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Citations sur l'économie

Qui était sorti vainqueur de cette fausse guerre ? Les États-Unis, bien entendu…

« Qui était sor­ti vain­queur de cette fausse guerre [la guerre froide, NDLR] ? Les États-Unis, bien enten­du, et l’économie de mar­ché. Mais aus­si la reli­gion de l’Humanité, une, uni­forme et uni­ver­selle. Une reli­gion com­mune aux deux adver­saires de la veille. Et ce n’était pas leur seule affi­ni­té. Que vou­laient les com­mu­nistes d’autrefois ? Ils vou­laient la mise en com­mun des richesses de l’humanité et une ges­tion ration­nelle assu­rant à tous abon­dance et paix. Ils vou­laient aus­si la créa­tion d’un homme nou­veau, capable de dési­rer ces bien­faits, un homme ration­nel et uni­ver­sel, déli­vré de toutes ces entraves que sont des racines, une nature et une culture. Ils vou­laient enfin assou­vir leur haine des hommes concrets, por­teurs de dif­fé­rences, leur haine éga­le­ment de la vieille Europe, mul­tiple et tra­gique. Et l’Occident amé­ri­cain, que veut-il ? Eh bien, la même chose. La dif­fé­rence porte sur les méthodes. Récu­sant la pla­ni­fi­ca­tion par la contrainte, le sys­tème amé­ri­cain voit dans le mar­ché le fac­teur prin­ci­pal de la ratio­na­li­té et des changements. […]
Le com­mu­nisme de mar­ché, autre nom du mon­dia­lisme, ne par­tage pas seule­ment avec son ex-frère enne­mi sovié­tique la vision radieuse du but final. Pour chan­ger le monde, lui aus­si doit chan­ger l’homme, fabri­quer l’homo œco­no­mi­cus de l’avenir, le zom­bi, l’homme du nihi­lisme, vidé de son conte­nu, pos­sé­dé par l’esprit du mar­ché et de l’Humanité uni­ver­selle. Le zom­bi se mul­ti­plie sous nos yeux. Il est heu­reux puisque l’esprit du mar­ché lui souffle que le bon­heur consiste à satis­faire tous ses dési­rs”. Et ses dési­rs étant ceux du mar­ché ne sont sus­ci­tés que pour être satisfaits. »

Domi­nique Venner
His­toire et tra­di­tion des Euro­péens, Édi­tions du Rocher, coll. His­toire, 2002

Une nouvelle révolution copernicienne est en cours…

« C’est bien la vie affec­tive, celle de tous les jours, qui nous incite à prendre acte d’un point de satu­ra­tion auquel est arri­vé la socié­té moderne […] Une nou­velle révo­lu­tion coper­ni­cienne est en cours […] voyant reve­nir un rap­port plus res­pec­tueux à la terre-mère”. Nous sommes ici au cœur bat­tant de l’éco­so­phie. »

Michel Maf­fe­so­li
L’Ordre des choses – Pen­ser la post­mo­der­ni­té, CNRS Edi­tions, 2014

Tout le mal est venu de la bourgeoisie…

« Car on ne sau­rait trop le redire. Tout le mal est venu de la bour­geoi­sie. Toute l’a­ber­ra­tion, tout le crime. C’est la bour­geoi­sie capi­ta­liste qui a infec­té le peuple. Et elle l’a pré­ci­sé­ment infec­té d’es­prit bour­geois et capitaliste.
Je dis expres­sé­ment la bour­geoi­sie capi­ta­liste et la grosse bour­geoi­sie. La bour­geoi­sie labo­rieuse au contraire, la petite bour­geoi­sie est deve­nue la classe la plus mal­heu­reuse de toutes les classes sociales, la seule aujourd’­hui qui tra­vaille réel­le­ment, la seule qui par suite ait conser­vé intactes les ver­tus ouvrières, et pour sa récom­pense la seule enfin qui vive réel­le­ment dans la misère. Elle seule a tenu le coup, on se demande par quel miracle, elle seule tient encore le coup, et s’il y a quelque réta­blis­se­ment, c’est que c’est elle qui aura conser­vé le statut. »

Charles Péguy
L’Argent, Les Cahiers de la Quin­zaine, 1913, Édi­tions des Équa­teurs, coll. Paral­lèles, 2008

