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Thème

Citations sur l'argent

Là où les échanges monétaires ont une nature impersonnelle…

« Là où les échanges moné­taires ont une nature imper­son­nelle et abs­traite (un écu reste le même, qu’il soit ver­sé comme salaire à une per­sonne A ou B), les échanges non-moné­taires carac­té­ris­tiques du féo­da­lisme sont per­son­nels et concrets : ils lient entre eux des hommes par­ti­cu­liers et des lignées spécifiques. »

Guillaume Tra­vers
Éco­no­mie médié­vale et socié­té féo­dale. Un temps de renou­veau pour l’Eu­rope, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

Ainsi, don et contre-don d’un côté…

« Ain­si, don et contre-don d’un côté, et prêt à inté­rêt de l’autre, sont deux formes de cré­dit qui obéissent à des logiques oppo­sées : l’une est une forme de cré­dit qui mani­feste et per­pé­tue l’exis­tence de liens com­mu­nau­taires ; l’autre est une forme de cré­dit qui les nie. »

Guillaume Tra­vers
Éco­no­mie médié­vale et socié­té féo­dale. Un temps de renou­veau pour l’Eu­rope, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Longue Mémoire, 2020

L’argent est le maître de l’homme d’État…

« Le monde moderne a créé une situa­tion nou­velle, nova ab inte­gro. L’argent est le maître de l’homme d’État comme il est le maître de l’homme d’affaires. Et il est le maître du magis­trat comme il est le maître du simple citoyen. Et il est le maître de l’État comme il est le maître de l’é­cole. Et il est le maître du public comme il est le maître du privé. »

Charles Péguy
Note conjointe sur M. Des­cartes et la phi­lo­so­phie car­té­sienne, 1914, in Œuvres com­plètes, Tome IX : Œuvres post­humes, édi­tions de la Nou­velle Revue Fran­çaise, 1924

La vérité concernant la presse…

« La véri­té concer­nant la presse, c’est qu’elle n’est pas telle que son nom la désigne. Elle n’est pas la presse popu­laire”. Elle n’est pas la presse publique. Elle n’est pas davan­tage un organe de l’o­pi­nion publique. Elle est une conspi­ra­tion our­die par un petit nombre de mil­lion­naires qui se sont enten­dus sur ce que cette grande nation (à laquelle nous appar­te­nons) doit savoir sur elle-même, ses alliés, ses ennemis. […]
Si bien que le lec­teur de jour­nal reçoit toutes ses infor­ma­tions et ses mots d’ordre poli­tiques de ce qui à l’heure qu’il est consti­tue plus ou moins consciem­ment une sorte de socié­té secrète, com­po­sée d’un très petit nombre de membres dis­po­sant de beau­coup d’argent. »

Gil­bert Keith Chesterton
Uto­pie des usu­riers, trad. Gérard Jou­lié, édi­tions de l’Homme Nou­veau, 2010

Je suis pleinement conscient qu’à notre époque le mot propriété…

« Je suis plei­ne­ment conscient qu’à notre époque le mot pro­prié­té a été ter­ni par la cor­rup­tion des grands capi­ta­listes. À en croire les gens, on pen­se­rait que les Roth­schild et les Rocke­fel­ler sont par­ti­sans de la pro­prié­té. Ils sont pour­tant, et de toute évi­dence, les enne­mis de celle-ci, car ils sont les enne­mis de leurs propres limites. Ils ne veulent pas de leur propre terre ; ils veulent celle des autres. Lors­qu’ils font dis­pa­raître les bornes de leurs voi­sins, ils font du même coup dis­pa­raître les leurs. »

Gil­bert Keith Chesterton
Le monde comme il ne va pas, 1910, trad. Marie-Odile For­tier-Masek, Édi­tions L’Âge d’Homme, 1994

