Un projet de l'Institut ILIADE pour la longue mémoire européenne

Citatio, un portail ouvert sur notre civilisation

Nous menons un travail long et exigeant afin d'assurer la qualité des milliers de citations que nous vous proposons. Tout cela a un coût que vous pouvez nous aider à supporter en faisant un don.

Tout ce que la nature a d’étrange et de grandiose…

« Nos monts Car­pathes ne res­semblent point aux mon­tagnes civi­li­sées de votre Occi­dent. Tout ce que la nature a d’é­trange et de gran­diose s’y pré­sente aux regards dans sa plus com­plète majes­té. Leurs cimes ora­geuses se perdent dans les nues, cou­vertes de neiges éter­nelles ; leurs immenses forêts de sapins se penchent sur le miroir poli de lacs pareils à des mers ; et ces lacs, jamais une nacelle ne les a sillon­nés, jamais le filet d’un pêcheur n’a trou­blé leur cris­tal, pro­fond comme l’a­zur du ciel ; la voix humaine y reten­tit à peine de temps en temps, fai­sant entendre un chant mol­dave auquel répondent les cris des ani­maux sau­vages : chant et cris vont éveiller quelque écho soli­taire, tout éton­né qu’une rumeur quel­conque lui ait appris sa propre exis­tence. Pen­dant bien des milles, on voyage sous les voûtes sombres de bois cou­pés par ces mer­veilles inat­ten­dues que la soli­tude nous révèle à chaque pas, et qui font pas­ser notre esprit de l’é­ton­ne­ment à l’ad­mi­ra­tion. Là le dan­ger est par­tout, et se com­pose de mille dan­gers dif­fé­rents ; mais on n’a pas le temps d’a­voir peur, tant ces dan­gers sont sublimes. Tan­tôt ce sont des cas­cades impro­vi­sées par la fonte des glaces, qui, bon­dis­sant de rochers en rochers, enva­hissent tout à coup l’é­troit sen­tier que vous sui­viez, sen­tier tra­cé par le pas­sage de la bête fauve et du chas­seur qui la pour­suit ; tan­tôt ce sont des arbres minés par le temps qui se détachent du sol et tombent avec un fra­cas ter­rible qui semble être celui d’un trem­ble­ment de terre ; tan­tôt enfin ce sont les oura­gans qui vous enve­loppent de nuages au milieu des­quels on voit jaillir, s’al­lon­ger et se tordre l’é­clair, pareil à un ser­pent de feu. »

Alexandre Dumas
La dame pâle, 1849, édi­tions Gal­li­mard, coll. Folio, 2020

14 juillet – Fête de la République…

« 14 juillet – Fête de la Répu­blique. Je me suis pro­me­né par les rues. Les pétards et les dra­peaux m’a­mu­saient comme un enfant. C’est pour­tant fort bête d’être joyeux, à date fixe, par décret du gou­ver­ne­ment. Le peuple est un trou­peau imbé­cile, tan­tôt stu­pi­de­ment patient et tan­tôt féro­ce­ment révol­té. On lui dit : Amuse-toi.” Il s’a­muse. On lui dit : Va te battre avec le voi­sin”. Il va se battre. On lui dit : Vote pour l’Em­pe­reur”. Il vote pour l’Em­pe­reur. Puis, on lui dit : Vote pour la Répu­blique”. Et il vote pour la République. »

Guy de Maupassant
Le Hor­la et autres récits fan­tas­tiques, 1882 – 1887, édi­tions Le Livre de Poche, coll. Clas­siques, 2016

Notre folie est plus discrète, mais plus profonde…

« Monde d’impuissants ! On feint de dénon­cer l’érotisme moderne, mais nous sommes loin des luxueuses orgies de Rome, où une socié­té déchaî­née, ivre de la chute, allait au moins jusqu’au bout de ses folies et de ses vices. Notre folie est plus dis­crète, mais plus pro­fonde. Un homme capable de res­ter durant des heures à plier et déplier une jambe ou à tapo­ter une machine à sous me paraît fina­le­ment dans un état de démence beau­coup plus avan­cé qu’un débau­ché ou un ivrogne. Ceux-là cherchent au moins des remèdes, des tech­niques de béatitudes. »