Le réformisme officiel est devenu de façade…

« Le réfor­misme offi­ciel est deve­nu de façade, il est à pré­sent le bras armé, et pré­sen­table, du néolibéralisme. »

Mar­cel Gauchet
Que faire ? Dia­logue sur le com­mu­nisme, le capi­ta­lisme et l’avenir de la démo­cra­tie, avec Alain Badiou, Phi­lo­so­phie édi­tions, 2014

On ne vivait point encore dans l’égalité…

« Et ce bon­heur, ce cli­mat de bon­heur. Évi­dem­ment on ne vivait point encore dans l’é­ga­li­té. On n’y pen­sait même pas, à l’é­ga­li­té, j’en­tends à une éga­li­té sociale. Une inéga­li­té com­mune, com­mu­né­ment accep­tée, une inéga­li­té géné­rale, un ordre, une hié­rar­chie qui parais­sait natu­relle ne fai­sait qu’é­ta­ger les dif­fé­rents niveaux d’un com­mun bon­heur. On ne parle aujourd’­hui que de l’é­ga­li­té. Et nous vivons dans la plus mons­trueuse inéga­li­té éco­no­mique que l’on n’ait jamais vue dans l’his­toire du monde. On vivait alors. On avait des enfants. Ils n’a­vaient aucu­ne­ment cette impres­sion que nous avons d’être au bagne. Ils n’a­vaient pas comme nous cette impres­sion d’un étran­gle­ment éco­no­mique, d’un col­lier de fer qui tient à la gorge et qui se serre tous les jours d’un cran. Ils n’a­vaient point inven­té cet admi­rable méca­nisme de la grève moderne à jet conti­nu, qui fait tou­jours mon­ter les salaires d’un tiers, et le prix de la vie d’une bonne moi­tié, et la misère, de la différence. »

Charles Péguy
L’Argent, Les Cahiers de la Quin­zaine, 1913, Édi­tions des Équa­teurs, coll. Paral­lèles, 2008

Nous avons été nourris dans un peuple gai…

« Le croi­ra-t-on, nous avons été nour­ris dans un peuple gai. Dans ce temps-là un chan­tier était un lieu de la terre où des hommes étaient heu­reux. Aujourd’­hui un chan­tier est un lieu de la terre où des hommes récri­minent, s’en veulent, se battent ; se tuent.
De mon temps tout le monde chan­tait. (Excep­té moi, mais j’é­tais déjà indigne d’être de ce temps-là.) Dans la plu­part des corps de métiers on chan­tait. Aujourd’­hui on renâcle. Dans ce temps-là on ne gagnait pour ain­si dire rien. Les salaires étaient d’une bas­sesse dont on n’a pas idée. Et pour­tant tout le monde bouf­fait. Il y avait dans les plus humbles mai­sons une sorte d’ai­sance dont on a per­du le sou­ve­nir. Au fond on ne comp­tait pas. Et on n’a­vait pas à comp­ter. Et on pou­vait éle­ver des enfants. Et on en éle­vait. Il n’y avait pas cette espèce d’af­freuse stran­gu­la­tion éco­no­mique qui à pré­sent d’an­née en année nous donne un tour de plus. On ne gagnait rien ; on ne dépen­sait rien ; et tout le monde vivait. »

Charles Péguy
L’Argent, Les Cahiers de la Quin­zaine, 1913, Édi­tions des Équa­teurs, coll. Paral­lèles, 2008

La France a inventé la modernité à partir du XVIIe siècle…

« La France a inven­té la moder­ni­té à par­tir du XVIIe siècle, avec le car­té­sia­nisme et la phi­lo­so­phie des Lumières. Sans doute est-ce pour cela qu’elle éprouve une énorme dif­fi­cul­té à abor­der le chan­ge­ment de para­digme en jeu aujourd’hui. Nous ne vou­lons pas voir que les valeurs modernes — rai­son, pro­grès, tra­vail — ne consti­tuent plus une matrice féconde. Alors, on parle de « moder­ni­té seconde », de « moder­ni­té tar­dive », de « moder­ni­té avan­cée ». Pre­nez la crise : selon moi, elle est bien plus qu’une crise finan­cière. Elle est crise au sens éty­mo­lo­gique de « crible ». Nous sommes en train de vivre le pas­sage au tamis des valeurs de la modernité.
[…] Notre pays a peur de la post­mo­der­ni­té. Il vit un pro­ces­sus de rétrac­tion. Nous sommes retour­nés aux grandes valeurs du XIXe siècle : l’État pro­vi­dence, le fonc­tion­na­riat, la crainte de devoir se débrouiller avec la vie. »