Nous vivons dans un déni du collectif et du symbolique…

« Nous vivons dans un déni du col­lec­tif et du sym­bo­lique qui confine à la néga­tion de la réa­li­té de la condi­tion humaine et des condi­tions de l’expérience humaine, la pesan­teur, la durée, l’origine, l’appartenance, cette réa­li­té jamais aus­si pré­sente sans doute qu’au moment où elle est refu­sée davan­tage. Nous, Euro­péens, qui avons refu­sé de men­tion­ner l’origine chré­tienne de l’Europe et pré­ten­dons inter­dire à l’Italie d’accrocher des cru­ci­fix dans ses écoles, fai­sons comme si l’argent fai­sait socié­té, comme si la bulle de l’assistance et de l’argent public pou­vait rem­pla­cer la fron­tière, oublier l’origine et se sub­sti­tuer à l’unité poli­tique. Et nous, Fran­çais, fai­sons comme si ce n’était pas les arrière-petits-enfants des esclaves de la traite, les des­cen­dants loin­tains des royaumes et des empires assu­jet­tis et rui­nés, qui nous demandent des comptes en rai­son des liens, des ori­gines et du sang ! Ils ont été ceux que nous serons, expul­sés de notre ori­gine, inter­dits de notre iden­ti­té, sus­pec­tés de résis­tance à notre dis­pa­ri­tion, rebelles à deve­nir colo­nie de nos colo­nies. L’étrange consen­te­ment de l’Europe à sa fin n’est pas étran­ger aux attaques dont elle fait l’objet : le par­tage des dépouilles attire les appétits… »

Her­vé Juvin
Le ren­ver­se­ment du monde. Poli­tique de la crise, édi­tions Gal­li­mard, 2010

Les formes du pouvoir nobiliaire n’ont pas cessé de changer…

« Au fil des siècles, chez les peuples euro­péens et dans cha­cune de leurs cultures par­ti­cu­lières, les formes du pou­voir nobi­liaire n’ont pas ces­sé de chan­ger, et sou­vent de façon rapide, mais la fonc­tion poli­tique et morale de la noblesse, en Grèce, à Rome, en Ger­ma­nie, dans l’Europe médié­vale ou moderne, est res­tée iden­tique pour l’essentiel. La noblesse n’est pas l’aristocratie ; il y a des aris­to­cra­ties de la for­tune et de l’argent. Elle n’est que par­tiel­le­ment dépen­dante de l’hérédité. Elle repose sur le mérite, et celui-ci doit tou­jours être confir­mé. La noblesse se gagne et se perd. Elle vit sur l’idée que le devoir et l’honneur sont plus impor­tants que le bon­heur indi­vi­duel. Ce qu’elle a en propre c’est son carac­tère public. Elle est faite pour diri­ger la chose publique, la res publi­ca. Sa voca­tion n’est pas d’occuper le som­met de la socié­té mais le som­met de l’État. Ce qui la dis­tingue, ce ne sont pas les pri­vi­lèges, mais le fait d’être sélec­tion­née pour com­man­der. Elle gou­verne, juge et mène au com­bat. La noblesse est asso­ciée à la vigueur des liber­tés publiques. Ses terres d’élection sont les liber­tés féo­dales et les monar­chies aris­to­cra­tiques ou consti­tu­tion­nelles. Elle est impen­sable dans les grandes tyran­nies orien­tales, Assur ou l’Égypte. En Europe même, elle s’étiole ou dis­pa­raît chaque fois que s’établit un pou­voir des­po­tique, ce qu’est le cen­tra­lisme éta­tique. Elle implique une per­son­na­li­sa­tion du pou­voir qui huma­nise celui-ci à l’inverse de la dic­ta­ture ano­nyme des bureaux. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Je ne serai pas quelqu’un ; je serai, simplement…

« Je ne serai pas quel­qu’un ; je serai, sim­ple­ment. Un homme, l’Homme qui est au milieu du monde – sans qu’il y ait de dieux pour le regar­der. Car je ne suis pas une pen­sée, un rêve, une luciole fugi­tive. Je suis en chair et en os. D’a­bord en chair et en os. Ce qui est bien, c’est que je suis nu, c’est-à-dire sans argent, avec une che­mise de rechange, un homme qui a res­ti­tué en lui le rudi­ment de toute réa­li­té, qui tra­vaille avec ses mains et ses pieds, qui mange, qui boit, qui dort.
[…] Qu’est-ce que je fais là ? Je suis un homme. J’ai été pro­mis à un monde d’hommes et d’animaux. Mes ancêtres n’ont pas tra­vaillé à une civi­li­sa­tion pour que sou­dain nous n’y puis­sions plus rien et que le mou­ve­ment se perde machi­nal, aveugle, absurde ? Une machine, un canon qui tire sans arrêt, tout seul. Qu’est-ce que cela ? Ce n’est ni un homme, ni un ani­mal, ni un dieu. C’est un cal­cul oublié qui pour­suit seul sa tra­jec­toire à tra­vers le monde, c’est un rési­du incroyable. Quelle est cette reprise étrange de la matière sur la vie ? Quel est ce dérou­le­ment méca­nique de la matière ? Des mots absurdes deviennent vrais : méca­nisme, maté­ria­lisme. »