Jean-René Hugue­nin
Une autre jeu­nesse, édi­tions du Seuil, 1965, Points édi­tions, coll. Signa­tures, 2012

L’époque présente n’est pas pensée…

« (…) l’époque pré­sente n’est pas pen­sée. Parce que tout a évo­lué beau­coup trop vite, depuis cent ans, et que la pen­sée est une diges­tion beau­coup trop lente (…) il fau­drait attendre des siècles celui qui, ayant len­te­ment digé­ré, fon­de­rait un lan­gage nou­veau, et qui ordon­ne­rait le monde. »

Antoine de Saint-Exupéry
in Cor­res­pon­dance, cité par Phi­lippe de Laitre in Saint-Exu­pé­ry. Au-delà du Petit Prince, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Les idées à l’endroit, 2024

Une civilisation est un héritage de croyances…

« Une civi­li­sa­tion est un héri­tage de croyances, de cou­tumes et de connais­sances, len­te­ment acquises au cours des siècles, dif­fi­ciles par­fois à jus­ti­fier par la logique, mais qui se jus­ti­fient d’elles-mêmes, comme des che­mins, s’ils conduisent quelque part, puisqu’elles ouvrent à l’homme son éten­due intérieure. »

Antoine de Saint-Exupéry
in Pilote de Guerre, cité par Phi­lippe de Laitre in Saint-Exu­pé­ry. Au-delà du Petit Prince, édi­tions La Nou­velle Librai­rie, coll. Les idées à l’endroit, 2024

Nous avions cessé d’être utiles et nous devenions dangereux…

« (…) Je l’ai envié et je crois avoir com­pris sa leçon. Nous autres, capi­taines de ces guerres que nous ne pou­vions que perdre, défen­seurs détes­tés d’un ordre bour­geois qui se paye le luxe d’avoir bonne conscience tout en nous obli­geant à défendre ses pri­vi­lèges, nous n’avions plus qu’à mou­rir ou à dis­pa­raître car nous avions ces­sé d’être utiles et nous deve­nions dangereux. »

Jean Lar­té­guy
Les Pré­to­riens, Presses de la Cité, 1961

Les derniers défenseurs de l’innocence de l’homme…

« Le cen­tu­rion Phi­lippe Escla­vier, du Xème Régi­ment para­chu­tiste, cher­cha les rai­sons qu’il avait d’allumer, lui aus­si, des feux pour conte­nir les bar­bares et sau­ver l’Occident. Il pen­sa : Nous autres cen­tu­rions, nous sommes les der­niers défen­seurs de l’innocence de l’homme contre tous ceux qui veulent l’asservir au nom de la faute ori­gi­nelle, contre les com­mu­nistes qui refusent le bap­tême à l’enfant, n’acceptent jamais la conver­sion de l’adulte et sont tou­jours prêts à la mettre en doute, mais aus­si contre cer­tains chré­tiens qui ne pensent qu’à la faute et oublient la rédemp­tion.” »

Jean Lar­té­guy
Les Cen­tu­rions, Presses de la Cité, 1960

C’est un bruit de mort…

« Ce qui fait peur, dit le mata­dor, c’est le bruit caver­neux que fait le tau­reau lors­qu’il vide ses pou­mons à la fin de la charge. C’est un bruit rauque, énorme, pro­fond. C’est un bruit de mort, c’est un bruit qui dit le désir énorme de tuer. C’est un bruit d’autre monde. »

Jean Cau
Toros, édi­tions Denoël, 1973

Les hommes ont les dieux qu’ils méritent…

« Un tau­reau parut qui, après deux ou trois faux dieux de paco­tille, était un vrai dieu. Car les hommes ont les dieux qu’ils méritent. »

Pierre Drieu La Rochelle
Cité par Alain Bérard in Cor­ri­da, édi­tions Michel Lafon, 2002

