilleuse Collection, 1968
« Il est certain que le seul amour de l’argent n’a jamais fait que des maniaques, des obsédés que la société connaît à peine, qui geignent et pourrissent dans les régions ténébreuses, ainsi que des champignons de Paris. »
Georges Bernanos
Les grands cimetières sous la lune, Librairie Plon, 1938, coll. Le Livre de Poche, 1977
« Les hommes du Moyen Age n’étaient pas assez vertueux pour dédaigner l’argent, mais ils méprisaient les hommes d’argent. »
Georges Bernanos
Les grands cimetières sous la lune, Librairie Plon, 1938, coll. Le Livre de Poche, 1977
« Il est certain que chez la plupart de nos contemporains la distinction du possédant et du non-possédant finit par tenir lieu de toutes les autres. Le possédant se voit lui-même comme un mouton guetté par le loup. Mais aux yeux du pauvre diable, le mouton devient un requin affamé qui s’apprête à gober une ablette. La gueule sanglante qui s’ouvre à l’horizon les mettra d’accord en les dévorant tous ensemble. »
Georges Bernanos
Les grands cimetières sous la lune, Librairie Plon, 1938, coll. Le Livre de Poche, 1977
« Péguy a été un prophète. L’argent a toujours joué un rôle dans la vie des sociétés, bien entendu, mais il coexistait avec d’autres systèmes, le système de l’honneur dans les classes aristocratiques, le système de la solidarité dans les classes populaires, le système de la charité dans l’ordre chrétien. Ce que Péguy appelle le monde moderne, c’est le moment où le système de l’argent l’emporte définitivement sur tous les autres et devient l’étalon universel. Le capitalisme, de ce point de vue, est moins le système de l’appropriation privée des moyens de production que le système de l’équivalence universelle représentée par l’argent. »
Jacques Julliard
« Pourquoi la gauche s’effondre », Éléments n°159, mars 2016
« Maintenant, c’était un fait acquis. Une fois sa besogne terminée, la plèbe avait été, par mesure d’hygiène, saignée à blanc ; le bourgeois, rassuré, trônait, jovial, de par la force de son argent et la contagion de sa sottise. Le résultat de son avènement avait été l’écrasement de toute intelligence, la négation de toute probité, la mort de tout art, et, en effet, les artistes avilis s’étaient agenouillés, et ils mangeaient, ardemment, de baisers les pieds fétides des hauts maquignons et des bas satrapes dont les aumônes les faisaient vivre !
C’était, en peinture, un déluge de niaiseries molles ; en littérature, une intempérance de style plat et d’idées lâches, car il lui fallait de l’honnêteté au tripoteur d’affaires, de la vertu au flibustier qui pourchassait une dot pour son fils et refusait de payer celle de sa fille ; de l’amour chaste au voltairien qui accusait le clergé de viols, et s’en allait renifler hypocritement, bêtement, sans dépravation réelle d’art, dans les chambres troubles, l’eau grasse des cuvettes et le poivre tiède des jupes sales !
C’était le grand bagne de l’Amérique transporté sur notre continent ; c’était enfin, l’immense, la profonde, l’incommensurable goujaterie du financier et du parvenu, rayonnant, tel qu’un abject soleil, sur la ville idolâtre qui éjaculait, à plat ventre, d’impurs cantiques devant le tabernacle impie des banques ! »
Joris Karl Huysmans
À Rebours, 1884, éditions Gallimard, coll. Folio classique, 1977
« Or il semble beau que des remparts soient hors d’atteinte de l’ennemi : pour ma part, je juge qu’il est bien plus beau d’avoir organisé son âme pour qu’elle reste hors d’atteinte de l’argent, des plaisirs et de la crainte. »
Xénophon
Agésilas, trad. Michel Casevitz, éditions Les Belles Lettres, 2008
« La charrue et la baïonnette sont les seuls instruments de mesure quantitatifs qualitatifs de la cité harmonieuse, barrages au règne de la quantité fiduciaire. Splendide réalisme de l’amour, et rien d’autre. »
Rémi Soulié
Racination, éditions Pierre Guillaume de Roux, 2018