Michel Maf­fe­so­li
Il n’y a de pen­sée que lors­qu’il y a risque, L’Express, 15 août 2012

J’étais surtout irrité par l’incompréhension (et le mépris) du paysan chez Marx…

« J’étais sur­tout irri­té par l’incompréhension (et le mépris) du pay­san chez Marx. Il a osé écrire que c’est la classe qui repré­sente la bar­ba­rie au sein de la civi­li­sa­tion” (Les Luttes de classes en France). C’est une sot­tise, on ne peut dire autre­ment. Il igno­rait le monde des cam­pagnes, en vrai cita­din. Il ne pou­vait com­prendre, du coup, que ce sont les ver­tus pay­sannes – un capi­tal de téna­ci­té, de fru­ga­li­té, de patience, accu­mu­lé depuis vingt-cinq ou trente siècles – qui ont per­mis de construire la socié­té indus­trielle, qui l’ont mise en route. Elles s’y sont usées, d’ailleurs, et on voit assez comme elles manquent aujourd’hui : la vie urbaine les détruit.
Pour Marx, je pense, le pay­san c’est l’isolement au lieu de l’échange, la rési­gna­tion au lieu de la révolte. Mais cette rési­gna­tion aux maux éter­nels (on n’a pas encore sup­pri­mé la guerre – ni les trem­ble­ments de terre ou la séche­resse) s’accompagne d’une lutte de chaque jour. Et le pay­san n’est nul­le­ment un iso­lé dans la durée. C’est lui, le séden­taire, qui garde et trans­met la sagesse du pro­verbe. Il est la mémoire de l’humanité par les contes et par les cou­tumes. »

Georges Laf­fly
Mes livres poli­tiques, édi­tions Publi­ca­tions F.B, 1992

Le dépassement de notre système du monde est nécessaire et urgent…

« Le dépas­se­ment de notre sys­tème du monde est néces­saire et urgent. Ce dépas­se­ment appelle cer­tai­ne­ment celui de l’économie. Il appelle moins le retour du poli­tique […] qu’il n’appelle le retour de socié­tés humaines consti­tuées, conscientes d’elles-mêmes, en charge de leur his­toire et en quête de leur des­tin – des socié­tés auto­nomes. Que les peuples retrouvent les moyens de faire leur his­toire et de faire l’histoire, dans l’échange, dans la curio­si­té, dans la diver­si­té qui est l’expression de la condi­tion poli­tique, et la mon­dia­li­sa­tion et l’économie rede­vien­dront ce qu’elles ont été, de beaux outils à construire les châ­teaux de sable que la marée de l’histoire emporte comme elle veut et quand elle veut. »

Her­vé Juvin
Le ren­ver­se­ment du monde. Poli­tique de la crise, édi­tions Gal­li­mard, 2010

L’homo œconomicus ne vise qu’à maximiser son utilité…

« Dans le domaine de la théo­rie éco­no­mique, qui ne voit la simi­li­tude entre la théo­rie poli­tique de Hobbes et la théo­rie éco­no­mique libé­rale ? L’homme est réduit à sa double fonc­tion de pro­duc­teur et de consom­ma­teur. Dans sa rela­tion aux autres, l’homo œco­no­mi­cus ne vise qu’à maxi­mi­ser son uti­li­té, son inté­rêt indi­vi­duel en dehors de toute consi­dé­ra­tion de soli­da­ri­té. La rela­tion éco­no­mique est à la fois concur­ren­tielle et contrac­tuelle. La concur­rence pure, par­faite et non faus­sée est garan­tie par l’État et les Codes, civil et de com­merce, en sont les normes.
Les prin­cipes de ces deux idéo­lo­gies sont com­muns : les hommes sont de purs atomes, des monades leib­nit­ziennes qui flottent quelque part dans le plas­ma inor­ga­nique de l’espace et du temps, hors-sol, inter­chan­geables et équi­va­lents, sans aucune déter­mi­na­tion cultu­relle ou historique. »

Lio­nel Rondouin
Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité euro­péenne, Phi­lippe Conrad dir., édi­tion Ins­ti­tut Iliade / Pierre-Guillaume de Roux, 2018

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