Il s’agit de savoir si nous sommes chez nous en France…

« Il s’agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n’y sommes plus ; si notre sol nous appar­tient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain ; si, avec les champs et la mer, les canaux et les fleuves, nous allons alié­ner les habi­ta­tions de nos pères, depuis le monu­ment où se glo­ri­fie la Cité jusqu’aux humbles mai­sons de nos par­ti­cu­liers. Devant un cas de cette taille, il est ridi­cule de deman­der si la France renon­ce­ra aux tra­di­tions hos­pi­ta­lières d’un grand peuple civi­li­sé. Avant d’hospitaliser, il faut être. Avant de rendre hom­mage aux supé­rio­ri­tés lit­té­raires ou scien­ti­fiques étran­gères, il faut avoir gar­dé la qua­li­té de nation fran­çaise. Or il est par­fai­te­ment clair que nous n’existerons bien­tôt plus si nous conti­nuons d’aller de ce train. (…) Ce pays-ci n’est pas un ter­rain vague. Nous ne sommes pas des bohé­miens nés par hasard au bord d’un che­min. Notre sol est appro­prié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. »

Charles Maur­ras
L’Hos­pi­ta­li­té, article paru dans L’Ac­tion fran­çaise du 6 juillet 1912

Il faut proposer aux Français de nouveaux mythes…

« Il faut pro­po­ser aux Fran­çais de nou­veaux mythes. Pour­quoi pas celui de Sau­ve­terre, la terre d’asile qui, tan­dis qu’ailleurs se déchaî­nait la guerre, a connu la paix pen­dant trois mois, du fait de quelques hommes ? Enne­mis, ces hommes rêvaient d’un jour où ils ces­se­raient de l’être. On trou­ve­ra là-haut les sur­vi­vants de cette étrange his­toire. Sébas­tien le Fran­çais et Else l’Allemande, Manuel et Téré­sa, avec cet éton­nant Cabral, ce pay­san d’un Causse per­du qui conçoit déjà son trou­peau en fonc­tion de l’Europe et de ses besoins.
Les grands espaces du Causse don­ne­ront à nos rêves le mys­tère, la poé­sie et la réso­nance des cathédrales. »

Jean Lar­té­guy
Sau­ve­terre, édi­tions Rom­bal­di, 1971

Auteurs

Auteurs récemment ajoutés

Livres

À l'affiche

Comprendre la stratégie hongroise
Dominique Venner. La flamme se maintient
Sur les chemins noirs
Bienvenue dans le meilleur des mondes. Quand la réalité dépasse la science-fiction
Frédéric Mistral. Patrie charnelle et Provence absolue
Les Indo-Européens
Le soleil et l'acier
L’exil intérieur. Carnets intimes
La société de propagande
Tolkien, l’Europe et la tradition. La civilisation à l’aune de l’imaginaire
Voyage au bout de la nuit
Game over. La révolution antipolitique
Pour un réveil européen. Nature - Excellence - Beauté
Ceux de 14
La hache des steppes
Le japon moderne et l'éthique samouraï
Walter, ce boche mon ami
Les grandes légendes de France
Courage ! manuel de guérilla culturelle
À propos des Dieux. L’esprit des polythéismes
Les Déshérités ou l’urgence de transmettre
L’enracinement
Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l'impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche
Citadelle
Œuvres en prose complètes, tome III
L'Empire du politiquement correct
L’opprobre. Essai de démonologie
La grande séparation
Orthodoxie
Économie et société médiévale
Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis
Précis de décomposition
L’homme surnuméraire
L'Argent
Les Horreurs de la démocratie
Petit traité sur l’immensité du monde
La Cause du peuple
Histoire et tradition des Européens
Mémoire vive. Entretiens avec François Bousquet
Le déclin du courage
Sire
La France contre les robots
Le regard des princes à minuit
L’œuvre de chair
Service inutile
Traité du rebelle ou le recours aux forêts
Les sentinelles du soir
Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ?