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Citations d’un auteur français

Ce qui nous sépare des Américains…

« Le sur­gis­se­ment de ces socié­tés à la marge abo­lit le des­tin des socié­tés his­to­riques. En extra­po­lant bru­ta­le­ment leur essence outre-mer, ces der­nières perdent le contrôle de leur évo­lu­tion. Le modèle idéal qu’elles ont sécré­té les annule. Et jamais plus l’é­vo­lu­tion ne repren­dra sous forme d’a­li­gne­ment pro­gres­sif. Le moment, pour des valeurs jusque-là trans­cen­dantes, de leur réa­li­sa­tion, de leur pro­jec­tion ou de leur effon­dre­ment dans le réel (l’A­mé­rique) est un moment irré­ver­sible. C’est ce qui, quoi qu’il arrive, nous sépare des Amé­ri­cains. Nous ne les rat­tra­pe­rons jamais, et nous n’au­rons jamais cette can­deur. Nous ne fai­sons que les imi­ter, les paro­dier avec cin­quante ans de retard, et sans suc­cès d’ailleurs. Il nous manque l’âme et l’au­dace de ce qu’on pour­rait appe­ler le degré zéro d’une culture, la puis­sance de l’in­cul­ture. Nous avons beau nous adap­ter plus ou moins, cette vision du monde nous échap­pe­ra tou­jours, tout comme la Wel­tan­schauung trans­cen­dan­tale et his­to­rique de l’Europe échap­pe­ra tou­jours aux Américains. »

Jean Bau­drillard
Amé­rique, édi­tions Gras­set, 1986, Le Livre de Poche, coll. Biblio essais, 1988

Le sacre de l’indifférence…

« Ce pays est sans espoir.
Pour nous les fana­tiques de l’esthé­tique et du sens, de la culture, de la saveur et de la séduc­tion, pour nous pour qui cela seul est beau qui est pro­fon­dé­ment moral, et seule pas­sion­nante la dis­tinc­tion héroïque de la nature et de la culture, pour nous qui sommes indé­fec­ti­ble­ment liés aux pres­tiges du sens cri­tique et de la trans­cen­dance, pour nous c’est un choc men­tal et un déga­ge­ment inouï de décou­vrir la fas­ci­na­tion du non-sens, de cette décon­nexion ver­ti­gi­neuse éga­le­ment sou­ve­raine dans les déserts et dans les villes. Décou­vrir qu’on peut jouir de la liqui­da­tion de toute culture et s’exal­ter du sacre de l’indifférence. »

Jean Bau­drillard
Amé­rique, édi­tions Gras­set, 1986, Le Livre de Poche, coll. Biblio essais, 1988

Le vrai courage, c’est au-dedans de soi, de ne pas céder…

« Le vrai cou­rage, c’est au-dedans de soi, de ne pas céder, ne pas plier, ne pas renon­cer. Être le grain de sable que les plus lourds engins écra­sant tout sur leur pas­sage ne réus­sissent pas à briser. »

Jean-Pierre Ver­nant
Entre­tien au Figa­ro lit­té­raire, 2 décembre 2004

Tout est précieux de ce qui aspire à la culture…

« Quel que soit son âge, sa condi­tion, son degré d’instruction, il est pos­sible à notre époque à tout indi­vi­du de renouer avec la tra­di­tion de la culture per­son­nelle. Aucun des efforts accom­plis dans ce sens n’est mépri­sable ou indif­fé­rent. Tout est pré­cieux de ce qui aspire à la culture. Le plus petit pas que l’on fait vers elle a sa valeur et son impor­tance. Éteindre son télé­vi­seur et se mettre à lire un livre, c’est déjà faire œuvre de civilisation. »

Jean-Louis Harouel
Culture et contre cultures, Édi­tions Presses uni­ver­si­taires de France, 1994

L’homme cultivé n’a jamais trop de temps…

« Et je ne regrette pas d’avoir pro­po­sé ailleurs, comme une des défi­ni­tions pos­sibles de la culture, « la claire conscience de la pré­cio­si­té du temps ». L’homme culti­vé n’a jamais trop de temps, il n’en a même jamais assez pour tout ce qu’il y a lire, à voir, à entendre, à connaître, à apprendre, à com­prendre et à aimer. L’intelligible, par son énor­mi­té, est incom­men­su­rable à son intel­li­gence. L’existant, par son immen­si­té, est sans rap­port de pro­por­tions avec sa soif de connais­sance et les pos­si­bi­li­tés de sa mémoire. L’aimable, par son infi­ni­tude, outre­passe de toute part son amour. À tout moment il doit faire des choix, c’est-à-dire renon­cer à des che­mins, à des livres, à des études et à des dis­trac­tions. Et ce qu’il est, autant que par ce qu’il lit, par ce qu’il entend et par ce qu’il étu­die, il l’est par ce qu’il ne lit pas, ce qu’il ne fré­quente pas, ce à quoi il refuse de perdre son temps, ce temps que la culture rend précieux. »

Renaud Camus
La grande décul­tu­ra­tion, édi­tions Fayard, 2008

Vivre dans un certain siècle et s’apercevoir…

« Vivre dans un cer­tain siècle et s’apercevoir qu’on était mieux fait pour un autre, cela ne doit pas déses­pé­rer, car ce mal­heur n’est point sans quelque remède. Nous attei­gnons par magie l’époque où nous ne nous sommes pas trou­vés maté­riel­le­ment ; nous la sai­sis­sons par son art. Être culti­vé, cela ne signi­fie pas autre chose que d’avoir le choix entre tous les moments de l’humanité et d’aller, à notre gré, de l’un à l’autre, comme un archi­pel, un navire heu­reux se pro­mène d’île en île. Toute haute vie a ses éva­sions sereines. »

Abel Bon­nard
Ce monde et moi, édi­tions Dis­mas (post­hume), 1992

Cette crise de la culture n’est pas le résultat…

« Cette crise de la culture n’est pas le résul­tat d’un pro­blème de moyens, de finan­ce­ment ou de ges­tion ; c’est un bou­le­ver­se­ment inté­rieur. Il s’est pro­duit, dans nos socié­tés occi­den­tales, un phé­no­mène unique, une rup­ture inédite : une géné­ra­tion s’est refu­sée à trans­mettre à la sui­vante ce qu’elle avait à lui don­ner, l’ensemble du savoir, des repères, de l’expérience humaine immé­mo­riale qui consti­tuait son héri­tage. Il y a là une ligne de conduite déli­bé­rée, jusqu’à l’explicite : j’étais loin d’imaginer, en com­men­çant à ensei­gner, l’impératif essen­tiel qui allait struc­tu­rer ma for­ma­tion de jeune pro­fes­seur. « Vous n’avez rien à trans­mettre » : ces mots, pro­non­cés à plu­sieurs reprises par un ins­pec­teur géné­ral qui nous accueillait dans le métier le jour de notre pre­mière ren­trée, avaient quelque chose de si éton­nant qu’ils ont pro­fon­dé­ment mar­qué ma mémoire. « Vous n’avez rien à trans­mettre. » La culture est pro­pre­ment ce qui se trans­met. Ne plus faire subir à nos suc­ces­seurs ce far­deau péri­mé que le pas­sé jet­te­rait sur leur liber­té nou­velle, voi­là le pro­jet qui nous est proposé.
Désor­mais, il faut faire en sorte que chaque enfant puisse, pour créer un che­min per­son­nel, pro­duire son propre savoir. Écar­tés, le « cours magis­tral » et le « par cœur » ; refu­sée, l’idée qu’une concep­tion du monde pour­rait être trans­mise aux enfants par leurs parents. Nous avons per­du le sens de la culture. Elle est pour nous, au mieux, un luxe inutile ; au pire, un bagage encom­brant. Bien sûr, nous conti­nuons de visi­ter les musées, d’aller au ciné­ma, d’écouter de la musique ; et en ce sens, nous n’avons pas consciem­ment reje­té loin de nous la culture. Mais elle ne nous inté­resse plus que sous la forme d’une dis­trac­tion super­fi­cielle, d’un plai­sir intel­li­gent ou d’un agré­ment décoratif. »

Fran­çois-Xavier Bellamy
Les Déshé­ri­tés ou l’urgence de trans­mettre, édi­tions Plon, 2014

Les solutions de sortie de crise sont…

« Les solu­tions de sor­tie de crise sont, publi­que­ment du moins, toutes pla­cées sous le signe émi­nem­ment conve­nable de plus d’individualisme, plus d’opportunités pour tous, plus de mobi­li­té, ce qui signi­fie, concrè­te­ment, plus de liber­té de mou­ve­ment des capi­taux, plus d’échanges de biens et de ser­vices, plus d’ingérence et d’interdépendance, plus d’ouverture à l’envie et à la cupi­di­té, à la fin plus de cré­dit et de dettes, plus d’uniformité et de confor­mi­té – plus de tout ce qui a pro­vo­qué la crise. »

Her­vé Juvin
Le ren­ver­se­ment du monde. Poli­tique de la crise, édi­tions Gal­li­mard, 2010

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