« La France a inventé la modernité à partir du XVIIe siècle, avec le cartésianisme et la philosophie des Lumières. Sans doute est-ce pour cela qu’elle éprouve une énorme difficulté à aborder le changement de paradigme en jeu aujourd’hui. Nous ne voulons pas voir que les valeurs modernes — raison, progrès, travail — ne constituent plus une matrice féconde. Alors, on parle de « modernité seconde », de « modernité tardive », de « modernité avancée ». Prenez la crise : selon moi, elle est bien plus qu’une crise financière. Elle est crise au sens étymologique de « crible ». Nous sommes en train de vivre le passage au tamis des valeurs de la modernité.
[…] Notre pays a peur de la postmodernité. Il vit un processus de rétraction. Nous sommes retournés aux grandes valeurs du XIXe siècle : l’État providence, le fonctionnariat, la crainte de devoir se débrouiller avec la vie. »
Michel Maffesoli
Il n’y a de pensée que lorsqu’il y a risque, L’Express, 15 août 2012