Pierre Drieu la Rochelle
La Comé­die de Char­le­roi, 1934, édi­tions Gal­li­mard, coll. L’Imaginaire, 1996

La puissance et l’argent, le temps et le monde…

« – Il en fut tou­jours ain­si, il en sera tou­jours ain­si ; la puis­sance et l’argent, le temps et le monde appar­tiennent aux petits, aux mes­quins, et les autres, les êtres humains véri­tables, n’ont rien. Rien que la mort. — Pas autre chose ? — Si, l’éternité. »

Her­mann Hesse
Le loup des steppes (Der Step­pen­wolf), 1927, in Romans et Nou­velles, trad. Juliette Pary, édi­tions Le Livre de poche, 2002

Mais viser l’excellence ne se confond pas avec le vulgaire…

« Mais viser l’excellence ne se confond pas avec le vul­gaire com­pé­ti­tion pour la réus­site, les hon­neurs ou l’argent. La com­pé­ti­tion n’est pas le but. Elle est le sti­mu­lant. Cette dif­fé­rence per­met de dis­tin­guer entre l’authenticité et son contraire, la fier­té, la vanité. »

Domi­nique Venner
Un samou­raï d’Occident. Le Bré­viaire des insou­mis, édi­tions Pierre-Guillaume de Roux, 2013

L’homme moderne, l’homme de la technique, obsédé par son efficience…

« L’homme moderne, l’homme de la tech­nique, obsé­dé par son effi­cience, les objec­tifs à atteindre, n’a pour uni­vers men­tal que ce qui est subor­don­né à cette effi­ca­ci­té. Beau­té, sagesse, poé­sie, sont subal­ternes, à moins d’être mon­nayables. La tyran­nie de l’efficience débouche sur l’invivable, sur une nou­velle bar­ba­rie sans la san­té des bar­bares : la ville qui n’est pas une ville, la domi­na­tion de l’argent, le sac­cage de la nature et la mani­pu­la­tion du vivant. À force de cal­cu­ler, l’homme ren­contre l’incalculable. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Partout où elle a pris le pouvoir, la bourgeoisie a foulé…

« Par­tout où elle a pris le pou­voir, la bour­geoi­sie a fou­lé aux pieds les rela­tions féo­dales, patriar­cales et idyl­liques. Tous les liens com­plexes et variés qui unis­saient l’homme féo­dal à ses supé­rieurs natu­rels, elle les a bri­sés sans pitié pour ne lais­ser sub­sis­ter d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid inté­rêt, les dures exi­gences du paie­ment au comp­tant. Elle a noyé les fris­sons sacrés de l’extase reli­gieuse, de l’enthousiasme che­va­le­resque, de la sen­ti­men­ta­li­té tra­di­tion­nelle, dans les eaux gla­cées du cal­cul égoïste. Elle a fait de la digni­té per­son­nelle une simple valeur d’échange… La bour­geoi­sie a dépouillé de leur auréole toutes les acti­vi­tés qui pas­saient jusque-là pour véné­rables et qu’on consi­dé­rait avec un saint res­pect. Le méde­cin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des sala­riés à ses gages. La bour­geoi­sie a déchi­ré le voile de sen­ti­men­ta­li­té qui recou­vrait les rela­tions de famille et les a réduites à n’être que de simples rap­ports d’argent… La bour­geoi­sie ne peut exis­ter sans révo­lu­tion­ner constam­ment les ins­tru­ments de pro­duc­tion, ce qui veut dire les condi­tions de la pro­duc­tion, c’est-à-dire les rap­ports sociaux… Ce bou­le­ver­se­ment conti­nuel de la pro­duc­tion, ce constant ébran­le­ment de tout le sys­tème social, cette agi­ta­tion et cette insé­cu­ri­té per­pé­tuelle dis­tinguent l’époque bour­geoise de toutes les pré­cé­dentes… Tout ce qui avait soli­di­té et per­ma­nence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est pro­fa­né, et les hommes sont for­cés enfin d’envisager leurs condi­tions d’existence et leurs rap­ports réci­proques avec des yeux désa­bu­sés… La bour­geoi­sie a sou­mis la cam­pagne à la ville, elle a subor­don­né les peuples de pay­sans aux peuples de bourgeois… »

Karl Marx et Frie­drich Engels
Le Mani­feste du par­ti com­mu­niste (Mani­fest der kom­mu­nis­ti­schen Par­tei), 1848, trad. Émile Bot­ti­gel­li, édi­tions Flam­ma­rion, 1998

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